Construire avec Sciences Po
Construire avec Sciences Po, c’est le programme d’appel au don lancé auprès des Anciens du 27 en novembre 2007. La Direction de la Stratégie a volontairement peu communiqué à propos de ce projet test qui ne prendra toute son ampleur qu’en 2009. Nadia Marik et Anne-Sophie Beauvais ont cependant accepté de répondre à nos quelques unes de nos interrogations.
Une démarche nouvelle en France
Construire avec Sciences Po, comme le détaille son site internet, propose aux anciens étudiants de l’Institut de donner à leur ancienne école dans une perspective en trois axes : encourager la recherche, soutenir les étudiants et aider Sciences Po à acheter, entretenir et aménager ses locaux.
L’argument non négligeable de l’Institut : les dons sont déductibles de l’Impôt sur le revenu à hauteur de 66% (dans la limite de 20% du revenu imposable) et de l’Impôt de solidarité sur la fortune de 75% (dans la limite de 50 000€). Ca change tout.
La méthode était simple : l’envoi de deux vagues d’emails et de courrier, bien espacées dans le temps. Cette première étape de deux ans (2007 – 2008) est une période test qui devrait permettre de mesurer avec précision l’accueil de l’initiative par les Anciens, qui n’ont jamais été sollicités de la sorte. Il s’agit donc non seulement de tester la réaction des Anciens sur l’idée du don mais également de viser des cibles particulière selon la région géographique, le domaine professionnel et l’ancienneté ainsi que de travailler les relations avec les grands donateurs potentiels (100 000 à 150 000€).
Les plans de levée de fonds engagés par la LSE et d’autres universités anglosaxonnes et les dons colossaux récoltés ont donné à penser à la Direction que peut-être les Anciens auraient envie de « rendre » à leur école pour tout ce qu’elle leur aura apporté ou de l’aider à se développer.
Des résultats très encourageants
Malgré les précautions oratoires dans la rédaction des lettres, cette démarche courante en Amérique du Nord et en Grande Bretagne aurait pu choquer ou du moins désarçonner les Français : et bien pas du tout. Nadia Marik explique que sur une population d’environ 35 000 Anciens contactés, seulement une dizaine ont manifesté leur désapprobation, par oppositions aux très nombreuses lettres de soutien, aux « Enfin, vous vous y mettez ! » et bien évidemment aux 1 150 donateurs qui ont donné au total près d’un million et demi d’euros.
Près de 80% des donateurs on choisi de laisser Sciences Po décider de la manière d’utiliser leur don, au lieu de choisir entre la recherche, les étudiants ou le patrimoine.
Les dons restants sont répartis en parts presque égales entre la recherche (5%) et les élèves (8%) mais le patrimoine semble particulièrement mobiliser les Anciens car 31% de leurs dons lui sont consacrés. Ainsi, malgré le travail de Sciences Po pour montrer comment cet argent sera dépensé, les Anciens ont confiance en l’utilisation de leur argent, confiance renforcée par leur représentation dans un comité de suivi des dons chargé de vérifier que les pôles de dépenses sont ceux annoncés. Bien souvent, ceux qui ont donné redonnent, comme c’est le cas de 25% des donateurs de la première vague d’emails.
Un grand donateur qui ne rend pas encore son identité publique a consenti un don, en cours de finalisation, de 600 000€.
Qui sont les donateurs ?
Les donateurs sont invités à des conférences ainsi qu’à des évènements où ils sont remerciés pour leur participation financière : les donateurs ont semblé heureux de renouer ainsi avec leur école. Nombre d’entre eux sont des professionnels de haut niveau qui se sentent très concernés par Sciences Po et ses élèves, notamment pour ceux qui vivent aux Etats-Unis, selon les dires de Nadia Marik.
Le plus jeune donateur a 25 ans et le plus âgé en a 97 : ce sont bien toutes les générations d’Anciens qui sont touchés par la démarche. Une « soirée de gala transgénérationnelle » est par exemple organisé avec la promotion 1980 et la promotion 2005 le 20 octobre, selon N. Marik .
Les réseaux d’Anciens à l’étranger sont également en voie d’être sollicités. Un gala a eu lieu le 27 septembre 2008 à Londres et un dîner est prévu pour le 30 janvier 2009 à New York City, en compagnie de Dominique Strauss-Kahn, pour sensibiliser les Anciens de Sciences Po mais aussi les Britanniques et Américains qui souhaiteraient soutenir l’Institut, représentant d’un savoir faire français « universel », pour des personnes sensibles au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les relations entre écoles et entre pays plus généralement peuvent aussi être l’un des objectifs de ces dons.
Les projets
Les salles de lecture du 27 transformées en une bibliothèque toute neuve, la motorisation de la porte du 25 rue Saint-Guillaume pour l’accès des handicapés, une nouvelle salle informatique, la création d’un fonds pour financer les déplacements à l’étranger pour assister à des colloques, des bourses supplémentaires pour la préparation au concours d’entrée et pour les étudiants étrangers, l’acquisition de ressources numériques, aides au logement… Les projets ne manquent pas et ceux-ci ne concernent que l’année 2008, financés par les dons des Anciens.
Cette levée de fonds se fait en parallèle d’un développement continu de la taxe d’apprentissage et de partenariats avec les entreprises.
Au total, depuis le début de l’année 2007, Sciences Po a récolté, en fonds privés et subventions diverses, près de 25 millions d’euros. Fort de ce succès, l’école débutera en 2009 une grande campagne de levée de fonds qui se fixera 2011 comme horizon. L’objectif chiffré de cette campagne est encore à l’étude et sera communiqué très prochainement.
3 Comments
Sandra
Pendaison pour ce jeu de mot :
pendaison, pendaison, pendaison.
Le roi gerbille
« ont donné à penser à la Direction que peut-être les Anciens auraient envie de « rendre » à leur école »
Je ne suis pas encore Ancien, mais « mon » école me donne souvent envie de rendre.
Thoma$
Ahhhhhh, depuis le temps que je voulais lire à ce sujet, merci Val!
Moi je trouve cette démarche extrêmement intéressante et positive!