Hip-hop victorieux pour la première de SPAUIT
Mardi 3 avril s’est tenue pour la première fois la finale du concours “Sciences Po A Un Incroyable Talent” (SPAUIT pour les intimes), une compétition concomitamment orchestrée par Sciences Po TV et le BDE. Le jury a dû faire son choix parmi neuf prestations surprenantes, incluant cinq chanteurs dont un trio de guitare et de chant, deux danseurs, mais aussi de l’illusion et un spectacle de drag queen. Dans une ambiance rythmée par les exclamations du public et un show des pom-pom girls, la victoire a été triomphalement décrochée par Inès Ramdane.
Une soirée pour dénicher des talents
La compétition, qui deviendra peut-être un événement récurrent de la vie étudiante, oppose des talents artistiques différents pour la première fois. D’autres écoles organisent leur propre show, il n’y avait pas de raison que Sciences Po n’en fasse pas autant. Mais à l’orée des qualifications, une question subsistait : face au grand nombre de membres d’associations artistiques, comment les candidats sont-ils sélectionnés pour la finale ?
Un jury de six étudiants des associations organisatrices désigne neufs talents sur une quarantaine de prétendants. Beaucoup de chant et de danse, du piano, des poèmes… “On a avant tout choisi les candidats pour leur niveau et leur performance. Certains sont sortis du lot assez facilement. D’autres étaient davantage en ballotage, pour trancher, on a préféré la diversité” explique un membre de Sciences Po TV.
Devant l’estrade, un jury professionnel et incisif
Le jury se composait de sept professionnels du spectacle et de Bénédicte Durand, qui a d’ailleurs participé, plus ou moins rassurée, au spectacle d’illusion. Deux chercheurs de talents de l’émission originale “La France A Un Incroyable Talent” sont venus pour dénicher une possible pépite. Dans les membres du jury, on reconnaît l’humoriste Paul Taylor, dont on a pu voir les affiches dans le métro pour son spectacle “Franglais”. Deux acteurs étaient aussi au rendez-vous. Gwendoline Gourvenec (Le Petit Spirou) s’est prêtée au jeu.
Quant à Jean Benguigui, acteur dans Mission Cléopâtre ou bien Nos Jours Heureux, il s’est montré encourageant et parfois percutant. Pour la suite, Oscar Anton et Lena Ka sont auteurs-compositeurs-interprètes, l’un ayant signé un contrat avec Universal, l’autre coach à l’Eurovision. Ils ont pu accorder leur conseils techniques aux chanteurs et particulièrement au trio. Toujours dans ce domaine, François Welgryn est le parolier de nombreux chanteurs à succès comme Garou, Johnny Hallyday ou Céline Dion. Les organisateurs voulaient “des personnalités reconnues et appréciées des jeunes, […] surtout un jury artistique absolument pas politisé, ce qui est plutôt original à Sciences Po”.
Du show de Drag Queen au chant lyrique allemand
La soirée a débuté avec Mariana Abreu, étudiante de première année et originaire d’une famille portugaise qui “chante tout le temps”. Son interprétation mélodieuse du morceau soul “Some People Want It All” d’Alicia Keys a rapidement imprégné la salle. Vêtu d’un pyjama argenté, Tony a pris la suite et virevolté dans un rythme très rapide. Sa prestation de danse était un habile mélange entre son expérience de hip-hop, le dancehall ou style de danse découlant du reggae, et le contemporain qu’il a pu trouver à Sciences Po.
Pour la performance suivante, Bastien Nardon et Dana Oum formaient le seul duo de chant avec un accompagnement à la guitare. S’ils sont tous les deux membres de Souls, la chorale a capella de Sciences Po, Dana participait pour se tester et ne s’attendait pas à être retenue aux sélections. Elle se présentait donc pour la première fois devant un grand public. Leur interprétation de “Wicked Game” par Chris Isaak pouvait être « plus canalisée » selon Jean Benguigui, mais leur beau grain de voix et le charme du trio a été apprécié.
S’est enchaînée un show très inattendu de drag queen par Daisy Philipps, nom de scène pour un personnage portant manteau de fourrure et justaucorps en dentelle noire. Elle a d’abord dansé sur une musique de Céline Dion avant d’enchaîner plus sensuellement sur “Toxic” de Britney Spears. Son courage a convaincu le jury et le public, puisque ce dernier lui a attribué la deuxième position.
Le prix du jury pour Inès Ramdane
Autre surprise de la soirée: un chant allemand par Domitille Fehrenbach, seule voix lyrique de la compétition. Barthelemy Bidegaimberry a lui présenté le numéro d’illusion, d’abord un jeu de calcul -études en SMAAS obligent- puis de cartes en convoquant Bénédicte Durand et Jean Benguigui. Pour clôturer, Elyon Brami a rappé sur ses propres textes dans un rap “classique” puis avec des influences de comédies musicales. Il fait lui-même partie d’un groupe de rap nommé PREC.
Mais le prix du jury et du public a été attribué à Inès Ramdane pour son show de hip-hop et son beatmaking. La deuxième chanson est l’un de ses propres morceaux instrumentaux. Grande habituée des compétitions, elle danse à Art’Core et fait des concours chorégraphiques avec son crew “Légendes Urbaines”. “Il y a quelques années, j’ai fait top 16 du Juste Debout, le plus gros battle du monde” explique-t-elle. Sa danse a captivité la salle: gestuelle très rapide, elle bouge et “bloque”, ses mouvements paraissent tantôt harmonieux tantôt comme fragmentés. Son expérience du hip-hop saisit rapidement.
“Je veux que le public découvre, à travers le mouvement, ce que je suis en tant que personne, car la danse est un art sincère” raconte-t-elle. Le jury a loué une “vraie artiste” et ses mises en scène tout le temps cassées. C’est à l’unanimité qu’il lui a décerné la victoire, tout comme le public invité à voter.
Certains candidats ont déjà une grande expérience artistique, pour d’autres c’est leur première exposition devant le public. Peut-être les compliments du jury inciteront-ils certains à envisager des carrières artistiques, parfois un peu réprimées par les études qui les renvoient au rang de loisir. Mais au-delà de la technique, le plaisir des candidats de partager leur création était frappant !