Nos étudiants Sciences Po ont du talent: Stanislas Colodiet s’expose à Vincennes
Du 2 au 18 juillet, Stanislas Colodiet, futur 3eme année de Sciences Po, s’expose à Vincennes. C’est au 74, rue de Montreuil que vous pourrez découvrir la peinture de Stanislas, personnelle et inspirée, poétique mélange de techniques.
Si le rapport à l’art est subjectif à chacun, j’affirme subjectivement que ses portraits et autoportraits sont tout simplement beaux. Ses danseuses abstraites emportent par les mouvements qu’elles traduisent, tandis que dans le regard de ses autres sujets milles pensées se devinent. La Péniche vous fait aujourd’hui découvrir un étudiant talentueux et promis, nous le lui souhaitons, au succès !
- La Péniche : Depuis quand dessines tu, peins tu ?
Stanislas : J’ai commencé la peinture à peu près en même temps que le dessin avec l’option arts-plastiques en seconde, il y a six ans. Lorsque mes amis me demandent : « et avant de débuter, tu étais aussi nul que moi ? », je réponds : « oui » sans hésiter. Le dessin est une discipline qui demande beaucoup de travail. Je ne crois pas que l’on puisse réaliser une œuvre plastique riche, ni que l’on puisse progresser dans ce domaine, si l’on ne bénéficie pas de bases académiques à un moment où à un autre.
* Qui t’a motivé dans ton projet, et dans ton apprentissage ?
C’est donc mon premier professeur de dessin au lycée, qui est désormais le professeur d’histoire de l’art du BDA, qui est à l’origine de ma passion pour la peinture. J’ai tout de suite accroché avec sa méthode. Lors de la première séance, il a posé un cône au milieu de la salle et nous a demandé de le dessiner. Cet exercice qui paraît ridicule et ennuyeux, nous a permis d’envisager en peu de temps les obstacles que le dessinateur rencontre : comment inscrire le cône dans l’espace ? Quelles sont ses proportions (la base par rapport à la hauteur, par exemple) ? Quelle est la pente de ce cône ? Comment le réaliser à bras levé (sans règle). J’ai par la suite eu de nombreux professeurs, dans le cadre d’ateliers et grâce au BDA à Sciences-Po. Je retiens Cécile Lathuillière qui m’a permis de comprendre les enjeux du dessin à main levée. En effet, Cécile nous explique que ce qui est touchant dans une œuvre d’art ce sont les errances, les hésitations, qui permettent d’y voir le cheminement de l’artiste ; d’où le refus de l’usage de la règle en art.
- Comment l’idée de te faire exposer t’est-elle venue ?
J’ai eu une discussion avec le professeur du cours magistral d’histoire de l’art (qui a été crée cette année en deuxième année du premier cycle), au cours de laquelle je soutenais qu’une œuvre d’art n’en est pas une tant qu’elle ne rencontre pas un public. Cette discussion m’a amené à me questionner sur ma propre production artistique qui restait enfouis dans mes cartons. Je me suis donc rendu à la mairie de Vincennes pour leur proposer une exposition dans les espaces publics de la Ville. Finalement c’est l’atelier d’encadrement Artedomus qui remplit également la fonction de galerie qui m’a proposé d’héberger l’exposition lorsque je m’y suis rendu pour me renseigner sur le coût des cadres. Mon projet à bénéficié d’une subvention de la ville de Vincennes dans le cadre de « l’aide à projet jeune ». Cela m’a permis d’avancer l’argent des cadres, nécessaires à l’exposition mais très coûteux.
* Tes inspirations, ta technique (mélange, etc) ?
Je n’ai pas de technique particulière, pour moi la peinture est comme un jeu, je fais des expériences. J’ai déjà peins avec du café, je peins souvent avec un chiffon pour mieux fondre les couleurs. J’ai un petit faible pour le mélange des techniques (huile et acrylique et aquarelle et acrylique surtout), car cela crée des contrastes qui dynamisent l’image.
- Et tes projets futurs?
De retour en quatrième année, j’envisage de m’inscrire à l’école du Louvre en parallèle de mon cursus à Sciences-Po. Je rêve d’être conservateur de musée, je considère que le meilleur moyen d’apprécier une œuvre est de comprendre comment elle a été réalisée, autrement dit d’avoir une pratique artistique. De même l’étude de l’histoire de l’art m’apporte sans arrêt de nouvelles idées de création. Bref, je n’ai toujours pas fait le choix entre artiste et conservateur mais espère bien pouvoir concilier ces deux passions.
- Enfin parles moi un peu librement de ton expo et de ta peinture …
J’aimerais revenir quelques instants sur la question du bagage technique que j’ai abordée au début de l’article.
En art, on a pour habitude de poser la question du « Beau », je crois que c’est une mauvaise question. La question qui dirige mes recherches est celle de la « Force ». La force d’une œuvre c’est ce qui fait que lorsque l’on passe devant lors d’une exposition, on arrête son chemin, parce-que l’œuvre nous a accroché. La force d’une ouvre est liée à une problématique de l’équilibre ; c’est parfois un équilibre de la composition, des couleurs ou bien les deux qui fait que l’œuvre « marche ». Je pense que la question de la force prime sur celle du beau, autrement je n’arrive pas à comprendre le succès d’artistes tels que Bacon ou Malevitch.
Je retiens une phrase de Léonard De Vinci : « La force surgit de la contrainte ». Je le pense en effet, tout œuvre est œuvre parce qu’elle résout un problème, visuel ou théorique. Le plus dur pour l’artiste est d’arriver à poser les termes du problème. A la renaissance il s’agissait de la représentation conforme à la vision humaine, au vingtième siècle on cherche à de s’affranchir du sujet. Ce qui me passionne est de chercher à trouver quel sera le problème artistique majeur du XXIème siècle.
Mon exposition est une exposition de portraits car c’est mon sujet favori. Je me suis souvent heurté à la problématique du sujet. Il n’est pas facile de savoir quoi représenter bien que l’envie de peindre soit présente. Or un portrait est un sujet qui restera toujours d’actualité et le spectateur y est rarement insensible. Le portrait est une bonne manière de faire une rencontre, j’ai toujours apprécié les discussions que j’ai eues avec mes différents modèles. Lorsqu’il s’agit de portrait d’après photo, les modèles sont souvent des hommes célèbres que j’admire (Chagall, Pasolini, Seifert) c’est une certaine manière de les rencontrer ainsi que de leur rendre hommage.
J’aimerais terminer par un petit mot à l’attention de la Direction de la scolarité de Sciences Po. C’est une école qui n’a bien sûr aucune vocation artistique ; cependant j’apprécie lorsqu’elle soutient et favorise l’intérêt que les étudiants peuvent avoir pour des disciplines qui ne relèvent pas des sciences-politiques. J’ai pu en effet exposer dans le petit hall à deux reprises lors des deux dernières semaines des arts. J’ai pu mesurer la satisfaction de la majorité des étudiants qui ont suivi le cours magistral d’histoire de l’art qui a été crée cette année.
L’event est sur Facebook en lien ici.
Photos: François Colodiet