5 choses à savoir sur Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg a répondu présent à l’invitation de Sciences Po TV et la Péniche, il débarque en Boutmy mardi prochain. Le candidat à la primaire socialiste a accepté de se livrer à l’exercice, difficile mais non moins passionnant, du Grand Oral. Ce trublion, avant d’être un ministre atypique, est un homme aux visages multiples, et aux formules assassines. Une personnalité haute en couleurs : la preuve en cinq points.
1. Un habitué des coups d’éclat
Sa capacité à agiter la sphère médiatico-politique est l’une de ses forces, affirme-t-on dans son entourage. C’est sa griffe, sa marque de fabrique. Et ses coups d’éclats sont nombreux. « Tu gères la France comme le conseil Municipal de Nantes ! » : lançait-il au chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault, quand celui-ci refusait de nationaliser le site industriel de Florange, propriété d’ArcelorMittal.
L’ancien élève de la Rue Saint-Guillaume, quand bien même ministre de l’économie en 2014, tient à son indépendance. Parti gonflé à bloc à la fête de la Rose à Frangy-en-Bresse en juillet, il déclare « Je vais lui envoyer une bonne cuvée du Redressement au Président ! ». Avec la marinière, le vin est décidément un redoutable outil politique. Les caméras, l’attention des journalistes, l’emballement médiatique sont les premiers amateurs des frasques du tonitruant Montebourg. Après la levée de boucliers au sein du gouvernement, le premier ministre, Manuel Valls, obtiendra l’éviction du ministre renégat.
Provocateur, et assassin par les mots, Arnaud Montebourg l’est depuis ses débuts dans les campagnes présidentielles. En 2007, il quitte l’équipe de campagne de Ségolène Royal après avoir déclaré : « Ségolène Royal n’a qu’un seul défaut. C’est son compagnon ». En 2011, alors qu’il est candidat à la primaire socialiste, il compare Angela Merkel au chancelier Bismarck. Il connait l’importance de la phrase qui marque les esprits et frappe les imaginaires, et s’adapte avec aisance à la médiatisation grandissante de la vie politique.
2. Le chantre de la démondialisation
Au printemps 2011, il publie un essai virulent Votez pour la démondialisation ! dans lequel il dénonce la mondialisation néolibérale, tout en esquissant des propositions préparant une démondialisation, basée sur « la mise en place d’un nouveau système d’échange fondé sur des règles universelles de protection de l’environnement et des standards sociaux et sanitaires ». Vaste programme.
Contre le capitalisme mondialisé, il s’érige en défenseur d’une politique protectionniste. Il promeut ainsi l’idée d’un Etat fort, régulant la finance et les services bancaires. C’est donc sans surprise qu’il défend le « made in France », qui lui tient particulièrement à cœur. Allant même jusqu’à faire la couverture que chacun connait du Parisien Magasine du 19 octobre 2012. La communication est le nerf de la guerre, Arnaud Montebourg a compris la leçon.
3. Un entrepreneur assumé
Agitateur d’idées, tribun, avocat, essayiste, professeur invité à Princeton, Arnaud Montebourg se plait à endosser plusieurs casquettes. Celui que la presse allemande qualifie de « colbertiste » ou de « protectionniste » est également un entrepreneur. Après un rapide passage dans les salles de classe de l’INSEAD, il est nommé le 19 mars 2015, vice-président du conseil de surveillance de la chaine d’ameublement d’Habitat.
En mars 2015, il siège dans le comité d’orientation stratégique de la société Talan, groupe de conseil pour les entreprises dans la transition vers de nouvelles technologies et systèmes d’information. Début octobre 2015, ce défenseur farouche du nucléaire annonce qu’il prend des actions chez New Wind, start-up qui conçoit des éoliennes domestiques. C’est donc au gré d’allers et venues entre mondes politique et économique qu’Arnaud Montebourg forge son image singulière dans le paysage politique hexagonal.
4. Un mitterrandien nouvelle génération
Depuis plus de dix ans, Arnaud Montebourg se lance à l’assaut du mont Beuvray, dans le massif du Morvan, au coeur de sa Bourgogne natale, accompagné de ses plus fidèles soutiens. Cette année, il a effectué ce pèlerinage en compagnie des députés frondeurs Christian Paul et Philippe Baumel, assumant clairement ses divergences avec la ligne politique gouvernementale. Revenons sur la symbolique. Chaque lundi de Pentecôte, comme un rituel immuable, il escalade ce lieu à la façon d’un certain François Mitterrand à la roche de Solutré, également située en Bourgogne. Comme une façon de s’identifier à cette figure tutélaire de la gauche, Arnaud Montebourg continue son ascension montagneuse et politique. Mais plus le sommet se rapproche, plus la chute peut être douloureuse.
5. Il a rencontré l’amour au gouvernement
Non, la politique n’est pas qu’affaire de requins aux dents longues, de jeunes (vieux ?) loups aux crocs affutés. Les salons feutrés des ministères sont aussi le lieu idéal pour rencontrer l’amour. Arnaud Montebourg démissionnera en effet en aout 2014 avec celle qui deviendra sa compagne, Aurélie Filippetti, ministre de la culture et proche des Frondeurs.
C’est aux cotés de celle-ci que l’ancien ministre entend remporter la primaire socialiste qui s’annonce plus tendue que celle de 2011, car reposant sur la critique du quinquennat de François Hollande. Cette dernière s’occupe de tisser un réseau de soutiens au sein de la majorité socialiste à l’Assemblée, tandis que lui court les routes de France pour présenter son « Projet France ». Les « Bonnie and Clyde du PS », comme les surnomme Manuel Valls, sont bien partis pour jouer les troubles fêtes au sein de cette primaire socialiste. Affaire à suivre mardi soir en Boutmy.