La fronde des personnels de Sciences Po
Plus Belle La Vie regarde avec jalousie ce qui est devenu tristement le feuilleton universitaire de l’année. Alors que les conseils d’administration et de direction attendaient paisiblement l’aval présidentiel pour nommer Hervé Crès nouveau directeur de Sciences Po, un évènement inattendu risque encore de changer la donne.
En effet, la rarissime Assemblée Générales des personnels de Sciences Po qui se tenait hier pour la première fois depuis des mois a accouché d’une véritable petite bombe, dont l’onde de choc s’est propagée à vitesse grand V sur la toile et le campus.
Que s’est-il passé ? La centaine de cadres, chercheurs et enseignants de l’institut ont profondément dénoncé le triumvirat à la tête de l’institut et ont en outre voté à l’unanimité (moins une abstention) une résolution, déposée sur le bureau de la ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso.
Condamnant les « profonds et gravissimes dysfonctionnements du Conseil d’administration de la Fondation et du Conseil de direction de l’IEP » qui ont entretenu une « opacité totale autour des processus de décision », ils réclament la démission des deux présidents des conseils et l’organisation d’un nouveau processus de désignation.
Le Figaro remarque ce matin que ce mouvement des personnels est soutenu par un grand nombre d’étudiants de l’institut ; la direction qui affirme avoir « pris acte » de ce qui est devenu une pétition semble de plus en plus menacée.
Alors que l’institut avait retrouvé un semblant de stabilité et de tranquillité, le voilà de nouveau en proie aux remous et à l’agitation médiatique. Mais quand est-ce que cela va-t-il bien finir ? La balle est dans le camp du gouvernement.
5 Comments
Le rédacteur
Tout d’abord merci pour ces éclaircissements qui démontrent qu’une fois encore l’institut n’a pas la même conception de la démocratie que celle qu’il enseigne. Cette omission n’est pas un parti pris ; mais l’imprécision d’une brève publiée dans l’urgence. Et je pense que tout le monde est d’avis d’en finir avec cette nomination (je vous renvoie à mon article du 29 octobre).
Après, que l’on approuve ou désapprouve ce mouvement, il faut lui reconnaître une certaine ampleur : et c’est de la mauvaise foi de ne pas le faire. Le vote de la résolution s’est fait à l’unanimité (les pontes auraient été savamment sélectionnés…) : il n’est pas insensé de dire que parmi les 900 autres salariés, il y en a surement certains qui soutiennent l’initiative. Alors, on peut évidemment discuter de la légitimité de l’Assemblée, difficile quand même de ne pas prendre acte de cette résolution.
Aussi, je ne comprends pas bien le « foutez-nous la paix ». Au contraire, ouvrons le débat, jouons là démocratique -c’est si en vogue!- et je serais ravi que LaPéniche serve d’interface de dialogue !
Il serait donc intéressant d’avoir l’avis d’un membre de cette Assemblée ; il pourrait justifier un mouvement que je n’ai personnellement pas à cautionner.
Un salarié de Sciences Po, un vrai, lui !
Bonjour,
Je suis salarié de Sciences Po et ne supporte plus de lire de telles contre-vérités.
Où voyez-vous en démocratie que 80 personnes puissent s’arroger le droit de sonder – sans les consulter, car moins d’une centaine de salariés étaient convoqués à cette AG – le fond de la pensée de 1000 autres, et de parler à leur place ?
Un syndicat sur les 4 syndicats de Sciences Po, et le plus minoritaire encore (le 1er est la CFTC, le 2ème l’UNSA, en nombre de voix), a suivi, fidèle à ses habitudes, les plus grandes gueules pour ne pas paraître à la traîne. La belle affaire !
Et tous les journalistes de France et de Navarre de relayer l’opinion de ces 10% de putschistes jouant non pas l’intérêt de leur entreprise, mais le leur, car si l’on regarde la soit-disant pétition qu’ils ont mise en ligne (qui est ouverte à n’importe qui, et non pas limitée aux seuls salariés de Sciences Po qui sont donc minoritaires dans les signataires), on retrouve des profs des universités, des chercheurs payés par le CNRS, bref, des caciques soucieux de tirer leur épingle du jeu maintenant que le dictateur est mort.
Alors des oligarques ou prétendants oligarques qui décrètent ce que pensent les 1000 salariés de Sciences Po, si ce n’est pas du paternalisme ! (Tout aussi éhonté que celui de MM. Casanova et Pébereau.) C’est peut-être bien eux qui prennent en otage et entretiennent un sentiment de peur chez leurs propres assistants et secrétariats, voire, doctorants, car, ignorés de longue date du « pouvoir central », ils profitent de l’absence de gouvernance pour constituer au plus vite leur propre baronnie.
C’est ingoble ! Ce que veulent les 900 autres salariés, ceux qui sont au contact des vrais étudiants, les 10 000 qui sont en formation continue, salariés qui sont les équipes pédagogiques, les bibliothécaires, les services logistiques, CE QUE VEULENT LES SALARIES C’EST UN DIRECTEUR, AU PLUS VITE, car vous n’imaginez pas l’enfer que c’est de vivre au quotidien depuis 8 mois sans savoir, sans patron, et d’être le jouet à tous les instants des ambitions des uns, des autres, de l’Etat, de ses adversaires.
D’ailleurs je signale à votre attention que les représentants du personnel et les délégués du personnel de Sciences Po, soit des gens qui conformément à la loi, au lieu de ces condottières dont vous relayez complaisamment l’opinion, ont eux aussi écrit à Madame Fioraso pour protester contre cette vulgaire imposture. Voilà ce message qui, lui, a bien été adressé à tous les salariés de Sciences Po :
« Les personnels de la FNSP ont été surpris voire agressés par l’usurpation de légitimité qui s’est produite lors d’une assemblée générale de quelques minorités intéressées et belliqueuses qui plus est, non officielles, détachées de notre Institution et des réalités de terrain ce mercredi 14 novembre.
Comment peut-on être si suffisants et parler au nom de ceux qui, dans toutes les directions de Sciences Po à Paris et en région, œuvrent au quotidien pour que rayonne cet établissement de 12 000 élèves ? Au mépris de la représentation salariale élue dans toutes les instances.[1] Qui, en toute démocratie, a exprimé son vote.
Comment ne pas prendre en considération l’investissement de près de 1000 salariés qui chaque jour réussissent à faire vivre le projet académique et scientifique de Sciences Po.
Ces salariés qui dans toutes les directions construisent la qualité exceptionnelle dont Sciences Po peut se prévaloir se sentent ce soir pris en otage et refusent cette méthode anti démocratique.
Une lettre ouverte à Madame la Ministre de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’insertion professionnelle lui sera adressée pour porter à sa connaissance la situation des salariés et lui faire part de leur volonté d’avoir dans les meilleurs délais un directeur nommé à la tête de leur école
[1] Trois représentants du personnel élus au conseil d’administration de la FNSP, deux représentants du personnel élus au conseil de direction de l’IEP de Paris, le Secrétaire du CHSCT, le Secrétaire du Comité d’Entreprise. »
Désolé d’avoir été si long. Maintenant, foutez-nous la paix et cessez de tendre l’oreille aux vrais fauteurs de trouble, aux buts inavoués, et notamment ces profs qui ne sont même pas les profs des étudiants mais des pontes planqués dans leur coin et ne suivant que leurs intérêts corporatistes.
Al
Au moins, ça change de l’habituel: « les étudiants, dévastés, s’en vont à Saint-Jacques de Compostelle pour allumer un cierge et prier pour le succès d’une direction adulée ».
R.F
Les médias aiment bien faire d’une étincelle l’incendie du Reichstag …
Bla bla bla
D’où sortent-ils le grand nombre d’étudiants qui soutiennent le mouvement?
Il ne faut confondre l’unef avec le corps estudiantin. Je ne suis pas forcément contre ce mouvement mais j’ai plus l’impression que les gens n’ont rien à faire de cette histoire, moi le premier.