In3yable 3A, épisode 4 : Safari périlleux, courses-poursuites dans le désert et Reine des Neiges
Imaginez-la, le front en sueur, les baskets d’aventurière imprégnée de la terre rouge africaine et la boule au ventre, entourée de soldats à la frontière botswanaise. Cette aventurière, c’est Raphaëlle, étudiante en troisième année partie en Afrique du Sud, pays à la culture mosaïque et au passé polychrome. En effet, Raphaëlle demande en premier vœu l’université de Stellenbosch mais adresse ses cinq autres vœux à des universités étasuniennes histoire de rassurer papa et maman. L’émotion est alors double quand les résultats arrivent : joie de découvrir de nouvelles terres du berceau de l’humanité et crainte de rester à 12000 km du cocon familial pendant 10 mois. Sa rentrée déjà en juillet, pas le temps de profiter des vacances, Raphaëlle s’installe sur le campus universitaire et s’inscrit à des cours de théologie, de photographie, d’afrikaans, de xhosa et de psychologie.
L’ex-pays de l’apartheid, tout un monde à part ?
Très vite, Raphaëlle s’habitue à la vie du Sud et remarque dans le même temps les particularités de la société sud africaine. Vingt ans après l’Apartheid, le régime de ségrégation raciale semble encore avoir laissé ses traces. Avec 76% de Noirs africains, 9% de Blancs, 9 % de « coloured people », force est de constater une vraie ségrégation spatiale. “J’ai eu l’occasion d’aller à Cape Town et Stellenbosch ; ce sont des villes très “blanches”. J’ai pu voir des mesures ouvertement racistes. Il existe encore des bars dans lesquels les noirs sont refusés.” Dans le milieu universitaire ce racisme est moins présent, sinon plus implicite ; “dans les dortoirs, il était rare de voir des collocations ethniquement mixtes”.
Rencontres enchantées
Bien que la vie associative soit bien moins dense qu’à Sciences Po, Raphaëlle parvient à intégrer la chorale de l’université et celle de la paroisse. À travers la chorale universitaire, elle fait des rencontres uniques et découvre la richesse de la culture du pays. “Lorsque j’ai entendu pour la première fois la chorale interpréter l’hymne national en 5 langues différentes, j’ai été très émue. J’ai pu avoir de vrais échanges avec chacun des choristes.” Cette chorale est pour elle le reflet d’un pays uni dans sa diversité et ses différences.
Quand le road-trip devient very bad tripMais rappelons-le, la 3A de Raphaëlle est loin du long fleuve tranquille. À l’occasion de ses vacances de décembre à janvier, notre aventurière organise avec deux amies, l’une allemande et l’autre française, trois semaines de road-trip au Botswana et au Zimbabwe, trois semaines de randonnée et de découvertes naturelles. Mais avant de voir de les Victoria Falls et les girafes, une véritable épreuve du feu attend nos touristes. Après trois changements de voitures de location, des frais vertigineux à avancer aux compagnies et quelques sueurs froides, elles parviennent à partir pour le Zimbabwe. Arrivées à la frontière entre Bostwana et Zimbabwe, les choses se compliquent pour les novices du voyage à l’africaine. Elles sont arrêtées par des militaires et questionnées sur le motif de leur voyage. Le Zimbabwe connaît un contexte politique très instable mais malgré les circonstances politiques, le questionnaire que subissent les jeunes filles relève davantage de la drague ou encore du pot de vin que de l’investigation. Les militaires leur demandent leurs numéros de téléphone ou si elles sont mariées, puis tentent de négocier le prix de leur passage… Bref, tout ce qu’il y a de très charmant et honnête.
Course poursuite dans le désert sur fond de Reine des Neiges
Quelques kilomètres après avoir passé la frontière, Raphaëlle et ses amies, soulagées, profitent du paysage digne d’un safari-photos. Mais en un instant, elles aperçoivent un pick-up les rattraper, venant de nulle part et leur faisant signe de s’arrêter. Ne sachant s’il s’agissait d’une milice botswanaise, elles ralentissent sans arrêter le véhicule mais voyant une dizaine d’hommes armés et pas très sympathiques, elles se mettent à accélérer. Une véritable course poursuite au milieu du désert est alors lancée, et après quelques kilomètres, grâce à un troupeau de zèbres traversant la route, l’allemande et les françaises parviennent à semer le pick-up, le tout sur le “libérée délivrée” de la Reine des neiges.
Une 3A vers l’essentiel
Passionnante, rebondissante et intense cette année aura été. Raphaëlle a chanté, fait de la photo et de la randonnée, tout ce qui lui plaisait. Après ces 10 mois inoubliables, elle s’est attachée à l’Afrique du Sud, à Stellenbosch et son retour en France a eu un goût particulier. Adieu la théologie, l’Afrikaans et la photo, elle est actuellement en master Carrières Juridiques et Judiciaires et garde un souvenir intact de cette 3A.“J’ai énormément appris sur le pays mais également sur ma personne. J’ai appris à mieux me connaître et j’en ressors plus consciente des choses qui comptent vraiment pour moi.”
Magalie Danican
Crédits photo : Raphaëlle Seux