Sciences Po Model United Nations 2007 (II) – A l’intérieur du committee in session sur les droits de l’homme

Plongez avec moi dans l’univers fou d’un committee in session !

Pendant trois heures, des étudiants venus de tous les horizons ont débattu sur la question des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels.

En début de séance ? les représentants de certains pays tels que la France, l’Allemagne et la Canada, prennent la parole pour exposer la position générale de leur pays vis à vis de toute résolution qui serait présentée et des droits de l’homme en général. Notez que la règle veut, malgré quelques exceptions, que l’on représente un autre pays que celui dont on vient, puisqu’une Française représentait l’Inde et un Anglais représentait la France. Chacun doit indiquer lors de l’appel s’il compte ou non voter (« present » ou « present and voting »). Ensuite, les deux jeunes présidents de séance rappellent quelques règles de fonctionnement: ne jamais dire « je», mais « notre pays » ou « notre délégation », lever son carton, avec le nom du pays que l’on représente pour réclamer la parole, spécifier au début de chaque prise de parole si l’on accepte de consacrer le reste du temps imparti pour notre déclaration à des questions. Ces questions posées par les autres participants ne peuvent obtenir de réponse directe de l’intervenant car aucune discussion n’est autorisée entre les différents intervenants. Enfin, après chaque intervention, il convient de demander aux présidents l’autorisation de retourner à son siège. Ces derniers ont du faire preuve durant ces trois heures d’une forte autorité, bien qu’ils ne soient pas plus âgés que le reste des participants, pour maintenir le calme et réprimander les retardataires.

Après cette entrée en matière, la discussion a majoritairement porté sur deux résolutions, l’une proposée par le Canada et l’autre plus modérée proposée par la France. Chaque pays, suite à la lecture de la résolution, est en droit de proposer un amendement, qui, après que chaque point de vue se soit exprimé, sera accepté ou rejeté par vote à main levée. L’Allemagne propose par exemple, la suppression de l’article 13 de la résolution canadienne, qui accorde le droit d’asile inconditionnel aux LGBT victimes de discrimination dans leur pays, précisant que cette disposition serait inutile étant donné que des pays comme l’Allemagne accordent déjà le droit d’asile à toutes les personnes victimes d’atteinte aux droits de l’homme. Cet amendement est accepté.

Si on interroge les participants, la plupart ressortent ravis de cette expérience enrichissante comme par exemple une étudiante de Sciences Po qui représentait l’Inde au cours de ces discussions: « Participer à ce comité fut très instructif et nécessitait un long travail préparatoire de recherche, afin de comprendre la position du pays dont on est en charge. J’ai apprécié de représenter l’Inde, pays que j’étudie en programme Asie. La position de ce pays contre les homosexuels allait à l’encontre de ce que je pense et il fut intéressant pour moi d’essayer de comprendre les raisons de ce point de vue et de les défendre. Mon opinion personnelle mise à part, j’ai essayé de prendre du recul par rapport à ce que je représentais, c’est avant tout un jeu de rôle. » Malgré son enthousiasme, celle-ci souligne le fait que l’opinion des pays du Sud a été peu pris en compte lors de ce committee ce qui a permis l’acceptation de la proposition formulée par la France mais qui fut rejetée lors de l’assemblée plénière car les pays du Sud y étaient beaucoup plus nombreux.

Dans l’ensemble les discussions se sont déroulées dans une ambiance agréable malgré quelques « couacs » dus aux subtilités des règles de prise de parole que tous les intervenants ne maîtrisaient pas pour le mieux. De plus, certains pays ont en quelque sorte monopolisé la parole comme par exemple le Canada ou l’Allemagne profitant du fait que d’autres pays restaient dans l’ombre sans intervenir une seule fois durant toute la session. Un jeu de rôle des plus ambitieux donc, qui aurait mérité pour la richesse du débat que certains intervenants y soient mieux préparés !