Sciences Po bloqué – retour sur la journée du 5 mars
Depuis lundi, les étudiants, doctorants, professeurs titulaires, vacataires et salariés mobilisés s’activent. « Jeudi 5 mars, Sciences Po s’arrête » annonce le tract distribué à tous les passants en Péniche. Promesse tenue ? La Péniche revient sur cette journée de mobilisation, le premier blocage simultané du 27, du 28, du 56 et du 13U depuis plusieurs années.
Premier épisode : l’AG. L’Assemblée Générale de « Sciences Po en lutte » (nom du mouvement contestataire contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche – la LPPR) réunie le 4 Mars avait voté à une très large majorité la tenue d’un blocus le lendemain (jeudi 5 Mars). La raison invoquée : la participation au mouvement d’opposition national contre la LPPR, en réclamant à l’administration d’annuler les cours afin de pouvoir se rendre en manifestation. Afin d’éviter que Sciences Po ne prennent des contre-mesures, les détails de l’organisation restent délibérément flous…
Comme prévu, le lendemain, les personnes les plus motivées sont sur le pied de guerre dès 6h45 devant le 27, rue Saint Guillaume et le 56, rue des St Pères, équipés de poubelles municipales et de barrières pour installer leurs fortifications. Le gros des troupes arrive sous les coups de 8 heures pour grossir un cortège entouré de banderoles. Les principaux visés : le gouvernement, la réforme de l’enseignement et celle des retraites. Les premiers élèves arrivant matinaux se retrouvent incrédules face à ce blocage ; certains rentrent chez eux ou se joignent au rassemblement quand d’autres se plaignent de ne pas pouvoir accéder au bâtiment. L’UNI tracte devant le blocage pour manifester son désaccord. Cependant, malgré la pluie, l’ambiance est détendue, et les slogans contre l’action gouvernementale vont bon train.
À 8 heures 20, Sciences Po informe par mail la communauté étudiante qu’elle ferme l’accès au 27 et au 56 « jusqu’à plus amples informations ». Première victoire pour le groupe d’étudiants et de doctorants, les chants reprennent de plus belle. La satisfaction passée ils décident d’étendre leur blocage au site du 28, rue des Saints-Pères. Ce blocage est d’abord filtrant, mais devient plus ferme afin d’exercer davantage de pression sur l’administration. En effet, les manifestants demandent une levée complète d’assiduité sur l’ensemble des cours de la journée, voire une annulation des cours, pour permettre aux étudiants de manifester sans risque d’absence.
Le 28, rue des Saints-Pères se transforme alors en lieu clef de la journée car c’est ici que se tient, en milieu de matinée, « l’enterrement de l’État social » prévu par les organisateurs. L’atmosphère morne et pluvieuse se prête bien au rite funèbre, symbole selon eux de la perte des acquis sociaux que représentent les réformes conduites par le gouvernement d’Édouard Philippe.
Vers 9 heures et demie, les manifestants arrivent au 13, rue de l’Université pour tenter de bloquer le bâtiment, où ils trouvent déjà porte close. Reste que les cours de la matinée sont quand même annulés, un sabordage de l’administration en quelque sorte. C’est donc la quasi-totalité du campus parisien de Sciences Po qui est bloqué, et l’on procède alors au début des festivités. Un cercueil est apporté en face du 28, rue des Saints-Pères, et l’on procède à un enterrement fictif de l’État social dans une solennité feinte.
L’heure avançant les négociations aboutissent et il est finalement décidé que l’assiduité est levée pour la journée et que les cours reprendront dès 14h45. L’administration tarde à communiquer. Après une matinée de blocage, la situation revient finalement à la normale : le blocus levé, le cortège s’ébranle vers l’EHESS avant de converger vers l’est parisien, à l’Université Paris-Diderot, où il vient grossir les flancs des manifestants réunis.
C’était donc une journée de toutes les oppositions, à la fois contre la réforme des retraites, la LPPR et contre le gouvernement plus largement. Une mobilisation restée saine et sans violence, menée par des acteurs qui semblaient savoir à quoi s’attendre et se respecter mutuellement.
Source : Page Facebook AG Sciences Po – Crédits : Laurent Gayer