PPS 2019 #1 : Qu’est-ce que le PPS ? Témoignage des anciens

Depuis un moment, l’armée rouge rongeait son frein. Les triplétades ? Un premier moyen de se présenter. Le Mirabeau ? Une façon comme une autre de rappeler à la Province que Paris reste impériale. Le Descoings ? Une manière de s’affilier entre campus et de s’entraîner une fois de plus. Car le grand affrontement, la bataille finale, s’annonce plus clairement en cette fin de semestre. Alors que le printemps paraît, les cordes vocales s’accordent, et les mains s’acharnent fébrilement sur les claviers et les feuilles petits carreaux A4, pour faire sortir des têtes des participants du Prix Philippe Séguin les plus belles des merveilles orales.

La finale du PPS risque d’être, une fois de plus, l’un des événements majeurs de l’année. Rassemblant orateurs de talents et jury d’exception, elle promet une soirée enflammée par les mots mercredi 17 avril au soir. Mais avant de s’asseoir dans l’amphi emblématique de l’école pour se délecter des paroles de six élus parmi plus de trois cents participants aux sélections, intéressons nous d’abord à la demi-finale, qui se tiendra ce soir. Pour l’occasion, nous avons fait appel à d’anciens finalistes des précédentes éditions, qui ont accepté de nous délivrer d’éloquents témoignages, gages d’une nouvelle édition du Prix de qualité.

Tous nous ont prévenus : le PPS est un événement de « longue haleine » : écrire un discours par semaine pendant près d’un mois tout en conservant sa verve insolente, son ingénieuse répartie et son sens de la séduction, n’est pas chose que toutes et tous sont capables de réaliser. Lola, finaliste en première et deuxième année au Collège U et ancienne Présidente de SPK, parle de l’expérience de l’écriture en amont comme de « quelque chose de chaotique », en insistant sur le fait « qu’un bon discours est un discours bien préparé ». Avec un regard différent sur la forme mais similaire sur le fond, Simon (finaliste de l’édition 2016) nous confie que pour lui, « la phase d’écriture comporte une première phase très personnelle à base de nuit blanche et de scepticisme, suivie d’une phase de relecture et de partage à base d’alcools blancs et d’altruisme avec les potes ». Gabriel pense, quant à lui, qu’il est important de laisser une belle place au jeu, et de « s’amuser au sein des consignes auxquelles on répond ».

Il ajoute en effet, en guise de conseil pour nos demi-finalistes, qu’il leur faut « se faire plaisir sur leurs sujets sans se tracasser et chercher à plaire à tout prix, ou à coller à un discours-type, car au PPS, ce n’est pas ce qui est attendu. Ce que les gens retiennent, c’est la manière dont on s’affirme, nous et notre style ». Ainsi, autant ne « pas avoir de regrets et bien rigoler ». Pour Simon, le mieux à faire est de « ne demander aucun avis extérieur mais de tous les écouter. Ou l’inverse, [il] ne sai[t] toujours pas ! ». Il préconise aussi aux demi-finalistes d’ « inviter leurs amis s’ils en ont! Dans le cas contraire, ne pas hésiter à louer des figurants ». Lola conseille par ailleurs de rester, durant son discours, à l’écoute de son public, et de s’adapter à ses réactions : en somme, le dorloter pour se le mettre dans la poche. Car lors de sa deuxième performance en finale, c’est grâce au soutien du public qu’elle est sortie la tête haute d’une joute verbale l’opposant au journaliste Aymeric Caron, alors membre du jury.

Cette finale amena Simon pour la première fois sur le campus de Paris, et force fut pour lui d’admettre que « lorsque l’on vient de la mégalopole poitevine, l’amphithéâtre vous apparaît petit et sans envergure aucune mais convivial ». Lola ajoute malicieusement à propos des lieux, que « Boutmy c’est comme le reste, ça passe beaucoup mieux la deuxième fois »,  que comme deux chances d’aller en finale à la suite ne se présentent pas à tout le monde, il faut donner le plus possible dès la première fois.

Si nous savons que la tradition est généralement de discourir sur une phrase plutôt métaphysique, ou une citation de personnalité célèbre, nous ne savons pas encore des mots de qui les six finalistes devront faire l’apologie – ou la calomnie. Lola eut pour sa part à traiter des sujets tels que « Faut-il mener la Dolce Vita ? » et « Le passé est un pays étranger, on y fait les choses autrement qu’ici » (références respectives au film éponyme et au livre Le Messager), quand Gabriel a dû partir d’une citation de Sartre, et Simon d’un extrait de Voyage au bout de la nuit.

Pour les trois vieux loups du Prix, une chose est sûre, cette expérience s’impose comme une pierre angulaire de leur parcours d’étudiant au Collège U, un des « plus beaux moments de leur scolarité à Sciences Po », une soirée « marquante » dont ils gardent un souvenir heureux. Le PPS, du reste, c’est l’opportunité de récolter à la fois un baiser et un numéro de Michèle Alliot-Marie pour Simon, de se mesurer impunément à son jury pour Lola, ou encore de manquer de craquer sa cravate pour Gabriel, dans une tentative de simulacre de pendaison en guise de réponse à la question d’un juré.

Ainsi, le risque que vous ne vouliez pas assister à la finale est, nous en conviendrons, minime. Mais d’ici mercredi prochain, il y a la demi-finale ce soir, qui n’attend que vos yeux de spectateurs et vos oreilles d’amateurs de beaux mots, pour vous nourrir de rimes, de métaphores, de jeux de mots, et parfois d’humour.

Etienne de Metz