Collège universitaire : le transfert massif à Reims reporté

Un article de Ulysse Bellier avec l’aide de Clara Marchaud et Yann Schreiber

Article mis à jour le 19 décembre

Malgré ce report, la nouvelle maquette pédagogique, qui prévoit un seul cours d’économie et un enseignement des langues “rationalisé”, s’appliquera dès la rentrée 2017.

Paris restera un an de plus que prévu le plus grand campus du Collège universitaire : le transfert massif du premier cycle du campus parisien à Reims est reporté à la rentrée 2018, a indiqué Bénédicte Durand dans une interview à La Péniche.

Dès la rentrée 2017, Reims devait accueillir la majorité des étudiants de première année. Sur deux ans, le campus rémois devait ainsi accueillir 600 étudiants en plus des environ 1 000 déjà présents, mais les condition d’accueil ne sont pas encore réunies, selon la Doyenne du Collège universitaire. En cause : le grand amphi de 600 places ne sera pas terminé en septembre 2017.

Un transfert massif du Collège universitaire supposerait “que les conditions d’études soient optimales”, estime Mme Durand.

Bénédicte Durand, doyenne du Collège Universitaire. Photographie: Yann Schreiber
Bénédicte Durand, doyenne du Collège Universitaire. Photographie: Yann Schreiber

Même si le “mouvement [de rééquilibrage entre Paris et Reims] continue”, les effectifs à la rentrée 2017 resteront quasi inchangés pour les 1A : environ 600 étudiants par promotion à Paris (dont 180 en bicursus), et 400 étudiants par promotion à Reims (300 en programme Europe-Amérique du Nord et 100 en Europe-Afrique).

Selon ce plan actualisé, le campus de Paris accueillera à la rentrée 2018, en plus des 180 bicursus, environ 300 étudiants de première année, afin de conserver « un véritable campus parisien [pour lequel] il faudra construire un projet ». D’ici 2019, Reims confirmera sa place de plus important campus du Collège universitaire, avec environ 1 600 étudiants sur deux ans (dont des étudiants en échanges, plus nombreux), contre environ 700 étudiants en 1A et 2A à Paris, auxquels s’ajoute les étudiants en échange.

Un enseignement des langues “rationalisé”

Face à ce que la direction appelle “tourisme linguistique”, le groupe de travail consacré à l’enseignement des langues étudie la mise en place d’un “parcours linguistique plus raisonnable” : limiter les cours de langue à 6h par semaine, en leçons de deux fois 1h30.

Cette dernière formule est jugée “extrêmement positive” par Solène Delusseau-Jelodin, Présidente de l’UNEF Sciences Po. Du fait de sa difficile mise en place, ce découpage sera plus souple sur les campus en région qu’à Paris, qui partage ses cours de langue avec les masters : Bénédicte Durand n’entend pas faire des 6 heures “l’alpha et l’oméga” du projet.

Le campus de Reims ©The Sundial Press
Le campus de Reims. Photographie The Sundial Press

L’objectif de la direction est d’éviter “d’ouvrir les vannes des heures, du e-learning” et de laisser des étudiants “se fourvoyer” dans des langues “hyper-difficiles”.

“Ma priorité pour tous”, selon Mme Durand, “c’est quand même que tous mes étudiants aient un niveau de français minimum pour les étudiants internationaux et un bon niveau d’anglais pour tous mes étudiants nationaux.” Carla Sasiela, élue UNI, soutient cette initiative de “rationalisation” pour davantage de “cohérence”.

Dans cette logique de renforcement de l’anglais et du français, l’enseignement des matières fondamentales en première année évolue. Dès cette année, le cours de sociologie à Nancy sera, au second semestre, en français et non plus en allemand comme précédemment. Une dynamique qui s’amplifie à la rentrée 2017 : les 5 matières fondamentales (histoire, droit, économie, sociologie, sciences politiques) ne pourront être enseignées qu’en français ou en anglais. Exit donc l’histoire en allemand à Nancy ou en espagnol à Poitiers. Mme Durand laisse ouverte la possibilité d’une fondamentale en anglais à Paris à la rentrée prochaine, ce qui serait une révolution dans une maquette de première année parisienne très franco-française.

Cours d’humanités annualisé, un seul cours d’économie

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La nouvelle maquette du Collège universitaire sera mise en place à la rentrée 2017 sur tous les campus. Elle est marquée par l’homogénéisation entre les campus, dans l’idée d’un “Collège en réseaux”. Les objets d’enseignement des cinq fondamentales seront “homogènes, sinon uniformes” entre les campus, avec simplement une “différenciation thématique” pour chacun. Le volume horaire augmente, avec 36h de cours magistral par semestre au lieu de 24 actuellement. À cela s’ajoute le cours d’humanité, devenant matière fondamentale. Ce cours sera le seul annualisé, il alternera chaque semaine entre cours magistral et “séminaire de lecture”.

L’idée centrale de ce séminaire est de “travailler la méthode de lecture”, car celle-ci est “une compétence absolument indispensable pour un étudiant de Sciences Po” avance Mme Durand. Il s’agira d’un “moment où les étudiants doivent se retrouver sur des objets de lecture qu’ils ont partagés.”

Ce cours d’humanité sera le plus différencié, “parce que chaque campus porte l’histoire d’une civilisation”, des langues et des identités différentes “qui doivent nourrir le cours d’humanité”. Par conséquent, Bénédicte Durand pense à proposer des séminaires de lecture spécifique – germanophone à Nancy ou hispanophone à Poitiers – afin de pouvoir lire en langue originale. “Je n’’ai pas moins d’ambition pour la diversité dans la langues dans les campus, d’une certaine manière j’en ai plus en terme de qualité.”

Vue extérieure du Campus de Reims. Photographie: Joanna Lancashire et Mary Belykh / The Sundial Press
Vue extérieure du Campus de Reims. Photographie: Joanna Lancashire et Mary Belykh / The Sundial Press

L’économie ne sera plus séparée en cours de micro et de macro. Un unique “Core economics”, fruit d’un développement international impliquant Sciences Po avec Yann Algan, intégrera les approches micro et macro. “C’est un cours qui est plébiscité par un certain nombre de grandes universités internationales”, dit la Doyenne, citant notamment Cambridge.

Les groupes de travail sur les deuxième et troisième années se lancent tardivement, afin de prendre en compte les arbitrages sur la première. La Doyenne assume de prendre le temps : “je préfère arriver à bon port avec un projet stable, clair (…) plutôt que d’être dans la précipitation.” Globalement, la méthode de travail est saluée par les syndicats. L’UNEF souligne des “échanges fructueux”, où “chacun est pris en compte”, et l’UNI va dans le même sens.

La mise à jour du 19 décembre concerne l’effectif à terme du campus du Paris, qui ne sera pas de 300 avec les bicursus mais bien 300 en plus des bicursus, et inclus l’ajout de la citation de Mme. Durand  : « véritable campus parisien auquel il faudra construire un projet ».