Interview (III) : La loi sur la réforme des Universités vue par Vincent Uher, pour la section UNI Sciences Po

Après l’Unef et Nouvelle Donne, c’est au tour de l’UNI de nous révéler son point de vue. Selon le syndicat de droite universitaire, la LRU doit être défendue, coûte que coûte !

LaPéniche.net : Etes vous pour ou contre la réforme des universités, et pourquoi ?

Vincent : A l’UNI, nous sommes résolument favorables à la réforme des universités, que nous appelons de nos vœux depuis si longtemps. Comment nier l’échec de la situation actuelle ? Un triple constat s’impose :
– 90.000 étudiants sortent chaque année du système de formation sans diplôme.
– 50% des inscrits en première année à l’université sont en situation d’échec au terme de leurs deux premiers semestres.
– Un an après avoir obtenu leur diplôme, 53% des diplômés universitaires à bac+4 sont toujours sans emploi… Sans même parler des non diplômés !
Alors oui, nous nous félicitons de ce que la loi Pécresse, à laquelle l’UNI a contribué, fasse bouger les lignes dans le sens de l’ autonomie des universités, de la professionnalisation des cursus et de l’excellence. Qui peut sérieusement s’opposer :
– à une professionnalisation des formations incluant des stages et des modules professionnalisants ?
– à une meilleure orientation des lycéens comme des étudiants ?
– à un rôle plus actif du président d’université, qui sera responsable devant les conseils des succès et des échecs de sa faculté ?
– à ce que les universités deviennent propriétaires de leurs locaux, et puissent les gérer de manière autonome ?
– à ce que le président d’université puisse gérer ses ressources humaines en embauchant par exemple des professionnels pour dispenser des cours ?
– à l’augmentation du budget de l’enseignement supérieur de 5 milliards en 5 ans ?
– au doublement des bourses au mérite ?
– à la déductibilité des dons aux fondations universitaires ?
Globalement, c’est le modèle qui marche à Sciences Po, à Dauphine ou encore à l’étranger que le gouvernement essaye d’étendre aux universités françaises. Si la plupart des universités du monde ont adopté ce système, ce n’est pas le monde entier qui a tort, mais nous qui n’avons peut être pas raison !

LaPéniche.net : Quelles actions allez-vous mener afin de soutenir votre position vis-à-vis de cette réforme ?

Vincent : Une première chose, c’est que notre délégué national, Olivier Vial, dialogue constamment avec les membres du cabinet de Mme Pécresse, qu’il rencontre plusieurs fois par semaine. Nous sommes également en contact suivi avec les députés de centre-droite de toute la France pour faire passer nos propositions pour approfondir le mouvement de réforme qui a été lancé.
Deuxièmement, notre présence dans les conseils (1000 élus UNI à travers toute la France) nous permet d’accompagner l’application de la loi LRU. La possibilité donnée aux universités d’employer des vacataires en bibliothèque devra être exploitée, ce que nous espérons bien obtenir à Sciences Po.
Troisièmement, les militants de l’UNI agissent dans les prétendues AG contre les blocages, informent les étudiants, ont participé à la manifestation organisée à Paris dimanche contre les blocages par « Liberté chérie »… A Sciences Po, nous restons vigilants et veillerons à ce qu’aucune minorité agissante ne puisse agir contre notre liberté d’étudier ! J’ajoute aussi que l’UNI va entamer des actions en justice en référé pour demander le déblocage des universités.

LaPéniche.net Quelles sont vos propres propositions pour faire face à la crise des universités ?

Vincent : Dans l’immédiat, la priorité est à l’application effective de la loi Pécresse relative aux libertés et responsabilités des universités.
Mais d’autres chantiers attendent le gouvernement, ne serait-ce que la mise en œuvre d’autres préconisations du rapport Hetzel « universités-emploi » remis l’an dernier à D. de Villepin. Deux directions s’imposent comme nécessaires à une réforme d’ampleur :
– l’approfondissement du caractère « actif » de l’orientation : les universités doivent avoir plus de liberté dans le recrutement des étudiants ;
– le développement des ressources propres des universités : les universités américaines par exemple bénéficient des mêmes fonds publics que leurs homologues françaises (0,9% du PIB aux Etats-Unis, 1% en France), mais pas des mêmes budgets (2,7% du PIB aux Etats-Unis contre 1,1% en France) !
A court terme, s’agissant des conditions de vie des étudiants, l’UNI propose que des solutions simples et efficaces soient mises en place : en matière de logement étudiant notamment, l’UNI demande deux choses :
– sa prise en compte dans le quota de logement sociaux (un amendement à la loi SRU sera déposé prochainement par des parlementaires amis), ce qui permettrait d’ailleurs de débloquer le dossier de la résidence de Sciences Po à la Cité U ;
– et le développement de l’offre locative privée (notamment par une révision des droits respectifs des bailleurs et des locataires). L’UNI invite les lecteurs de lapeniche.net à discuter de la question de la réforme des universités lors du débat qui sera organisé avec l’UNEF Sciences Po, probablement jeudi 22 à 14h45 (se référer à notre site ou notre lettre d’information).