Un jour, une expo: « Dark Knees », Mark Cohen
Mark Cohen est né en 1943 dans une petite ville de Pennsylvanie, Wilkes-Barre. Il tient un appareil photo dans les mains depuis son enfance, et lorsqu’au lycée il tombe sur un exemplaire d’Images à la sauvette d’Henri Cartier-Bresson, il comprend que la photographie va être le ciment de son parcours et de sa vie. Ses photographies sont prises dans sa ville natale qu’il parcourt quotidiennement et inlassablement en quête de sujets et de détails à capturer. Il part commencer des études à la Rhode Island School of Design, mais finit par revenir à Wilkes-Barre. « Quelque chose me disait que je n’en avais pas fini avec cet endroit ». Pour gagner sa vie, il monte alors un studio dans lequel il photographie des portraits officiels, réalise des rapports annuels et des photos de mariage. « Tous les boulots que je pouvais réaliser pour financer le reste ». Il participe à des expositions dès 1969, et en 1971, il obtient une bourse, le Guggenheim Fellowship, qui lui permet de continuer à photographier sa ville natale et ses environs. Il sera exposé notamment au Museum of Modern Art, au Whitney Museum of American Art à New York, ainsi qu’à Washington, Chicago etc.
Mark Cohen photographie son quotidien, les rues de Wilkes-Barre et ses protagonistes. Il tient son appareil photo à bout de bras, le viseur ne l’intéresse pas. Ses photographies de l’instinct et de l’instant sont brutes, intimes, presque violentes parfois. S’il s’inscrit dans la « Street photography » des années soixante-dix, cette saisie particulière le rend malgré tout singulier et lui confère sa marque, son originalité. Il photographie une petite ville minière sur le déclin, mais Cohen n’a pas de vocation documentariste. Il shoote sans but, photographie inlassablement, parcourt les mêmes rues, et rend compte de la réalité, tout simplement. Une réalité qui peut déranger tant son objectif est proche de ses sujets. Son œil nous dévoile des détails intimes, des cous, des jambes, des mains, des bustes sans tête, mais qui tous gardent leur part de mystère. Il capture des réalités sociales, photographie des gens souvent pauvres, mais ne se définit pas comme un photographe engagé pour une amélioration des conditions de vie. « J’aurais adoré être comme Dorothea Lange, en prise directe avec des questions sociales. Mais en restant coincé à Wilkes-Barre, je suis devenu un surréaliste. Par la force des choses. Je déambulais encore et encore dans les mêmes rues, alors je me suis mis à prendre en photo la chaussure d’un type. Je ne savais pas exactement ce que je faisais. Je me laissais simplement happer par ce qui était là, devant mes yeux. » On peut ressentir de l’inconfort en regardant ses photos, mais la plus part du temps elles nous attirent. Sans aucun doute le côté vivant, en mouvement des images. Une humanité qui nous parle.
Le BAL, Exposition « Dark Knees »
6, Impasse de la Défense
75018 – Paris
Métro Place de Clichy, lignes 2 et 13
Tarifs : 5 euros, 4 euros réduit Jusqu’au 8 décembre 2013