Arthur Dreyfus, trublion de la création
1986 : naissance à Lyon
2010 : Parution de La Synthèse du camphre (Gallimard), son premier roman.
2012 : sortie de Belle Famille, qui reçoit le prix Orange du livre, et sera prochainement adapté au cinéma.
25 ans et autant de projets en cours, Arthur Dreyfus n’a pas grand chose à voir avec le stéréotype du sciences-piste. Alors que tous suivaient consciencieusement leurs cours au 27, lui s’attelait d’ores et déjà à écrire, écrire et écrire encore.
Passé par la rue Saint-Guillaume en 2008 pour y suivre un master Marketing, ce boulimique de création est aujourd’hui vu comme l’un des espoirs artistiques de sa génération. Détenteur de plusieurs titres littéraires et touche-à-tout, il a bien gentiment accepté notre invitation pour présenter son parcours.
Bonjour Arthur ! Tu as commencé à rédiger tes premiers textes… en cours de comptabilité à Sciences Po, selon toi, peut-on dire que le climat général à Sciences Po est propice à la création artistique ?
Je pense qu’il faut distinguer création et promotion de l’art. Selon moi, la création est avant tout un travail individuel, introspectif ; je ne saurai donc pas dire si Sciences Po m’a aidé à créer. C’est plutôt moi qui m’y suis résolu, seul, dans une école où il fait bon étudier.
Dans ce cas, peux-tu dire que la culture avec un grand C est bien promue rue Saint-Guillaume ?
Je crois que cela a beaucoup changé ces dernières années, notamment grâce à l’ouverture d’esprit qu’a apporté l’arrivée de Richard Descoings. Il m’a personnellement poussé à poursuivre l’écriture et je crois voir là une spécificité de Sciences Po : le personnel encadrant encourage beaucoup plus les initiatives extra-scolaires. Au fil de mes études (licence d’anglais, Celsa, Henri IV), aucune formation ne m’avait apporté ce type de soutien.
Sciences Po n’est pas non plus une école d’art, mais cette ouverture d’esprit en fait une école propice à la création artistique, oui. Et le cadre d’études, au milieu d’un des plus beaux quartiers de la plus belle ville du monde, entre cinémas d’art et d’essai et musées extraordinaires, c’est aussi propice à l’inspiration.
Que penses-tu du Bureau des Arts, l’association qui anime la vie culturelle de l’Institut ?
Je n’ai jamais été très bon en sport collectif (i.e. il n’aime pas le travail en groupe), ni en sport tout court d’ailleurs (rires). Je n’y ai jamais participé, ni même adhéré. Mais les événements qu’ils organisent sont très intéressants, je pense par exemple au Ciné-Club, ou à la journée des Dédicaces, un événement connu par tous les écrivains.
As-tu des conseils particuliers à donner à un étudiant cherchant à s’engager dans l’écriture ?
C’est difficile de donner des conseils sur ce métier. Je ne sais même pas si l’on peut appeler ça un métier, la voie littéraire est d’abord une volonté, avant de devenir une « voie ».
Tout ce que je peux leur dire c’est : allez-y, suivez vos envies artistiques sans penser à la réception. Trop de jeunes acteurs se morfondent de ne pas être produits, sans jouer, trop de jeunes écrivains attendent d’être publiés dans écrire. Ce qui compte, ce n’est pas de faire « comme », mais de faire tout court. Il faut se ressembler, et ça, chacun en possède la faculté. La création est universelle. Il ne faut donc pas avoir peur de se lancer avec rien.
L’art c’est une démarche individuelle, elle ne dépend pas des autres et du jugement qu’ils peuvent avoir sur vos œuvres ! Récemment, j’ai tourné mon premier court-métrage avec un iPhone, parce que je ne voulais pas perdre six mois à remplir des dossiers de demandes d’aide, et c’est tant mieux !
Une bonne idée également, c’est de noter toutes ses idées sur un carnet.
Tu as également tenté de monter ton entreprise à la sortie de Sciences Po, peux-tu nous en dire plus ?
Je voulais lancer avec un ami une boîte de pizza bio. Mais on s’est rendu compte, après une étude et des rencontres de professionnels, qu’une telle entreprise était incroyablement chronophage : nous avons préféré nous concentrer sur la création ! Enfin pour moi, l’art et l’entrepreneuriat recèlent d’une même logique : il s’agit dans les deux cas de créativité et d’inspiration.
Et pour finir, peux-tu te présenter pour nous en deux-parties deux sous-parties ?
Tiens c’est marrant comme exercice. Je dirais :
I – Enfant
A) Curieux B) Vilains défauts
II – Vieux
A) Désuet B) Démodé
Merci à Arthur Dreyfus de nous avoir permis de réaliser cet article, le premier de la saison 2012-2013 pour Sciences Po & Après, la rubrique qui rencontre les anciens de l’école pour vous montrer la diversité des voies possibles après Sciences Po. A très vite !