Blocage de Sciences Po : les étudiants délogés par des groupuscules d’extrême droite
Après le campus de Nancy, la Sorbonne et l’ENS, des étudiants de Sciences Po ont bloqué l’accès au 27 rue Saint-Guillaume jeudi 14 avril dernier, pour protester contre « le faux choix entre le capitalisme néolibéral et autoritaire de Macron, ou contre le capitalisme réactionnaire et xénophobe de Marine Le Pen », selon le communiqué de Solidaires.
Alors que le blocage se déroulait dans une ambiance bon enfant au son de slogans bien connus des militants antifascistes « pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers » ou « la jeunesse déteste le Front national », des militants de groupuscules d’extrême-droite sont intervenus pour déloger les occupants vers 15h30. Certains étaient munis de manches de pioches, de parapluies et de gazeuses à main dissimulés sous leur veste et dans leurs sacs, comme le rapporte le journal Le Monde.
Avertis sur le réseau Télégram de l’arrivée immédiate de 30 à 40 militants cagoulés ou masqués, les occupants d’extrême gauche se sont enfuis afin d’éviter la confrontation. « Le blocus s’était essoufflé, tout le monde était parti, on était plus que 10/15 » témoigne Gilles (nom d’emprunt), étudiant en master. « Ils en ont profité, ça faisait une à deux heures qu’ils attendaient dans le square Boucicaut [ndlr : situé entre la rue de Sèvres et le boulevard Raspail] qu’on soit moins nombreux ».
« J’ai entendu gauchiste parasite, on te pendra »
« On a vu une bande de militants d’extrême-droite marcher au pas en criant « Siamo tutti fascisti » [Ndlr : « nous sommes tous fascistes » en italien, en référence au slogan antifa « Siamo tutti antifascisti »]. On a eu peur, on s’est enfuis pour la plupart au 28 rue des Saints-Pères ». Les flics les ont regardés, ils ont juste fait un appel au calme. J’ai entendu « gauchiste parasite, on te pendra », mais les autres camarades n’ont pas entendu la même chose que moi ». Un journaliste de Valeurs Actuelles était également présent à leurs côtés comme le certifie cette vidéo https://twitter.com/Valeurs/status/1515065283714727940?s=20&t=Ig_DtQji-ejG-eFwVeHLLw
La @CocardeEtud et l’@droiteuniv, deux syndicats de droite ont cassé le blocage qui s’était installé devant Sciences Po. Reportage avec des étudiants qui ne veulent plus laisser l’extrême-gauche bloquer les facultés avant les examens.#SciencePoParis #blocage #Sorbonne pic.twitter.com/Kr040Emw6f
— Valeurs actuelles ن (@Valeurs) April 15, 2022
L’action a été revendiquée par la Cocarde étudiante, qui aurait été épaulée par des membres de l’Action française, de l’UNI et de Génération Z. Certains seraient d’ailleurs étudiants à Sciences Po. La Cocarde s’est félicitée « d’avoir mis les gauchistes hors d’ici » dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le jour même et savamment montée, entre musique épique, fumigènes et slow motion https://www.instagram.com/reel/CcXiCHfAkTS/.
Matthias Vicherat a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative
Selon un communiqué diffusé par l’administration, le directeur de Sciences Po, Matthias Vicherat, « a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative pour identifier les étudiants ayant participé à ces actes pour que soient engagées des procédures disciplinaires ». Les premières auditions auraient commencé ce mardi.
Fondée le 6 mai 2015 au sein de l’université Panthéon-Assas, la Cocarde étudiante ambitionne de réunir les étudiants de la « droite authentique » au sein des universités afin de lutter contre le « gauchisme culturel » et ce qui « en découle intellectuellement (progressisme, libéralisme, laïcisme, etc) ».
Son ex-président, Luc Lahalle, est l’assistant parlementaire de l’eurodéputé Jordan Bardella, actuellement président par intérim du Rassemblement national. Après avoir soutenu le candidat Eric Zemmour lors du premier tour, la Cocarde a appelé à voter pour Marine le Pen ce dimanche 24 avril.
crédit image : La Cocarde étudiante