Le logo de Sciences Po fait peau neuve
Ca ressemblerait presque au jeu des sept différences. Vous l’avez remarqué : le logo SciencesPo des mails a d’abord changé, puis celui de la bibliothèque, et même le site Internet ce week-end. Il n’y a plus de point, le rouge est plus clair, la police plus légère. Les nouveaux lion et renard ressembleraient presque à des élèves…
Vous vous demandez comment, pourquoi, pour qui…? Nous vous dévoilons les coulisses d’une année de travail. Une exclusivité LaPéniche.
À la recherche d’un « effet Harvard ou LSE »
Le projet de redessiner le logo date de la rentrée 2013. Pour la direction de la communication, il fallait « le rendre plus efficace » , tout en veillant à la primauté du nom et à la cohérence des signes. Cette initiative s’inscrit pleinement dans le projet SciencesPo 2022, dans la mesure où l’emblème de l’école en est une des traductions.
« Nous voulons être reconnus comme une université de rang international » indique Jérôme Guilbert, directeur de la communication de SciencesPo. La réflexion s’est ainsi articulée autour de l’identité visuelle des grandes universités comme par exemple Harvard ou LSE, présentant plus d’homogénéité que celle de Sciences Po. « Quand on va à Harvard, tout s’appelle Harvard. Le nom est central dans l’organisation. Il y a une cohérence des signes : du rouge et du noir assortis avec du blanc. Du côté de LSE, tous les départements ont le même logo. Or à Sciences Po aujourd’hui, il y a différentes polices : avec ou sans empattements sous les lettres, tantôt une barre verticale tantôt un slash… » .
SciencesPo se dote donc d’une nouvelle identité visuelle qui devrait assez vite concerner tous les campus, les écoles, la bibliothèque, les centres de recherche… Vous l’aurez compris, on cherche à hiérarchiser différentes structures autour d’une même maison mère.
Cette nouvelle identité visuelle coïncide avec l’accord signé fin janvier avec les IEP de province. Celui-ci rappelle que la marque Sciences Po appartient à la FNSP et que celle-ci autorise les IEP signataires de l’accord à utiliser le nom Sciences Po à condition qu’il soit suivi du nom de la ville de l’IEP. C’est en ce sens que Paris s’appelle maintenant simplement Sciences Po, ou « Sciences Po campus de », et donc que « Paris » disparait du logo.
Un vrai travail de concertation avec les étudiants et les enseignants
Ce sont les graphistes de FutureBrand qui ont réalisé la nouvelle identité. L’agence a gagné environ 20 000€. « C’est un prix d’ami » confie Jérôme Guilbert, « ils étaient contents de travailler pour Sciences Po. » Le reste des travaux sera fait en interne, pour un coût assez faible.
En effet, les informaticiens se sont occupés du site, les nouvelles brochures ne seront imprimées que quand les anciennes auront été écoulées… Seules les pancartes font également l’objet d’une dépense, mais il est prévu « d’en décrocher plus que d’en remettre » . Quand aux vitres de Boutmy, il n’y aura plus que le lion et le renard pour veiller sur le sérieux des élèves.
Différents groupes au sein des publics de SciencesPo ont été constitué pour réfléchir au nouveau logo : un avec une douzaine d’étudiants plutôt actifs dans les associations, un autre avec maîtres de conférences, un troisième avec administration et chercheurs, et un dernier avec des alumnis. Chacun d’eux a discuté des possibilités d’évolution pendant plus de deux heures. Dans le jargon marketing, la direction de la communication a mené « une étude qualitative » , visant à comprendre comment les différents publics de SciencesPo considéraient l’évolution possible de son identité.
Parmi les étudiants consultés, Jean Gabriel Vidal, 5A en affaires publiques, met en perspective la nouvelle identité visuelle : « Je sors à peine d’un stage dans une agence de communication et je ne peux que constater l’importance, pour une institution comme la nôtre, d’avoir un logo qui parle à tous et dans lequel nous puissions tous nous reconnaître. J’ai le sentiment, à la vue du nouveau logotype, que l’administration a voulu s’orienter vers quelque chose de plus clair, de plus simple, avec le strict minimum d’informations nécessaires. »
« Visiblement, le lion et le renard, chers à Machiavel, n’ont plus la place de choix dont ils jouissaient préalablement. Doit-on y lire la fin de l’enseignement « classique » à Sciences Po, et une réorientation vers des ambitions bien plus business school ? L’avenir nous le dira ! » ajoute-t-il.
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Un changement dans la continuité
A l’issue des réunions, la conclusion était la suivante : tous les publics souhaitent la même chose. En d’autres termes, il est nécessaire de faire évoluer les choses, mais en veillant à quatre critères : la souveraineté, la singularité, la simplicité et la continuité.
La nouvelle typo, un mélange inédit de Gotham et Museo, est plus légère et plus conceptuelle que l’ancienne, plus générique, en helvetica graissé (utilisée par Orange par exemple). L’ancien rouge, « un peu trop sage, classique, bourgeois peut-être » laisse sa place à un autre plus clair, « dynamique, et jeune » .
Outre le changement de couleur et de police, le point disparait : « Le point était un problème particulier. Sciences Po a d’abord été le surnom des étudiant, dans l’entre deux-guerres. Dès 1945, quand il s’est transformé en IEP c’est devenu le nom informel de l’école. Richard Descoings a décidé ensuite d’en faire le nom de marque du rassemblement de la FNSP et de l’IEP. Sciences Po est donc le nom propre de l’institution et non le diminutif générique des sciences politiques. Le point contredisait cette vérité en présentant notre nom comme un diminutif » explique Jérôme Guilbert.
Les animaux de leur côté deviennent un emblème autonome. Ils sont stylisés et perdent un peu de leur look médiéval car Sciences Po n’a pas besoin de se donner l’allure d’une vieille université (qu’elle n’est pas). Pour éviter toute confusion, un cercle a aussi remplacé le carré.
La possibilité de laisser tomber le lion et le renard a été évoquée, mais l’attachement affectif « aux bestioles » était trop important. Symbole de l’école, de la passion immodérée pour Machiavel, de la force et de la ruse qui se rassemblent autour du savoir, nombreux sont celles et ceux qui sont fiers de les porter. On nous murmure d’ailleurs qu’une nouvelle gamme de goodies va voir le jour. Préparez-vous à acquérir de nouvelles peluches…
6 Comments
Antoine
Et votre article fait partie d’une stratégie d’introduction somme toute bien huilée, pour désamorcer le maximum de critiques, et qu’on retrouve en filigrane.
Cela dit, j’aime bien le nouveau logo.
KL
Le nouveau lion me fait penser à un macaque, le renard avec son cou devenu très gros a l’air d’être constipé et le tout à un panneau de signalisation.
Max
Le logo est vraiment moche, je vois un panneau de signalisation
Clément Mallet
Y’a encore du travail de référencement Google à faire…
(Cf l’ancien logo qui s’affiche à droite à côté de Google Maps, et la 1ere page de résultat image…)
Typo Nazi
La dernière version du logo n’était pas en Helvetica, mais en Akzidenz Grotesk.
Léo
Les animaux du nouveau logo me font penser à deux déménageurs. Devrions-nous y voir l’allégorie des changements incessants qui ont cours à l’IEP?