Thomas Fersen en duo ukulélé

Je voletais dans les ténèbres à la lueur d’un convoi de spectateur, je goûtais l’air de la salle, je ramais sans faire de bruit quand, chemises à jabot et petits instruments dans les mains, Thomas Fersen et Pierre Sangra s’avancent sur scène pour une heure et demie de duo ukulélé.

Le pavillon des fous rouvre ses portes, mais les quatre pièces montées des grands jours sont aussi là, bien que tout ceci se passe à Vichy et pas à Saint Jean du doigt. Diane de Poitiers s’égaye au rythme des petites cordes pincées, des accords grattés vigoureusement, chouchoutés il est sûr que ukulélé et mandolines ne donneront pas leur cœur à de beaux cambrioleurs, car on ne risque pas de les oublier. Ils apportent un éclairage nouveau aux chansons, pouvant passer d’un registre latino mexicain à des arpèges baroques, une sorte de fantaisie cordée permettant toutes les facéties à l’image des chansons de Thomas Fersen, ceux aimant les borborygmes de Louise dans le cosmos comprendront pourquoi.

Fables récentes et anciennes se cotoient alors dans un dialogue coquin entre ce Monsieur et son public. Car voir Thomas Fersen « en vrai » c’est voir Thomas Fersen (cqfd), un artiste qui n’a pas peur d’écrire sur des chauves souris, l’haleine de sa concubine, la femme au foyer, les fous ou les tueurs en série. Se retrouver devant cet individu c’est prendre le risque de tomber dans la folie douce, de sentir le tournis monter en nous, de prendre de la hauteur en s’accrochant au monde dans ce qu’il a de plus réel et absurde.

Mais outre les deux musiciens, cette tournée accueille un troisième artiste à part entière : l’ingénieur lumière (papillon vert). En effet, alors qu’à première vue le décor semble très simple la chaise et les deux micros prennent toute leur dimension en habit de lumières : inquiétante du bois de Meudon, rêveuse de Pégase, ou bien délurée de Bijou. Aspect pratique : éclairer le public lorsqu’il doit chanter est très efficace.

Les bonnes nouvelles sont donc que voir Thomas Fersen en tournée promet un grand moment, et que si vous n’en avez pas la possibilité, père Fersen a pensé à vous puisqu’il sort Gratte moi la puce son premier Best of de poche : un assemblage de ses meilleures tribulations accompagnées au ukulélé, une sorte de cd live enregistré en studio. En effet, les chansons sont pratiquement les mêmes qu’au concert et les arrangements aussi, une sorte de souvenir paufiné en somme. On ne peut plus les quitter quand on les enfile, essayer c’est adopter.

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