Série des Dédicaces (1/4): Jules Gassot
À l’occasion de la Journées Dédicaces, organisée par le Bureau des Arts le 4 décembre prochain, le Magazine de LaPéniche vous fait découvrir quatre auteurs qui se prêteront au jeu des signatures et autres petits mots d’amour. Aujourd’hui: Jules Gassot, auteur du « Manuel de savoir vivre à l’usage des jeunes filles ». Tout un programme
« Manuel de savoir vivre à l’usage des jeunes filles », le titre fait sourire, intrigue, amuse et surtout, éveille la curiosité. La curiosité des jeunes filles d’abord, de leurs copains, potes, frères, pères et éveille surtout notre curiosité à LaPéniche. Le rendez-vous est pris avec Jules Gassot, auteur du « Manuel », pour en savoir plus sur le livre et sur le parcours du tout jeune auteur d’à peine vingt six ans, qui sera présent à la Journée Dédicaces de Sciences Po.
Avant d’être publié pour son premier roman, Jules a d’abord eu un parcours universitaire quelque peu original. Refusé en prépa Hypokhâgne, il entre en économie à Assas, y reste deux ans puis quitte la fac au milieu des examens pour partir étudier le cinéma à l’INSAS en Belgique, une « école d’extrême gauche du cinéma », publique, aux moyens limités. Diplômé, il devient assistant de production tout en gardant, tout au long de son parcours, l’écriture comme loisir et échappatoire du quotidien. Ce loisir devient une vraie activité professionnelle lorsque, contacté par l’éditeur Stéphane Million, Jules commence à écrire dans la revue Bordel, rassemblant des nouvelles françaises à parution trimestrielle.
Encouragé par ces débuts, Jules propose alors un manuscrit à son éditeur, c’est la naissance du projet « Manuel de savoir vivre à l’usage des jeunes filles ». Dans ce livre, Jules évoque au travers de 93 micro-nouvelles, tous les gens qu’il a pu aimé, et met en scène des jeunes filles d’aujourd’hui dans toutes sortes de situations auxquelles elles peuvent être confrontées. Pourquoi ce livre ? L’anecdote fait sourire : « j’ai un jour offert un livre à une fille, elle m’a dit qu’il avait changé sa vie. J’ai voulu parler des choses qui ont changé ma vie à moi, en m’adressant à cette catégorie fascinante de la population : les jeunes filles ».
Pris de véritables élans de tendresse pour les héroïnes dont il parle, Jules déclare sa flamme à toutes les jeunes filles qui pour lui sont les hommes de demain : « c’est à elles qu’il faut confier le monde, elles feront la différence ». Convaincu, il veut pousser les filles à ne pas écouter ce qu’on leur dit dans une société où « le mec est roi. Les jeunes filles sont forcément révoltées car elles sont confrontées à des choses qui révoltent ». A l’heure où beaucoup pensent le passage à un post-féminisme, où la femme est encore indéniablement perdante au profit de l’homme, à l’heure où Michel Sardou nous supplie, femmes des années 2010, de reprendre nos fonctions d’antan, Jules se veut « jeune-filliste » et rêve d’inverser les tendances.
Évidemment, l’ouvrage apparaît aussi comme dressant le portrait de l’idéal, de sa jeune fille idéale, « celle que j’aimerai croiser au détour d’une rue ». De déclaration d’admiration pour « les amazones d’aujourd’hui » en envolées lyriques, « c’est un bouquin d’amoureux », Jules défend sa thèse, plus sérieuse qu’il n’y paraît. Il n’hésite d’ailleurs pas à préciser que : « ce n’est pas un truc pour draguer » mais qu’il s’est servi des gens qu’il aimait, des jeunes filles qu’il a connu, de sa sœur, de ses amoureuses. Ce livre est un livre sur les jeunes filles, pour les jeunes filles, pour leur dire de parler, de s’exprimer, de ne pas être passives, pour les encourager à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Un combat entreprit sous une forme légère mais qui trouve encore une légitimité dans la société d’aujourd’hui. Il faut surtout noter, « ce livre ne s’adresse pas exclusivement aux jeunes filles mais beaucoup aussi, à leurs pères, frères, potes et copains ».
Sur la forme, Jules assume et revendique le format qui s’adapte à son époque : « de petites nouvelles, à lire dans le métro, entre deux cours ». Alors que le style de la nouvelle est écrasée par le poids du roman aujourd’hui, Jules tente le pari risqué de la remettre au goût du jour de façon ludique et veut aussi « toucher des gens qui ne sont pas des mordus de littérature, le but étant de passer un bon moment à lire ». Il ne vise pas un public particulier, tant qu’il plait au lecteur. Comme il le souligne, le livre se « picore, quand on en a envie, il se jette, il se donne, passe en main en main, se refile ».
Ce livre est beau et appétissant; le titre, intriguant. Comme une jeune fille. Son contenu est singulier, léger mais sérieux, engagé mais rêveur, simple mais tourmenté. Comme une jeune fille.
One Comment
Ju
Je suis un mec, j’ai lu l’article et il m’a donné envie de lire le livre. Amusant comme ce genre de thématique revient à la mode, Vincent Cespèdes en parle aussi dans son dernier opus.
Well done lapéniche.net!