François-Xavier Demaison: portrait d’un financier devenu humoriste
Après Anne Roumanoff l’année dernière, François-Xavier Demaison était l’invité d’honneur d’une des huit conférences organisée par le Réseau 27. L’ambiance se veut conviviale et décontractée ; une anthologie des spectacles de Demaison faisant patienter le public. La rencontre est donc bel et bien placée sous le signe de l’humour, mais il s’agit aussi de découvrir comment quelqu’un peut opérer un changement si radical de carrière, passant de fiscaliste à humoriste et acteur.
« Tu veux être écrivain, pourquoi ne pas faire Science Po ? tu veux être peintre, qu’est-ce t’empêche de passer par la rue Saint Guillaume ? La culture n’a jamais fait de tort pour exercer ces métiers, bien au contraire » assène Demaison, qui a suivi les enseignements du cours Florent, en parallèle de sa double maîtrise de droit, avant de réussir le concours de la rue Saint-Guillaume. Sa passion mise de côté, il se consacre à ses études d’éco-finance, promotion 1998. Son diplôme en poche, il devient auditeur puis fiscaliste chez PricewaterHouseCoopers. Le manager Demaison devient rapidement un parfait businessman, ce qui lui permet d’obtenir un poste à New York.
Le 11 septembre et l’effondrement des twin towers vont le marquer à vie. « Tout le monde est descendu dans la rue. J’ai marché des heures jusqu’à chez moi en croisant des hommes et des femmes couverts des cendres. C’était l’apocalypse, une vraie vision de fin du monde avec des odeurs de plastique brûlé insupportables. À partir de là, je me suis dit: la vie est trop courte, ma place est ailleurs ». Il s’agit désormais de définir cet « ailleurs ». Pourquoi tout quitter, le confort d’une vie toute tracée ? « Choisir cette voie, c’était forcément prendre un risque » analyse-t-il aujourd’hui. La transition n’est pas si aisée: s’ensuivent trois années difficiles pour le comédien, qui, pour vivre, se résout à jouer dans des publicités pour des casseroles Tefal. Sa rencontre avec Samuel Le Bihan, qui accepte de devenir son producteur, change la donne. Sa deuxième carrière est véritablement lancée par son rôle de Coluche dans le film d’Antoine de Caunes. S’enchaînent ensuite plusieurs rôles : pion dans Le Petit Nicolas (5,5 millions d’entrées), avocat dans Divorces ou encore médecin halluciné dans Le Premier Jour du Reste de ta Vie. Le public commence aussi à s’intéresser aux personnages croqués avec humour par Demaison, dont le spectacle s’envole et devient un véritable triomphe, joue au Casino de Paris comme à l’Olympia. L’acteur qu’il est aussi tourne aujourd’hui avec les plus grands réalisateurs: Emir Kusturica ou encore Jean-Paul Rappeneau. Un nouveau spectacle, prévu pour 2011, est en cours d’écriture.
François-Xavier Demaison assume totalement son héritage, sa formation avec Sciences Po et ses premiers jobs. Ces différentes étapes ont nourri son œuvre et son identité et l’aident à gérer tous les aspects de sa vie professionnelle. « Ma formation m’aide à prendre des décisions rationnelles tout en écoutant mon cœur » déclare-il. « Impossible d’avoir des regrets ! ».