Carnet de voyage : le Monténégro en tandem

Le voyage réalisé par Mathys, Anne et Emilio à travers le Monténégro a été intégralement financé par l’Association Sportive de Sciences Po. À travers ce récit de voyage, les membres de l’expédition souhaitent remercier l’association pour son investissement.

Pays peu connu, le Monténégro se situe en l’Europe de l’Est. Il est entouré de la Croatie, la Serbie et l’Albanie. C’est dans ce pays, indépendant depuis 2006, qu’Anne, Émilio et moi-même avons décidé de partir. Notre objectif est simple : en faire le tour en vélo, en passant par l’Albanie.

Mathys, Emilio et Anne ont entrepris un voyage en tandem de plus de 400 kilomètres

C’est le 2 juillet que je rejoins Anne et Emilio à Podgorica, par avion. En attendant le tandem, qui n’est pas arrivé avec moi nous découvrons la capitale Monténégrine. Cette ville de 70 000 habitants est plutôt calme. Les chants des cigales rappellent les villes du Sud de la France. Podgorica, c’est là que commence notre initiation à la cuisine du Monténégro. Nous goûtons le burek, une pâte feuilletée à l’intérieur de laquelle on met du chèvre, des épinards ou de la viande.

Des dizaines de kilomètres en montagne

Notre voyage commence véritablement le 3 juillet. Le tandem est arrivé la veille, et c’est sans trop de difficulté que nous l’avons monté. Après avoir loué un vélo, nous voilà partis sur les routes du Monténégro. Nous commençons notre périple par une longue montée. Heureusement, les splendides paysages font office de récompense. Petit à petit, nous nous habituons au pays : sa cuisine, ses paysages, ses habitants. Pour les premiers jours du voyage, nous sommes accompagnés de Vlajka, une amie Serbe de Emilio. Cette dernière nous initie aux traditions locales. Nous sommes agréablement surpris par le prix des produits qui sont deux à trois fois moins chers qu’en France : le budget que nous avons prévu ne sera à priori pas dépassé ! Après 30 km, en pleine montée, au beau milieu de la nature, nous décidons de nous arrêter et montons notre campement.

C’est sous un soleil de plomb, et après avoir presque épuisé nos réserves en eau, que nous commençons notre deuxième étape. La première partie de la journée s’annonce difficile. Heureusement, en pleine campagne, nous trouvons un restaurant où nous nous arrêtons pour remplir nos bouteilles d’eau, manger et recharger nos batteries. Lorsque nous repartons du restaurant, nous continuons la montée et arrivons dans la jolie ville de Cetinje. En fin de journée nous commençons la longue montée entre Cetinje et Kotor, et montons le campement encore une fois dans la nature, après 15 km de montée.

« La nuit froide et l’effort ont bien entamé mes forces. »

La nuit froide et l’effort ont bien entamé mes forces. C’est avec un mal de tête, une envie de vomir et de la fièvre que je me suis réveillé. Nous décidons de retourner à Cetinje, la ville la plus proche, en stop avec Anne et Vlajka, pour aller consulter un médecin, alors que Emilio garde le campement et les vélos. Nous avons de la chance : le premier automobiliste s’arrête et nous emmène directement dans un dispensaire médical. Après quelques soins un peu rudimentaires mais suffisants pour me remettre en forme, je reste me reposer dans la ville pendant que Anne et Vlajka retournent au campement et rentrent avec Emilio, les vélos et toutes les affaires. Nous passons la nuit dans une chambre d’hôtel à Cetinje.

Le lac de Skadar, situé à la frontière entre le Monténégro et l’Albanie

Le lendemain, c’est au tour d’Emilio d’être malade. Malgré tout, nous partons direction Kotor. Il reste encore une montée de 15 km avant d’être récompensés par une longue descente de 30 km. Après plusieurs pauses nous parvenons à un restaurant où nous faisons une longue halte afin de permettre à Emilio de se reposer. Il reste encore quelques kilomètres avant le sommet de la côte. Arrivés en haut, nous nous arrêtons pour goûter des produits locaux : jambon, Sårr (fromage de brebis), miel de montagne… Mais il est déjà 19h et nous ne pouvons pas trop nous attarder. La descente jusqu’à Kotor est magnifique. Elle offre de superbes vues de la montagne entourée par la mer. Il est 21h lorsque nous trouvons un lieu pour camper dans la nature. Il reste encore une dizaine de kilomètres avant d’atteindre Kotor.

Après un peu de vélo pour aller jusqu’à Kotor, nous faisons une petite visite de la vieille ville. Nous visitons une église. On sent qu’on a changé d’atmosphère. Après les villes de montagnes, nous voilà sur la côte. Il y a plus de monde, plus d’agitation, plus de restaurants et les prix sont plus élevés. Nous faisons ensuite un tour de la baie proche de la ville de Kotor. Il fait plus de 30°C, ça donne envie de se baigner. Cela tombe bien, il y a plusieurs plages autour de la ville permettant à Emilio et Anne de se rafraîchir.

Soudain, l’agitation du bord de mer

Depuis que nous sommes arrivés près de la mer, les routes ont changé. Les routes calmes et tranquilles des montagnes ont laissé place à des routes bruyantes avec une circulation dense. Nous faisons un stop un peu avant Budva afin de manger et se baigner. Nous découvrons ensuite la ville de Budva le soir. Il y a une fête foraine, des gens qui joue de la musique avec des instruments traditionnels comme le Darbua et le dusla. L’ambiance est plus internationale, nous entendons même une chanson française, «Bisox Eskimo» de Pigloo.

Ce soir-là, il a été difficile de trouver un campement pour la nuit. Faute de mieux nous avons dormi dans un parc, tout près de Budva. Seulement, dès notre réveil un homme nous ordonne de partir. La journée commence mal puisqu’à cela s’ajoute le fait que Vlajka a retrouvé son vélo avec un pneu crevé et, au moment de prendre un café sur une terrasse, le propriétaire d’une boutique a refusé qu’on pose les vélos en face et à côté de son magasin. Trois heures après notre réveil nous partons enfin. Seulement Vlajka est malade. Au bout de 5km elle s’arrête. Elle n’en peut plus. Nous décidons alors de nous arrêter pour qu’elle se repose jusqu’au lendemain. Pour apporter un peu de joie à cette journée, on retiendra un geste agréable. Alors que nous étions à la terrasse d’un café depuis une heure et demie et que nous n’avions consommé qu’une seule fois, un serveur nous a offert à chacun une boisson. C’est aussi cela le Monténégro, des personnes gentilles et généreuses.

C’est aussi cela le Monténégro, des personnes gentilles et généreuses.

Cela fait déjà huit jours que notre périple a commencé. Aujourd’hui tout le monde semble en forme. Nous commençons par emprunter de petites routes où il n’y a aucune voiture. Après deux journées à côté des voitures, cela fait du bien. Mais très vite nous nous rendons compte que les petites routes sont très pentues. De ce fait, nous empruntons de nouveau la grande route avec les voitures. Nous faisons halte à Bar pour manger une spécialité monténégrine, du maquereau grillé. C’est également le dernier jour de Vlajka. Il est pour elle l’heure de nous quitter. Elle prend un vieux train compartimenté, il faut traverser les rails pour monter à l’intérieur. Après lui avoir dit au revoir, nous reprenons la route. Nous nous arrêtons ce soir-là un peu avant Ulcinje afin de faire du camping sauvage.

Anne et Mathys à l’assaut des routes monténégrines

Nous allons enfin arriver à l’île d’Ada Bojana. Cette île, Vlajka, nous en beaucoup parlé. Il s’agit en effet de l’île où elle allait en vacances avec ses parents quand elle était petite. Elle souhaitait y retourner avec nous, mais malheureusement elle a dû repartir avant d’atteindre l’île. Avant Ada Bojana nous nous arrêtons à Ulcinje pour acheter de l’huile d’olive au marché et visiter la vieille ville. Ulcinje, c’est aussi-là que nous avons mangé dans le meilleur restaurant du voyage. Ce restaurant était situé dans la vieille vile où il n’y avait pas grand monde mais les plats étaient excellents. Nous partons ensuite pour le camping situé sur l’île d’Ada Bojana.

Cela fait maintenant dix jours que nous sommes partis. Nous sommes fatigués, et l’île d’Ada Bojana est paisible. Un endroit idéal pour faire une journée de repos. Lors de notre arrivée au camping, nous avons rencontré un autre couple de Français qui viennent sur cette île depuis cinq ans. Nous quittons la tranquillité de l’île le lendemain après-midi. Après s’être approvisionnés en nourriture nous décidons de camper dans la nature un peu avant la frontière albanaise.

Du Monténégro à l’Albanie

Après avoir passé la frontière avec les douanes, nous découvrons l’Albanie. Les villages sont plus vivants qu’au Monténégro. Il y a de la musique dans les rues, des gens qui discutent sur les terrasses de café. Il y a aussi moins de voitures sur les routes. Nous avons prévu de nous arrêter à Shkoeder. En Albanie, nous découvrons une autre monnaie, l e lek (150 leks=1€). Nous n’avons même pas eu à changer d’argent puisque tous les commerçants ont accepté sans problème de faire la conversion : ainsi nous payions en euros et ils nous rendaient la monnaie en leks.

La ville de Kotor, au Monténégro

De Shkoeder on retiendra plusieurs choses, des restaurants animés et bon marchés, où l’on sert essentiellement des plats de cuisine italienne, ou des hamburgers, des concerts le soir dans les rues, une place charmante comportant à la fois une mosquée et une cathédrale. Après avoir pris le temps de faire une visite exhaustive de la petite ville, nous allons au bord d’un lac à une vingtaine de kilomètres de Shkoeder. Le lac sépare l’Albanie et le Monténégro. Faute d’avoir trouvé des fruits dans les magasins, nous en trouvons sur les routes : des pastèques, des melons et des pèches. Après un peu d’escalade, nous pique-niquons près du lac, au beau milieu de la nature. La tranquillité du lieu est vite perturbée : des chèvres souhaitent manger avec nous, et malgré tous nos efforts pour les repousser, elle ne nous laissent tranquilles que lorsque le berger les appelle. Après ce pique-nique un peu mouvementé, nous nous reposons au bord du lac et nous baignons. Il est ensuite tant de repartir vers Shkoeder pour passer notre dernière nuit en Albanie.

Notre voyage arrive déjà à sa fin. Il est tant de faire les derniers kilomètres qui séparent Shkoeder de Podgorica. Lors de notre dernière étape nous avons fait un détour pour passer par les petits chemins et longer une rivière avant de rallier la capitale du Monténégro vers 19h30. Il faut maintenant ramener le vélo louer avant que le marchand ferme. C’est une mission réus- sie. Demain je repars déjà pour la France.

Du Monténégro et de l’Albanie nous retiendrons une douceur de vivre, des gens généreux et les cigales qui nous accompagnés tout au long de la route. En effet, que l’on se trouve dans une petite ou une grande ville, on a souvent entendu leur chant si atypique. On retiendra aussi des gens qui klaxonnent à tout va, que ce soit pour nous saluer, pour nous demander de nous ranger ou seulement nous prévenir qu’ils passent, et qu’il y a de la musique électro sur toutes les plages. On retiendra aussi les tortues que nous avons trouvées se baladant sans crainte sur la route ou dans les campings. Enfin, nous retiendrons qu’au total nous avons fait 427,9 km.