Tribune : Contre la « modernisation » de la vie politique

La Péniche donne la parole aux syndicats étudiants, aux sections des partis politiques et plus largement aux étudiants souhaitant publier un texte ou une tribune, dans notre rubrique « Tribunes ». La position des auteurs de ces tribunes n’engage pas la rédaction de La Péniche.

Imaginez un sombre dictateur dans une sombre république bananière lointaine, très lointaine.

Ce sombre dictateur a quand même besoin d’un semblant d’élection pour être réélu et à cause de majeures erreurs politiques et d’une propagande peu efficace, il est à peu près certain que s’il organise un vote il ne sera pas reconduit. Des personnes et idées émergentes pourraient séduire la population. Vous vous dites sûrement que c’est un dictateur peu efficace, mais détrompez-vous il a plus d’un tour dans son sac.
Imaginez maintenant qu’il fasse passer une nouvelle loi qui oblige tous ceux qui souhaitent se présenter à l’élection de recueillir le soutien de subordonnés qui contrôlent des parties de territoire sous ses ordres et que ces subordonnés doivent rendre publics, c’est-à-dire lui faire part, leurs soutiens.
Imaginez que dans cette même loi il fasse inscrire que les candidats – quand bien même auraient-ils reçus les soutiens par de courageux fonctionnaires – pourront s’exprimer face au peuple en fonction de leurs résultats aux élections précédentes, qu’il a gagnées et auxquelles les autres candidats ne participaient peut-être même pas.
Vous vous direz sûrement qu’il a trouvé là un habile moyen d’éviter toute dissidence, tout nouveau débat et de se garantir une réélection par défaut. Vous vous direz également que bien que cette élection soit faite dans les règles elle n’aura rien de démocratique. Vous vous réjouirez de vivre dans un pays où chaque élection est l’occasion pour les citoyens de redéfinir les valeurs qu’ils souhaitent au cœur de leur politiques publiques grâce à un débat ouvert à tous, où toutes les idées le souhaitant peuvent se constituer, présenter un candidat et se garantir un accès aux médias sans subir la pression et l’intimidation du gouvernement et des pouvoirs en place.

Maintenant ouvrez les yeux et lisez cette loi.

Il est indispensable pour la santé de notre république que des idées qui ne soient pas issues du processus des partis puissent émerger, être considérées et enrichir le débat. Il ne faut pas donner autant de contrôle aux partis, il faut que des citoyens puissent être force d’initiative et de proposition politique en dehors des structures des partis. On ne peut pas obliger les gens à rentrer dans un parti pour pouvoir construire des idées.

Il est inconcevable qu’une telle modification ne fasse pas l’objet d’un débat approfondi. L’avenir de notre République, les idées qui y seront portées, se dessinent et de décident sans que nous y soyons conviés. Il reste quelques heures pour se mobiliser. L’Assemblée votera définitivement le texte à 16h.

Vous pouvez signer la pétition (lien ci-dessus). Interpellez facilement vos élus et faites leur connaître votre avis sur la question.

Il est indécent que les enjeux d’une telle modification ne soient pas présentés aux français qui vont en subir les conséquences pendant des décennies. Même si l’on est pour cette loi, il faut permettre un débat et surtout donner l’opportunité à chacun de se faire son avis.

Crédit photo : Danielle Bonardelle (Adobe Stock)