Pourquoi faire un stage en 3A ?
A mesure que les semaines s’enchaînent, un sujet touche de plus en plus de discussions entre 2A: l’année suivante. La 3A. Tous évoquent le pays de leurs rêves, le stress de l’IELTS, les frénétiques lectures des rapports de séjours… Tous ? Non, une petite minorité résiste encore et toujours à la déferlante. Pour beaucoup, le stage est synonyme de contrainte l’année de tous les possibles, de galère de recherche, d’isolement. Pourtant, chaque année, environ 15% des étudiants optent pour un stage plutôt que la vie universitaire à l’étranger. La Péniche est partie à leur rencontre, à la recherche de leurs motivations, de leurs joies et de leurs déceptions. Et qui sait, peut-être, vous donner des idées ?
« Un choix personnel »
Christiane Laloy, responsable des stages de 3A à Sciences Po Carrières parle d’une « expérience totalement différente [de l’université] », d’un « choix personnel ». Force est de constater qu’en effet, les motivations des stagiaires sont assez diverses.
Pour Nina Llado, aujourd’hui en stage à la chambre de commerce franco-sud africaine à Johannesburg, le stage est un moyen de « faire quelque chose de concret après deux ans de cours plutôt théoriques à Sciences Po. »
« Je n’avais pas envie de me faire chier à bosser 8 heures par semaine dans une université qui ne sait pas comment me gérer », explique Simon* (les noms avec un astérisque ont été modifiés), plus franchement.
« Je n’avais aucune idée du master que j’avais envie de faire, et je ne me voyais pas en choisir un sans avoir touché de près ou de loin au monde du travail », pointe de son côté Charlotte Lang, l’actuelle présidente du BDE. Résultat des courses : deux stages, l’un dans un cabinet d’avocat à Berlin, l’autre dans une startup de parfums à New York. « Le stage c’est aussi l’occasion d’habiter dans deux pays différents, et de consolider deux langues. » Avis à ceux qui n’arriveraient pas à trancher entre deux destinations…
Même son de cloche du côté d’Alexandre Jamar, étudiant du campus de Nancy, qui effectue cinq stages dans autant de maisons d’opéra (Francfort, Dresde, Vienne, Zürich et Saint Petersbourg – il ne cache plus sa passion pour les déménagements). « Le stage était la seule option qui me permettait de combiner mon intérêt pour les sciences politiques et la musique », explique-t-il.
30% des stagiaires partent en entreprise, 15% en administrations françaises ou locales et 18% en ONG. Si un petit tiers d’entre eux restent en Europe de l’Ouest, ils sont 16% à choisir l’Afrique subsaharienne et 10% l’Asie.
« C’est un format plus libre que l’université, qui permet de se créer sa propre expérience », explique Christiane Laloy. Il permet également de visiter des destinations où il n’y a pas d’universités partenaires. Cette année, c’est le cas pour Monaco, le Cambodge, le Botswana, le Guatemala et le Luxembourg.
La galère de la recherche
« On ne va pas se mentir, pour trouver, c’est souvent le parcours du combattant », résume Charlotte.
Faibles compétences valorisantes à la sortie de Sciences Po, concurrence avec les masters, handicap linguistique, recherche à distance, il n’est pas aisé de trouver un poste (même si la marque Sciences Po reste un atout).
A cela s’ajoute la culture locale du travail, parfois très différente et donc déstabilisante. « Au Moyen-Orient, la notion même de stagiaire n’existe pas et se confond avec la période de pré-embauche, d’où la difficulté de trouver quelque chose », témoigne Nassim Larfa aujourd’hui en stage dans un journal, à Dubaï.
Il en résulte un certain stress, bien loin de la tranquillité que procure la procédure universitaire, plus encadrée et plus facile. Christiane Laloy prévient que « la recherche de stage demande une motivation très forte du côté de l’étudiant. »
Si certains trouvent leur stage à la dernière minute, d’autres ont très tôt leur convention de stage en poche.
Alors que Simon* avait déjà trouvé ses deux stages (Business France en Allemagne puis la Mission de Défense au Maroc) six mois avant son départ, Nina raconte, avoir « eu beaucoup de chance. J’ai vu l’annonce postée par l’ancien stagiaire, c’était la première candidature à laquelle je répondais, et je l’ai eu ! »
Beaucoup pointent du doigt Sciences Po Carrières, qui n’est pas d’un grand secours dans la recherche. Certains stagiaires de la promotion 2017 ont fait remonter le problème. En conséquence, une plateforme d’échanges entre 4A et 2A est mise en place cette année, afin de faciliter la prospection de stages.
Cette expérience de recherche demeure très formatrice, parce qu’elle donne au stagiaire de 3A un énorme avantage par rapport à ses camarades universitaires, une fois en master. En effet, après avoir sué et saigné sur les candidatures dans une langue étrangère, les lettres de motivation et autres CV n’ont plus de secret pour eux.
L’autre cheval de bataille des stagiaires de 3A, ce sont les frais de scolarité. Ils sont aussi élevés que pour les étudiants qui partent en université.
Pourtant, un stagiaire de 3A ne coute globalement rien à Sciences Po. Un collectif d’étudiants (« Non je ne paierai pas 100% de frais de scolarité pendant mon stage de 3A ») avait remis le 27 mars 2014 une lettre ouverte à Fréderic Mion, l’interpellant sur le sujet, et demandant un alignement du barème sur celui des étudiants en années de césure, qui paient 25% des frais.
Bilan de l’entrevue : « Monsieur Mion nous a expliqué que Sciences Po échange toute sa promo, stagiaires inclus. La place vacante d’un stagiaire est donc prise par un étudiant en échange. » Les frais de scolarité servent donc à maintenir les partenariats. Une déclaration n’ayant pas convaincu tout le monde…
Une expérience formatrice et une grande satisfaction
Tous témoignent en revanche d’une expérience très enrichissante. Nina est ravie de son expérience à Johannesburg, « pas tellement au niveau du boulot à fournir que du contexte dans lequel [elle] travaille ». Même enthousiasme chez Nassim : « Pour l’instant le stage dans le journalisme répond totalement à mes attentes. Le travail me plait énormément et les missions proposées me permettent d’avoir une approche concrète des difficultés auxquelles une petite structure peut être confrontée. ». « Une de mes meilleurs années », conclut même Charlotte.
Même si Alexandre apprécie son stage actuel à Francfort, il regrette néanmoins « le fait d’être un peu à l’écart de l’ambiance de l’Auberge Espagnole et d’une 3A de détente et de luxure. »
Pour ma part, actuellement en stage dans un cabinet d’avocat à Berlin, celui-ci s’est révélé très décevant. Pour autant, rien ne m’empêche de profiter à fond de la ville et de mon année (et de me trouver un stage de remplacement sur place, mais c’est encore une autre histoire) !
Pour Simon*, les avantages du stage sont nombreux : « Indépendance financière, expérience professionnelle, découverte d’un pays et d’un milieu, ligne prestigieuse sur le CV, il n’y a pas photo !«
Christiane Laloy confirme cette impression : les étudiants qui reviennent de stages sont en général plus matures. Sans oublier qu’avoir travaillé à l’étranger, pour de longs emplois, constitue une vraie expérience professionnelle valorisée.
Nina ajoute d’un point de vue plus personnel que « travailler avec des gens plus âgés, avec des préoccupations différentes des siennes fait énormément réfléchir sur ce que tu attends dans les dix prochaines années. »
Donc, chers amis de deuxième année, n’oubliez pas la possibilité du stage ! Envisagez-la et réfléchissez-y avant de faire votre choix définitif. Ne perdez pas de vue que l’important reste d’être conseillé par ceux qui sont déjà passés par là… Alors, à vos boites mails !