Le Shot, nouveau média made in Sciences Po contre l’infobésité

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Vous n’êtes surement pas passé à côté sur Facebook : « Le Shot », co-fondé par deux étudiants en Master, Samuel Belfond (un ancien de la maison) et Dylan Buffinton est le nouveau concept sciencepiste du moment. Quotidien gratuit qui arrive directement dans votre boite de réception à 7h, le Shot est une newsletter qui ambitionne d’allier concision, fiabilité et spontanéité. Peut-on vraiment faire comprendre l’actualité (ambition affichée sur leur page Facebook) en quelques paragraphes ? On est allés poser quelques questions aux deux co-fondateurs pour en savoir plus. 

Pourquoi avoir crée Le Shot ? Comment vous est venue l’idée ?

Dylan: Comme tous les sciences-pistes et plus largement les jeunes, on suit quotidiennement l’actu, on se renseigne via de nombreuses sources qui sont à notre disposition dans la presse, française autant qu’internationale. Mais on s’est aperçus qu’on était submergés par ces infos, qui étaient souvent soit superficielles (les alertes en pagailles et les brèves sur Twitter), soit totalement anecdotiques, et donc qu’il était difficile de comprendre l’actu en ayant peu de temps.

Samuel: On en est donc arrivé à ce constat qu’il fallait emprunter une voie différente afin d’offrir aux gens autour de nous l’essentiel de l’actualité et son analyse, les clés du monde qui nous entoure, si l’on veut. Et ce à travers un format qui se lise facilement, chaque matin, en 5 minutes.  C’est ainsi que nous est venu le concept du Shot.

Dylan : Comme c’est souvent le cas pour les start-ups, on a surtout créé un service qu’on aurait tout d’abord aimé avoir ! 

Vos newsletters sont uniquement en format texte, sans image, sans son, sans vidéo : un média 100% écrit, vous croyez que ça peut séduire ?

Samuel: Oui c’est vrai, on est un peu à contre-courant de la multiplication des sources d’information auquel chacun peut accéder aujourd’hui depuis son mur Facebook. On a pensé le Shot comme un média riche sur le fond et brut sur la forme, afin justement de se concentrer sur l’analyse et l’essentiel de l’actualité.

Quand on a 5 minutes le matin, qu’on est pressé et pas toujours très réveillé, il vaut mieux que notre lecture ne soit pas parasitée par des formats divers. Nous on préfère offrir, avec nos armes, une compréhension globale mais rapide des évènements du jour.

Dylan: Et c’est aussi une nécessité pratique! En se concentrant sur le texte, on veut permettre au gens d’avoir accès à l’essentiel de l’info du jour dans un ascenseur, le métro ou une salle au sous-sol entre deux réunions. Car c’est souvent quand on n’a pas de connexion internet qu’on a quelques minutes de disponibilité.

 La newsletter, en 2015, c’est pas complètement préhistorique ? Elle apparaît aujourd’hui comme un outil dépassé…

Dylan: Dépassé certes, mais en même temps tellement stable et pratique! Facebook ou Google mènent une guerre contre l’email classique en essayant de trouver des nouveaux modes de communication et d’échange. Malgré ça je ne connais personne qui utilise moins ses emails. L’email c’est la valeur sûre, qu’on consulte tous et qui permet de toucher le plus grand nombre de personnes rapidement.

Ce n’est pas un hasard si beaucoup de journalistes, américains notamment, on lancé dernièrement leurs propres newsletters. C’est un format spontané, facile d’accès et qui arrivent directement chaque matin, comme un journal dans la boîte aux lettres sans importants téléchargements ou mises à jour ? 

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L’équipe est aujourd’hui majoritairement sciencepiste : les étudiants peuvent-ils candidater pour vous rejoindre ?

Samuel: Effectivement, les chiens ne font pas des chats! On a fait nos classes à Sciences po avec Dylan, et il est certain qu’on apprend ici l’esprit de synthèse, la capacité à prendre du recul sur l’actualité. Il y a aussi ce “ton Sciences Po”, une maîtrise des codes qui permet plus de liberté dans le traitement de l’info.

On ne veut pas être guindés comme la plupart des médias traditionnels, et on a trouvé autour de nous des Sciences Pistes qui avaient ces qualités pour monter ce projet avec nous. On ne voulait pas nécessairement recruter des aspirants journalistes mais des gens motivés et légitimes pour traiter les différents pans de l’actualité.

Dylan: Mais attention, on ne veut pas tomber dans la private joke non plus ! L’équipe comprend des rédacteurs venus d’horizons très différents! On a recruté des étudiants à McGill, au Canada, et on reçoit depuis le lancement des candidatures variées, notamment de différentes écoles de journalisme (CELSA, ESJ).

Et si l’on espère bien sûr que notre projet intéressera les sciences-pistes, on veut viser plus largement les 18-30 qui veulent être informés tous les matins en 5 minutes, sur un ton plus libre que celui des médias traditionnels.

Samuel: Ça nous motive énormément de voir que ces candidatures spontanées, ainsi que l’enthousiasme général des gens autour de nous pour le Shot. On se dit qu’on peut répondre à une vraie demande!

Quelles sont les grandes échéances à venir, vos prochaines étapes de développement ?

Dylan: Nos deux priorités sont d’offrir la meilleure expérience de lecture à nos abonnés, en terme de contenu, et d’élargir cette base de lecteur afin d’être de plus en plus légitimes. Ca se passe bien pour l’instant, puisqu’on enregistre entre 50 et 100 nouveaux abonnés par jour, aux profils très variés !

Samuel: On est aussi en train de créer une communauté autour de nous de gens travaillant dans d’autres médias, des blogueurs, des journalistes web, qui ont chacun une spécialité comme le cinéma, la gastronomie, la technologie ou le sport. On aura donc bientôt chaque jour un contributeur extérieur qui apportera sa patte à une rubrique thématique, tout en conservant les codes du Shot.

Dylan: A terme, on pense à des voies pour monétiser notre projet. On a plein d’idées mais ça passe d’abord par beaucoup de travail pour élargir notre base d’abonnés fidèles et satisfaits!