Défilé « Fashion is Action » à Sciences Po

Capturer_defile.JPGPeut-être faites-vous partie des quelques privilégiés qui ont pu assister au défilé Ignacio Mejia vendredi dernier. Le duo franco-mexicain composé de Juan Pablo et Johanna, soutenu par le Projet Co « Les dessous de la Mode », nous a offert un moment rare à Sciences Po. Retour en images sur l’événement!

Capturer_defile_ignacio.JPGSi l’on parle souvent de mode et du style « Saint-Germain » d’un coté et de développement durable d’un autre, les deux ne vont pas souvent de paire rue Saint-Guillaume. Pourtant, les créateurs et les membres de ce Projet Co (composé de Pauline Avenel, Laëtitia Ayache, Roxane Baché, Ioan Brumer, Chantal Chevassut, Bastien Laurent et Yichun Huang), y ont cru!

L’événement s’est déroulé dans le petit hall où un podium avait été installé pour l’occasion. C’est avec beaucoup d’émotion que Pauline, Laëtitia et Chantal ont ouvert le défilé en nous expliquant leur démarche et leur choix d’Ignacio Mejia. Richard Descoings a ensuite pris la parole pour saluer le travail sérieux fourni par les étudiants, ainsi que l’apparition de plus de créativité à Sciences Po. Ce sont aussi les valeurs éthiques et équitables de la collection qui ont été appréciées. Une vidéo sur l’histoire de la marque a alors été projetée avant de lancer le défilé de la collection hiver 2009-2010.

On remarque tout de suite l’originalité des créations. En effet, Ignacio Mejia révolutionne le t-shirt en le dotant d’une nouvelle coupe basée sur un astucieux jeu de pliage. Cette même formule qui peut être appliquée à des robes, sweat-shirts, hoodies s’est imposée comme la signature de la marque. Autre idée novatrice: les étiquettes sont transformées en mini livres. A coté des instructions de lavage, on retrouve donc des vers ou citations d’écrivains. On apprécie la poésie de ce détournement peu commun.

La marque est aussi une véritable incarnation du commerce équitable et du développement durable. En effet, ce sont les couturières de la Maquiladora Dignidad y Justicia qui sont chargées de la confection des vêtements Ignacio Mejia. Cette coopérative de commerce équitable a été créée en 2004 par l’ ONG Comité Fronterizo de Obrer@s dans la ville frontalière de Piedras Negras au nord du Mexique. Le but en ouvrant cette coopérative était non seulement de créer une alternative de travail pour des femmes pratiquement exclues du marché du travail du fait de leur âge ou de leur situation sociale; mais aussi de démontrer que le travail a une valeur qui doit être justement rémunérée. Ainsi, ce sont les ouvrières de Dignidad y Justicia qui elles-mêmes fixent leur salaire en fonction des besoins de leurs familles et qui organisent leurs conditions de travail. Elles gagnent deux fois le salaire moyen payé aux ouvriers des maquiladoras et travaillent 40 heures par semaine, au lieu des 48 heures travaillées en moyenne dans la plupart des usines du pays. De plus, le duo que compose Ignacio Mejia encourage fortement l’implantation de coton bio au Mexique. En attendant qu’il soit disponible, ils utilisent du coton bio venant des Etats-Unis.

IMG_3737.jpgC’est pour toutes ces raisons, mais aussi pour l’excellente organisation de cet événement que le défilé a été un succès. Les mannequins (dont certaines étudiantes de Sciences Po) et Juan Pablo ont été vivement applaudis par le public.

Le défilé terminé, un cocktail était organisé, sous le signe du bio lui aussi. Jus de fruit et biscuits Michel et Augustin ont fermé la parenthèse d’un moment comme on aimerait en voir plus à Sciences Po. Nous avons échangé quelques mots avec les organisatrices qui nous ont confié leur enthousiasme mais aussi leur soulagement après dix mois de travail sur ce projet qui s’est si bien terminé. « C’était beaucoup de travail et d’engagement, mais ça a payé » nous confie Chantal. Avis partagé par Pauline qui nous explique que « l’idée est née en août, a été validée en septembre et finalement, c’est passé très vite! ». Elles tiennent à remercier une fois de plus leurs partenaires et Sciences Po qui leur ont apporté une aide précieuse. Du coté des créateurs, Juan Pablo est lui aussi très satisfait du résultat. On apprend que c’était le premier défilé de la marque à Paris et que des pièces uniques ont été créées pour l’occasion. Le duo s’est lancé dans l’aventure pour « relever un nouveau défi, se faire connaître, mais aussi parce que les étudiants étaient très sérieux et enthousiastes dès le début ». De plus, le fait de travailler avec des étudiants de masters différents dans l’organisation d’un événement particulier leur ont permis de mieux développer l’idée de la marque et son positionnement. Il semble donc que chacun ressorte gagnant de ce projet!

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Certes, le lieu n’est pas conçu pour recevoir des défilés, certes, ce ne sont pas des professionnels mais des étudiants qui l’ont organisé et certes, les connaissances du public en termes de mode n’étaient peut-être pas aussi élevées que celles du public de la fashion week de Paris. Et pourtant, nous avons tous passé un bon moment, nous nous sommes tous laissés entrainés dans l’univers de ces jeunes créateurs, et nous avons tous souhaité les encourager.

On leur souhaite bon vent et espérons les revoir très vite!