Chicago : Doctor Heat and Mister Freeze
Voici le premier opus d’une série que nous espérons prospère, en association avec Transatlantique, d’articles sur les Etats-Unis, la culture américaine et les relations franco-américaines… Le premier de ces témoignages franco-américains est celui de Quentin Lopinot, qui nous parle de Chicago, où il a vécu plusieurs années.
Le réchauffement climatique nous menace chaque jour davantage : la banquise fond à la vitesse grand V, des centaines d’espèces sont en voie de disparition, et il fait 25°C à Paris en avril… De telles perturbations sont difficilement compréhensibles, voire supportables sous certaines latitudes : mais c’est oublier qu’il est, en ce monde, des endroits où le climat est – et a toujours été – complètement fou. En réalité, il s’agit d’un endroit en particulier : la troisième plus grande ville des Etats-Unis, sans doute la plus belle ; je parle bien évidemment de Chicago.
Car Chicago – qu’on prononce là-bas « Chicaaaago » – c’est avant tout the Windy City : et si vous vous y êtes déjà rendu, vous comprenez pourquoi. Les vents froids du Lac Michigan, que nos amis Canadiens envoient à tours de bras (d’où le semblant de mépris des Chicagoans pour leurs voisins), martèlent incessamment les gratte-ciels de la ville de l’Illinois. Petit exercice pratique pour tous les visiteurs : au sommet de la Sears Tower, la plus haute tour du pays (et la plus haute du monde jusqu’à ce que des Malaisiens n’ajoutent traîtreusement des pylônes inutiles sur la leur), vous pouvez voir en fixant un point au sol que le bâtiment oscille.
Pourtant, ce qui est vraiment étonnant, c’est que les changements de température sont particulièrement brutaux et précoces: dès novembre, les chapkas, ou les bonnets Chicago Bulls pour les plus audacieux, poussent sur toutes les têtes. Ils ne disparaîtront qu’en mars, avec quelques réapparitions absolument imprévisibles ; ainsi, on a déjà vu neiger à Chicago en plein septembre ! Pour la petite histoire, l’été le plus frais de l’histoire de la ville, le thermomètre affichait 29°C, et surtout durant l’hiver le plus chaud (1983) le mercure n’est descendu « qu’à » -23°C…
Or Chicago est une mégalopole, donc les quelques 2,8 millions d’habitants n’ont pour autre choix que de continuer à vivre normalement durant ce long hiver. Cela signifie par exemple que les avions continuent de décoller et d’atterrir d’O’Hare International, ce qui explique pourquoi les Chicagoans ricaneront toujours devant la panique occasionnée par 2 misérables centimètres de neige sur nos pistes ou nos autoroutes françaises. Mais il est une autre activité hautement emblématique de Chi-Town qui est soumise aux aléas climatiques : le sport.
Les mythiques Chicago Bears (football américain), les légendaires Chicago Bulls (basket), les Cubs ou les White Sox (baseball)… autant de franchises qui font de Chicago l’une des villes les plus titrées dans toutes ces disciplines ! Les mauvaises langues aiment justement expliquer ceci par cela : certaines équipes, peu habituées à un tel climat, n’apprécient que très moyennement d’avoir à jouer à Chicago en plein hiver. Lors de la demi-finale de football qui a opposé Chicago à la Nouvelle-Orléans le 21 janvier dernier, les Sudistes ont du jouer en pleine tempête de neige, avec une température qui aurait frigorifié même un étudiant Erasmus islandais.
Chicago reste une ville emblématique, mythique des Etats-Unis : haut-lieu de la culture et de l’art moderne, société ouverte et progressiste, centre universitaire mondial… font que, lorsqu’on se promène dans les rues de Chicago, on perçoit une certaine atmosphère que l’on ne retrouve pas vraiment dans les autres grandes cités américaines. Alors évidemment, c’est la ville de Capone et des Incorruptibles, évidemment c’est la ville des Blues Brothers et d’Ernest Hemingway : mais ce n’est pas tant la riche histoire de Chicago qui la rend particulière que sa vitalité, son immense diversité ; Chicago est une ville dynamique et incroyablement vivante. Le poète Carl Sundberg disait autrefois « Voilà la différence entre Dante, Milton, et moi. Ils ont écrit sur l’enfer sans jamais y avoir jeté un oeil. J’ai écrit sur Chicago après des années à regarder cette ville » : la ville a aujourd’hui bien changé et n’a plus rien d’infernal, si ce n’est peut-être ses étés !
Quentin Lopinot est l’auteur de cet article, pour son association Transatlantique. Voici, en annexe, une note de Transat’ destinée aux étudiants de Sciences Po…
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One Comment
Pierre
aaah Chicago, tempête de neige le lundi, 25° le mercredi, re-tempête le vendredi, et tout ca avec 60km/h de vent en moyenne ^^
ville ouf