Clelia Morali, la reine de la comm’

Ancienne élève de Sciences Po, de l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres, de l’ENA, agrégée de philosophie, actuellement directrice de la communication au Ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement Supérieur, le parcours de Clélia Morali donne le vertige à plus d’un. Nous l’avons rencontrée, dans son bureau de la rue Bellechasse.

Capture_d_ecran_2012-12-03_a_14.44.51.pngC’est après ses études à Normal Sup que Clélia Morali entre à Sciences Po, où elle intègre la filière « Service Public ». Elle n’a alors pas d’objectif particulier, bien qu’elle doute déjà d’aller enseigner la philosophie, dont elle prépare en parallèle l’agrégation. Malgré sa formation juridique et son background d’humanités classiques, l’essentiel de son parcours est centré autour de la communication. Comment s’est opéré ce passage ?

C’est via son travail de fonctionnaire qu’elle a commencé à travailler dans le domaine de la communication. Grace à son premier poste au Ministère de l’Industrie, à sa sortie de l’ENA en 1987, elle se penche sur les questions d’énergie nucléaire qui, hier comme aujourd’hui, soulèvent des enjeux majeurs d’environnement, de tutelle économique ou encore techniques, et nécessitent donc une communication interne et externe riche. Elle se spécialise dans le domaine de l’énergie et de l’industrie, et apprend le métier de la communication via des formations professionnelles, mais aussi et surtout en étant confrontée au milieu et à de grands professionnels.

Clélia Morali a à son actif un nombre de postes impressionnant, souvent fruit d’opportunités et de hasards. Fortement imprégnée par les questions de l’industrie, elle exerce plusieurs postes en relation avec ce domaine, dont conseillère technique dans les cabinets de Roger Fauroux et de Dominique Strauss-Kahn. Là encore, 90% de son temps est consacré au travail de communication. Elle passe sans mal du secteur public au secteur privé, exerçant un poste successivement à Rhône- Poulenc -l’actuel groupe Sanofi- et à BioMérieux. Elle conserve de ces passages dans le privé un excellent souvenir : l’agenda y est plus structuré que dans le public, et les procédures sont toujours plus rapides. Entre 1999 et 2002, elle s’expatrie à Londres, où elle retrouve un emploi plus conforme de fonctionnaire. Elle est chargée de la veille économique des politiques publiques anglaises d’un gouvernement britannique très dynamique, qu’elle rapporte à Paris. Elle reprend ensuite sa carrière de communication dans le domaine public, et obtient en 2009 le poste de numéro deux de la communication de Bercy. Malgré son parcours, elle doit se battre pour obtenir ce poste : « quand on a fait l’ENA, on a un profil de généraliste, et les gens hésitent à nous donner des postes trop spécialisés ».

L’aboutissement logique, c’est le poste qu’elle obtient en 2012 : déléguée à la communication du ministère de l’Education nationale et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Son poste de communicante prend alors le dessus sur son intérêt sectoriel. En quoi consiste un tel poste ? 90% du travail consiste en prestations de communications pour les ministères et cabinet (campagnes publicitaires, internet, production de contenu écrit et graphique…), les relations avec la presse, l’animation des réseaux internes, notamment via les structures déconcentrées du Ministère), et en création de plan de communication pour différents publics (enseignants, parents d’élèves…). Le reste du travail est consacré à un travail de coordination et de pilotage interne. 70 personnes travaillent avec Clélia Morali, 20 pour l’Enseignement Supérieur et les autres pour l’Education.

Quand on évoque ses années passées rue Saint-Guillaume, la directrice de comm’ se souvient d’un réseau d’amis et de networking important. Elle y a passé d’excellents moments, bien qu’elle ait dû s’y reprendre à trois fois pour obtenir le diplôme de sortie! Et quel regard porte la communicante sur l’image que s’est créé Sciences Po ? Si Clélia Morali est peu au fait de l’évolution interne de l’école, elle avoue avoir « totalement marché » à la communication de l’ère Descoings, appréciant l’image donnée dans la presse de cette école d’excellence et d’ouverture. Stratégie efficace, donc.

Quand on est dans les bureaux du Ministère de l’Education, on pense nécessairement à tous ces Sciences-pistes qui se pressent vers le master AP, espérant réussir l’ENA et obtenir un poste de haut fonctionnaire. Quel conseil Clélia Morali leur donne-t-elle ? Les carrières de la fonction publique ont changé, le panorama est large, et il faut cesser d’avoir l’esprit pré-formaté. Il n’y a pas que les Grands corps d’Etat, et ne viser que ceux-ci peut entraîner une frustration que les étudiants traîneront toute leur vie. Il est intéressant d’aller voir ailleurs, dans le secteur économique, par exemple. La fonction publique est considérablement enrichie par la « culture croisée » des fonctionnaires ordinaires et de ces gens au parcours différent, qui n’ont pas le même regard et les mêmes aspirations. Les métiers ont beaucoup évolué, et les problèmes d’innovation, de productivité sont communs aux secteurs privés et publics. Aussi, les étudiants ne peuvent que gagner à abandonner la sédentarité du fonctionnaire, qui pourrait être une de leur perspective.

Concernant les étudiants en communication, il s’agirait surtout pour eux de multiplier les expériences professionnelles, puisqu’on n’apprend jamais aussi bien qu’en pratiquant. Et un conseil acquis d’expérience : la qualité principale d’un communicant et de savoir se mettre à la place de l’autre, d’adopter son point de vue pour construire son action. A méditer.

One Comment

  • Monaco

    Je souhaiterais connaître le email et l’adresse postale de Mme Clelia Morali pour envoi annonce de parution d’une collection pédagogique sur l’environnement.
    Bien cordialement,

    André Monaco
    Directeur recherche CNRS