Leçon de journalisme

Capturer_journalisme.JPGElle était de ceux-là. Ces personnes dont on ignore tout, mais qu’on vénère, parce qu’elles ont réussi l’admission en journalisme. Les Patrick Poivre d’Arvor de demain.

Isabelle Schäfer et moi sommes dans le même module de photojournalisme. Lors de la présentation de début d’année, elle a indiqué qu’elle faisait partie de l’école de journalisme.

Je me suis très vite intéressée à ces aliens, par curiosité scientifique d’une part, et pour avoir une meilleure connaissance du Saint Master d’autre part.

Isabelle est l’une de ces étudiants internationaux tels qu’ils sont décrits dans les brochures de Sciences Po. Franco-Allemande, elle s’installe dans un pays différent tous les trois ans grâce à son père diplomate. Elle a suivi son père à New-York, Alger, Bombay, j’en passe et des meilleures. Elle entre au lycée français de Berlin dans lequel elle passe un bac français et un bac allemand.

Grâce à la procédure internationale, elle intègre le campus de Nancy. Sans être sûre de sa vocation, elle se lance quand même dans l’aventure journalistique. Dans le cadre d’un projet collectif, inhérent à la formation des campus délocalisés, elle crée avec des amis une émission radio appelée “Europe and Roll”, dans laquelle elle s’attache à rendre l’Europe plus compréhensive. Elle est ensuite embauchée une demi-journée par semaine dans le journal Nancéien, l’Est Républicain. Ses articles plaisent.

Sa troisième année se fait à Birmingham où elle étudie les relations internationales et la politique russe. Elle me décrit ensuite des stages qu’elle a effectué par ailleurs, détachés du journalisme mais grâce auxquels elle a su trouver sa voie.

Nous entrons enfin dans le vif du sujet: la procédure d’admission, les cours à l’école de journalisme et pire encore, les débouchés.

Elle me décrit la procédure d’admission avec des faits. Il faut présenter un dossier composé de deux articles, une batterie de réponses à des questions bateau-mais-pointues et se présenter devant un jury pour un entretien de motivation. Elle en parle de la manière dont les élèves admis à Sciences Po parlent de leur entrée. “C’est dur (1), mais c’est faisable(2). Et l’inévitable “Je ne pensais pas être pris”.

Je suis sous le charme, j’ai face à moi un véritable objet sociologique, une journaliste calme mais dynamique et qui a réussi l’admission.

La formation proposée par l’école de journalisme est intense et mêle la théorie et la pratique. La journée commence par un simulacre de réunion de rédaction . Les étudiants doivent avoir lu toutes les nouvelles parues pendant la nuit pour être capable de proposer les meilleurs sujets à traiter. “La lecture n’est pas passive”. Ils reçoivent également une formation théorique en droit, économie et autres réjouissances. L’après-midi, elle, est consacrée à la pratique. Son cursus est formé de quatre ateliers: presse écrite, radio, télévision et multimédia. Elle doit être capable de monter des vidéos, de rédiger un blog, d’enregistrer une émission radio.

Sa formation touche à tous les aspects du journalisme. Elle doit être capable de composer avec des EVN (images vidéos à partir desquelles les journalistes doivent parler d’un sujet), mais également de faire des reportages et une enquête. Elle doit rendre la semaine prochaine une enquête parlant de la relation de la communauté Tamoule de Paris au conflit au Sri Lanka.

Nous concluons notre entretien sur les méthodes de la rédaction d’un portrait journalistique. Jeune recrue je cherche également à me former. Aussi, j’apprend qu’il faut des exemples, c’est bon, une histoire, c’est bon, des citations, une, donc c’est bon. J’aurais alors un portrait journalistique digne de ce nom? Je remercie Isabelle et me mets à rédiger cet article.

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