Ce que pensent les SciencesPistes du nouveau cours de « Culture écologique »

Les 1 700 étudiants de première année de Sciences Po Paris (tous campus confondus) ont assisté à la première édition du très attendu cours de “Culture écologique” lors de la pré rentrée de janvier. De la très bonne surprise à la profonde déception, les avis des sciences pistes sont grandement partagés.    

A l’entame de cette nouvelle année, un vent de nouveauté souffle sur le Collège Universitaire. S’inscrivant dans la même démarche que la rebaptisation de l’« École du Management et de l’Innovation » en « École du Management et de l’Impact » ou que la production « Climatic Change » de l’Ecole de journalisme, Sciences Po affiche désormais clairement sa volonté de faire des problématiques environnementales une partie prenante du projet pédagogique.  

Le cours magistral était dispensé en format intensif, avec 18 heures de cours répartis sur les 5 jours de prérentrée. Chaque séance durait environ 4h et s’appuyait sur une discipline différente pour aborder la question de l’environnement. De l’histoire du climat à sa géopolitique en passant par des réflexions économiques, politiques et philosophiques ; l’approche de ce cours obligatoire se voulait multidisciplinaire. Cette initiative, inédite en France, a fait grand bruit, mais qu’en ont pensé les étudiants ?

« On est tous d’accord pour dire que c’est un enjeu crucial »

La création d’un tel cours était une demande formulée par les étudiants eux-mêmes. Après tout, c’est à leur génération qu’incombe la mission d’adapter la société aux enjeux et crises du changement climatique. Un consensus qui semble être partagé par tous les étudiants : « On est tous d’accord pour dire que c’est un enjeu crucial » déclare Clémence*, une étudiante, « L’écologie est un enjeu-clé de notre monde contemporain » affirme Antonin, étudiant de première année également. 

L’approche transdisciplinaire a aussi été saluée : les étudiants semblent avoir apprécié la variété des sujets proposés : « C’était vraiment intéressant d’étudier ce sujet par le truchement de d’autres matières comme l’économie ou l’histoire » défend un étudiant, « Tous les sujets couverts étaient variés et ont offert diverses approches à la question écologique. J’ai trouvé les dernières séances sur la géopolitique et l’économie particulièrement intéressantes » témoigne Capucine, étudiante de première année. « Cela m’a fait plaisir de voir que Sciences Po est à l’écoute » poursuit-elle. 

Des expériences et retours contrastés

Toutefois, les bilans sur cette semaine de cours intensifs sont très partagés. Si tous semblent avoir apprécié le concept initial, certains se montrent déçus du contenu des séances. Pour une autre étudiante, le cours donne une impression d’avoir été « un peu fait à la va-vite », et donne le sentiment à certains que le programme n’était pas encore clairement défini. « On se demande si c’est pas un peu pour se donner bonne conscience » s’interroge une étudiante.

De plus, plusieurs étudiants regrettent les redites de notions déjà apprises dans l’enseignement secondaire : « Je n’ai pas eu l’impression d’apprendre beaucoup de choses nouvelles par rapport au lycée », regrette Clémence. « Certains cours ne faisaient que répéter des connaissances de lycée et du coup perdaient leur intérêt, mais lorsque nous poussions le débat un peu plus loin, des anecdotes historiques ou d’autres manières de pensées se présentaient et étaient pertinentes. » estime Capucine. 

Il est important de noter que 6 heures d’enseignements complémentaires seront données par des spécialistes des sciences du vivant et de la nature au cours du deuxième semestre.

Mais des étudiants sont aussi très satisfaits de cette semaine de cours, à l’image d’Antonin : « J’ai beaucoup aimé ce cours, qui nous aide à cerner les enjeux sous-jacents à la crise écologique en ne se limitant pas à une analyse purement scientifique », témoigne-t-il, « En dehors de quelques redites, j’ai appris énormément de concepts et de notions que j’ignorais totalement, me donnant envie de m’y intéresser davantage ! » déclare un autre étudiant. 

Des pistes d’améliorations

Malgré des avis hétérogènes, tous sont friands de propositions pour améliorer ce nouvel enseignement, probablement destiné à être peaufiné au fur et à mesure des années. 

Les étudiants semblent unanimes sur la nécessité de modifier le format : « Le format intensif était vraiment pénible, c’est presque impossible de rester concentré les 3h30 ou 4h de cours » affirme Clémence. « Il serait judicieux, selon moi, de lisser le cours sur le semestre » confirme également Antonin. 

Concernant le contenu : la question environnementale a été plus appréciée quand elle a été traitée sous le prisme des sciences humaines et sociales que des sciences dures : « Il était clair que l’amphithéâtre Boutmy était beaucoup plus attentif et silencieux lorsque nous avons abordé les questions économiques et géopolitiques plutôt que celles purement scientifiques » témoigne Capucine. « Ça aurait été génial d’aller explorer un peu plus la question de la représentation des enjeux climatiques dans la fiction et la culture, ou d’étudier l’aspect psychologique qu’ils impliquent » ajoute un autre étudiant. 

Quoiqu’il en soit, le cours « Culture écologique » se verra sûrement retouché pour les promotions suivantes. S’il n’est pas exempt de tout défaut, l’enseignement proposé par Sciences Po a le mérite d’être novateur et formateur, et pourrait indiquer la marche à suivre pour les autres écoles et facultés françaises. 

*Le prénom a été modifié