Le rugby français, à l’aube de son grand rendez-vous
Vendredi 8 septembre 2023, a débuté la dixième Coupe du Monde de Rugby, retour sur les prémices d’un tournoi qui s’annonce déjà historique.
L’entendez-vous, cette petite mélodie des stades ? Les sentez-vous, ces soirées de fin d’été au bar entre collègues ? Car oui, the wait is over : elle est bel et bien là ! Comme chaque quatre ans depuis 1987, le monde de l’ovalie se rassemble pour un mois et demi de festivités, de joie et surtout de jeu. Et quel meilleur décor que notre chère France et sa ferveur populaire pour accueillir tel événement : des côtes basques aux coursives du Stade de France, la fête s’annonce totale ! L’été se prolonge et déjà les supporters du monde convergent dans un esprit léger de convivialité et de camaraderie, mettant de côté (temporairement) la rivalité sportive. Ainsi pouvait-on apercevoir ce matin dans les rues du quartier latin un groupe d’irlandais déguisé en leprechaun (petite créature issue du folklore irlandais), Guinness en main assurément, ou autres supporters australiens déboulant Place de la Concorde parés aux couleurs des Wallabies (petit kangourou australe faisant office de mascotte à l’équipe nationale).
Côté français, des attentes mais surtout un objectif : gagner !
Après six années d’attente, l’équipe de France est contre toute attente prête. Historiquement, inconstante, elle peut aujourd’hui se targuer d’une génération dorée et surtout d’un sélectionneur ambitieux qui a redressé les travers d’un rugby s’éteignant à petit feu d’année en année. Alors oui, depuis il y a eu des victoires prestigieuses (cf. Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie), un record d’invincibilité battue (14 victoires) et un Grand Chelem dans le Tournoi des Six Nations, mais il manque toujours cette coupe brodée sur la manchette de notre maillot, synonyme de victoire ultime. Toutefois la France s’est préparée à relever le défi avec en ligne de mire un objectif clair : soulever le 28 octobre prochain, la William Webb Ellis Cup et effacer à tout jamais le souvenir douloureux de trois finales perdues , les désillusions d’Auckland (1987 et 2011) et de Cardiff (1999). Malgré la blessure de son demi-d’ouverture, Romain Ntamack, le quinze de France pourra compter sur un effectif soudé mais surtout d’un capitaine, élu meilleur joueur de monde en 2021, Antoine Dupont.
Une issue qui n’a jamais été aussi imprévisible :
Le rugby et sa hiérarchie mondiale sont historiquement plutôt fermés, préservant un palmarès restreint de 4 nations lauréates (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie et Angleterre) mais les dernières années ont instillé un bouleversement de l’ordre établi. Aujourd’hui la tendance semble s’être inversée en faveur des nations de l’hémisphère nord qui semblent mieux armées que celles du sud. Ainsi plâne une incertitude qui n’a jamais été aussi croustillante à l’orée du pinacle. Parmi les prétendants naturels au titre, trois nations, en plus des bleus, se dégagent du paysage. En première ligne, les tenants du titre sud-africain : véritable machine d’efficacité, ils ont infligé une correction historique (35-7) aux All Blacks en match de préparation, et arrivent donc en France, imbibé de confiance, avec la ferme intention de faire la passe de deux, entre autre, de succéder à leur triomphe japonais. En deuxième rideau, on retrouve l’Irlande, théoriquement meilleure nation du monde au bilan comptable (première nation au classement World Rugby) mais surtout elle est la nation qui balaye tous ses adversaires depuis un an et demi avec à la clé un grand chelem dans le Tournoi cette année, réussiront-ils enfin à dominer leur démon des quarts de finale ? Pas sûr lorsque l’on est quasiment assuré de défier l’un des deux golgoths vainqueurs de la Poule A (France ou Nouvelle-Zélande). Troisième volet, c’est bien évidemment cette dernière : la Nouvelle-Zélande ! Malgré les discordes internes à la fédération et le jeu maladif proposé par son quinze, la Fougère nourrit, de par son ADN, une culture de la gagne et il serait sôt pour tout bon prétendant qui se respecte de ne pas les prendre comme tel. On pourrait également mentionner les équipes argentine, australienne, écossaise, anglaise ou encore fidjienne qui peuvent, légitimement, prétendre jouer les troubles fêtes et empêcher les favoris de dérober « Billy » (surnom donné au trophée).
Un match d’ouverture qui donne le ton :
Après une cérémonie d’ouverture étrange et surtout bien franchouillarde qui avait pour décor un village paillard des années 50’ parsemé de stars de l’hexagone (Jean Dujardin, Adriana Karembeu), prenait place un choc tant attendu : France versus Nouvelle-Zélande. Dans son antre incandescent, drapé de son nouvel habit et après un haka atténué par les sifflements, les bleus ont livré un premier élément de réponse aux attentes avec une démonstration de classe, score final 27 à 13 ! Déstabilisé par la pression en première période, les hommes de Fabien Galthié, sûrs de leur force, ont su profiter de l’indiscipline des hommes en noir pour exalter un public en liesse. Cette première clé de lecture ne doit pourtant pas leur porter préjudice, la Coupe du Monde est encore longue et la liste de blessés peut le devenir aussi. La preuve : hier soir c’est Julien Marchand, talonneur titulaire indéboulonnable, qui sortit au bout de 10 minutes de jeu, touché aux ischio-jambiers de la cuisse gauche, une mauvaise nouvelle qui, on l’espère, ne portera pas préjudice pour la suite de l’épreuve. Malgré tout, battre la meilleure équipe de l’histoire ne peut être une mauvaise nouvelle pour la bande à Dupont. Avec une équipe hôte ressuscitée, un public galvanisé, la coupe du monde est enfin lancée : alors que la fête commence !