Sacré dimanche à l’émission ‘Ripostes’

Où notre héros assiste au tournage de l’émission Ripostes et nous fait part de ses impressions.

Pas question d´y échapper : le rituel est immuable. La tradition veut en effet que toute la famille se retrouve réunie devant le petit écran selon une liturgie bien précise. Ainsi, l´office du matin est invariablement consacré à l´homélie de l´infaillible Daniel Schneidermann d´Arrêt sur images, tandis que les vêpres se font sous la direction bienveillante de Serge Moati, qui débat chaque semaine de l´actualité dans la langue des non initiés.

C´est donc avec un enthousiasme non dissimulé, je le confesse, que j´ai saisi l´occasion offerte par le BDE de Sciences Po d´aller assister à l´enregistrement de Ripostes. Rendez-vous à 18h au studio Gabriel (le bien nommé !), thème de l´émission, « Le nucléaire : tous aux abris ! ». A l´heure dite je rejoins donc la cohorte des fidèles qui battent le pavé devant l´entrée. A mon grand étonnement, j´apprends qu´un seul autre étudiant de Sciences Po effectue lui aussi ce pèlerinage. Une grande partie du public, environ quinze personnes, semble provenir de la même paroisse : tous arborent fièrement leur carte de l´UMP. L´un deux m´informe qu´ils accompagnent le député Pierre Lellouche, un des intervenants au débat, puis me livre son opinion éclairée sur certains des membres du plateau. Hubert Védrine ? Une pointure, un homme intelligent, assurément, pas de doute là-dessus, mais enfin, un peu « has been » quand même, n´est-ce pas, ça fait un moment qu´il n´est plus aux affaires? Azadeh Kian-Thiebaut ? Connais pas. Vous connaissez, vous ? Iranienne, j´imagine. Ah, une journaliste de RFI aussi, une spécialiste de la Corée du Nord, paraît-il, c´est ce que m´a dit la dame, là bas, qui place les gens dans la salle. Je sens toutefois son intérêt pour ma personne faiblir lorsque je lui apprends que je suis membre d´une association politiquement neutre (il est à craindre que mon jeu de mots sur l´aspect hors-bord de LaPeniche.net lui ait échappé…)

Après une heure d´attente, je confesse que le temps commence à me paraître un peu long, et que seule une passion véritable pour l´émission me permet de prendre la chose avec philosophie. Enfin, les portes s´ouvrent et nous sommes introduits dans le saint des saints. Je me retrouve assis derrière Serge Moati ce qui me permet d´observer à loisir les réactions des invités. Pas de véritables divergences de fond entre eux, ce qui nous évite les habituelles joutes partisanes et permet d´avancer dans le débat d´idées. Le maître de cérémonie semble au début assez inquiet de la tournure que prennent les choses et ne ménage pas les grands mouvements de bras pour inciter les uns et les autres à intervenir. Vous imaginez la Cène ! Il est vrai que les participants semblent un peu intimidés, à l´image d´Any Bourrier qui revient de Corée du Nord mais n´a malheureusement pas l´occasion de nous décrire ce qu´elle y a vu. Celui qui semble le plus à son aise est Pierre Lellouche, sans doute galvanisé par la présence de ses troupes massées juste derrière lui et qui hochent gravement la tête à chacune de ses interventions. L´émission est tournée dans les conditions du direct, sans coupures ni reprises, et tout s´enchaîne très vite. Au bout d´une heure, la messe est dite, il est temps de conclure, juste le temps pour Hubert Védrine et Pierre Lellouche de se chamailler à propos de Ségolène. Question de principe sans doute : se quitter sur une telle convergence d´opinions eût été inconvenant.

Après une telle expérience, je n´ai plus qu´une idée en tête : découvrir les coulisses d´Arrêt sur Images (surtout qu´on ne peut plus voir la version intégrale sur le site de l´émission) et pouvoir approcher Daniel Schneidermann. En attendant, je ne vis que dans l´espoir de rencontrer dans les couloirs de Sciences-Po son éminence grise qui est, m´a-t-on appris, président de la Commission Paritaire. Et me retrouver, par la même occasion, à seulement quelques coudées de Che Guevara.

L´émission est accessible en ligne sur le site de France 5 pendant une semaine

Un grand merci au BDE de Sciences Po, et en particulier à Marine Perrin, pour avoir réservé les places. Que grâce leur en soit rendue.

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