Le Boutmy Rock Festival ou de la manière de faire vibrer Emile

Dans un Boutmy assez clairsemé, la Péniche est allée groover au Boutmy Rock Festival pour entendre les accords de Mondoshawan, Audrey Jungle et des Prussians. On vous raconte.

BoutmyLa semaine des Arts de Sciences Po s’est ouverte lundi soir par un concert dans l’Amphithéâtre Boutmy transformé pour l’occasion en club de rock. Les principaux regrets que l’on peut formuler sont l’acoustique pauvre de l’amphithéâtre plus adapté à la voix grave d’Etienne Wasmer qu’aux notes distordues du synthé de Mondoshawan et l’organisation défaillante de la part du BdA et des ingénieurs du son, en effet, les balances et l’installation ont été très longue, et le dernier groupe, Nebraska n’a pas pu jouer. Les autres groupes quand à eux ont été prié de quitter la scène au plus vite.

Les sets n’ont pu commencer qu’à partir de 19h40, les ingénieurs du son semblant être quelque peu en retard sur le planning. Mondoshawan n’a donc commencé à envouter le public de sa musique psychédélique qu’après les avoir assommés de gammes afin d’ajuster leur instruments. Entre temps, le public s’était un peu clairsemé, las de ne rien entendre de concluant. En effet, le dernier groupe, Nebraska, n’a pas pu passer, et les autres n’ont eu le droit qu’à a peine 20 minutes de set chacun. Une organisation un peu décevante au final, on reste sur sa faim. Le BdA ne parvient pas vraiment à faire de cet évènement un succès.

Les Mondoshawan sont bons dans ce qu’ils font. Ils prennent du plaisir à jouer ensemble, on voudrait qu’ils soient capables de le partager. On déplore un jeu de scène un sobre et peu communicatif, toutefois soutenu par leurs bons morceaux instrumentaux. Seul bémol : une batterie un peu trop présente qui aurait pu s’effacer devant le clavier planant : de même les riffs de guitares étaient alourdis par le rythme des percussions. Leurs morceaux sont des odes psychédéliques qui seraient cependant mieux passées dans un club californien au début des années 70 qu’au 27 rue St Guillaume après un cours de socio ou d’histoire des courants politiques du XXe siècle. Les musiciens enchainent leurs morceaux sans interruption, très pris par leur jeu. Souvent on se demande si on n’est pas en train d’observer une répétition, une répétition sans faille, mais qui reste très centré sur le jeu. Dommage. Par la suite, disparaissent trois membres du quintette et après quelques explications confuses du guitariste, on parvient à comprendre que lui et le batteur vont faire un rappel d’une chanson en l’honneur d’un membre de la formation. Là, l’audience les perd, les deux musiciens semblent vraiment jouer leur morceau pour eux, oublient complètement la variable public et c’est regrettable.

Audrey Jungle arrive sur scène mené par la très rose Audrey, qui tente de s’attacher un Boutmy quasi vide. On apprécie beaucoup cette tentative de partage avec le public après un Mondoshawan peu loquace. L’attention retombe dès la première chanson qui a le principal défaut d’être en français. On comprend les paroles, et cela dessert la formation argentine. Le jeu de scène mouvementé de la chanteuse passant presque pour un souffle de dynamisme après les très statiques Mondoshawan déstabilise le novice qui y reconnaît assez bien les influences Catherine Ringer. Les musiciens jouent ensemble, mais l’alchimie ne prend pas. Les morceaux s’enchainent et se ressemblent, malgré les accents de grunge puis de reggae qu’on parvient à attraper entre deux notes. On retiendra toutefois les apparitions du violon qui sont assez bien intégrées dans l’ensemble malgré le peu de puissance du retour, ainsi que la chanson El Timbre dans laquelle le guitariste faisait la seconde voix et qui était tout à fait entrainante. Les rares présent on pu admirer le lâcher de bulles de savon au milieu de Boutmy, certainement prévu comme le clou du spectacle par le BdA, mais qui en parallèle du concert a fait un flop.

Le groupe qui a clôturé l’évènement, les Prussians arrivent ensuite sur scène, devant une salle qui s’est renfloué grâce à un afflux de groupie venu admirer les jolis minois des musiciens. Au premier abord on pourrait croire qu’ils n’ont que la gueule : chemise vintage à fleur, guitariste sosie de Robert Pattinson, mèches et bouclettes rebelles, le parfait look du britrockeur. Les Prussians entonnent d’abord un morceau très rock, le chanteur assume son jeu de scène jaggeresque, et on commence à être conquis pas le quintette. Les passages de trompette très funk confèrent au groupe une originalité dans les sons qui est très appréciable. Le principal atout de la formation c’est certainement la clarté de leur jeu, les notes sont distinctes et on évite de tomber dans le groupe de rock garage entraperçu dans un festival tremplin. Les chansons s’enchainent très rapidement, sans aucune présentation contrairement à Audrey Jungle qui avait pris le temps de présenter chacun de ses morceaux. La deuxième chanson du groupe parisien, était une chanson de reggae et permet d’apprécier les qualités du chanteur qui parvient à hurler sur un son punkesque autant que susurrer son amour pour les substances illicites avec une voix de velours tout droit venue de Kingston Town. Les musiciens jouent bien, toutefois on sent une difficulté à jouer parfaitement ensemble, cette faiblesse pourra être attribuée au fait que le groupe n’avait ce soir là qu’un guitariste remplaçant. Finalement, les Prussians vont clore leur prestation sur une très bonne reprise Miss You des Rolling Stones et un morceau moins abordable pour un public affamé à cette heure tardive, un titre de Jimi Hendrix. Les parisiens plaisent et donne envie de partir en tournée avec eux, trainant de ville en ville dans un vieux combi Volkswagen rouillé à faire des bœufs sur les stations service.

Ainsi le Boutmy Rock Festival a permis de comprendre que le rock n’était pas mort, et a prouvé que son attitude et ses errements n’étaient pas incompatible avec les études supérieures. On espère tout de même que le prochain Boutmy Rock Festival sera mieux organisé et fréquenté par les sciences pistes mélomanes.

Audrey Jungle sera le 29 avril à l’OPA Bastille et les Prussians joueront à Bretigny sur Orge le 6 mai.

10 Comments

  • Laul

    @Jean @Mère Orthographe , merci d’avoir relevé les trois fautes d’orthographes présentes dans l’article, je suis persuadé que cela sera pris en compte par les incapables analphabètes de La Péniche.
    Bisous

  • Fan blonde

    Dommage pour Nebraksa, en plus le batteur est trop craquant.
    Big up à Mondomachin et les Prussians, par contre Audrey Jungle c’était vraiment nul.

  • John

    hé, hé, Duellum, pourquoi t’as le seum? Au lieu de postillonner sur les Prussians, peut-être que si tu faisais pas de la coldwave t’arriverais à faire quelque chose de ton groupe, tu sais? amour amour on t’aime de tout coeur

  • Nebraska

    Les images de notre live à l’alhambra seront très bientôt disponibles. Merci à tous ceux qui sont venus pour nous. On sera en concert en mai, on vous tient au courant.

    Nebraska

  • Clément Prussians

    Les Prussians n’ont fait que deux tremplins au Gibus. On a fait Emergenza il y a plus de trois ans (comme 99,99% des groupes de rock parisiens) et ce n’était pas sous la formation actuelle. On a également joué au Festival Inter-école il y a deux ans et nous avons perdu au premier tour car on ne plaisait pas à Claude Sitruk. On a effectivement joué plusieurs fois au Gibus mais dans le cadre de concerts comme il aurait pu s’organiser dans bien d’autres salles parisiennes. Je pense que ces arguments suffisent à montrer que l’on n’incarne pas « l’archétype du groupe festival tremplin Gibus ». De plus, quand bien même le Gibus serait notre deuxième maison, je ne vois pas en quoi cela serait un problème. Nous sommes un groupe de musique, il faut donc nous juger pour ce que nous produisons et non pas pour là où nous nous produisons.

  • AM

    Je trouve certains commentaires peu pertinent, notamment au sujet de la musique des Mondoshawan qui serait plus adaptée à un « club californien au début des années 70 » qu’au Boutmy. A part le début un peu funkouille, cela sonnait très moderne, noisy années 90; le Boutmy était justement ce soir-là dédié au rock et assimilés à la place des classiques cours d’histoire/socio. J’ajouterais que les Mondoshawan étaient des putains de génies étant donné qu’ils ont improvisés la totalité de leur set: ce que tentait d’expliquer le guitariste était que 2 membres seulement du groupe étaient présents, d’où le rappel batterie/guitare, unique morceau non improvisé. Pas besoin de jeu de scène exubérant quand on possède une telle maîtrise..

  • Duellum

    « et on évite de tomber dans le groupe de rock garage entraperçu dans un festival tremplin »

    LOL les Prussians sont l’archétype du groupe festival tremplin Gibus. D’ailleurs ils en manquent rarement un.

    Y a du boulot pour toi si tu veux développer une carrière de critique rock, mais c’est déjà bien de couvrir l’évènement !

  • Zailos

    Un peu dure la critique que ce soit de l’organisation ou des groupes.
    C’est toujours compliqué de faire des balances juste avant un concert avec des horaires fixes comme ils l’étaient (tout le monde dehors à 21h). D’autre part même si la salle n’était pas pleine le public était assez conséquent pour de jeunes groupes.
    Ensuite dure sur les groupes, je ne pense pas que le but d’une formation musicale soit de faire « vibrer le public », les mondoshawan étaient dans leur trip c’est au public d’y rentrer ou non, on n’est pas dans un show. D’un autre coté juger la musique d’Audrey Jungle « répétitive » avec trois ou quatre chansons… ça me parait un peu exagéré et surtout très subjectif. Encore une fois ce n’est pas à eux de s’adapter au public. Enfin je ne sais pas où tu as perçu une difficulté pour jouer ensemble de la part des prussians qui ont fait un très bon set.