« Sciences Po en lutte ! »
La salle A11 était bondée jeudi 26 février, à l’occasion de l’Assemblée générale des étudiants et enseignants-chercheurs. C’est fait : Sciences Po a rejoint le mouvement national de mobilisation des universités.
Ils étaient une centaine, étudiants en master pour l’essentiel, mais aussi premiers cycles, doctorants et enseignants, réunis pour manifester leur inquiétude quant à l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche français. A la tribune, Ugo, représentant du comité de mobilisation de l’école doctorale, Alexandre, vice-président de l’UNEF Sciences Po, et Nathanaël, de SUD Etudiant.
L’ordre du jour était chargé. Les membres de la tribune ont procédé à de courts points d’informations, immédiatement suivis d’un débat et d’un vote sur les propositions.
La première revendication, présentée par Ugo, concernait le décret sur le statut des enseignants-chercheurs. Ce décret prévoit une modulation des services des enseignants-chercheurs en fonction de leur « niveau de productivité » : les « bons » chercheurs verraient leur nombre d’heures d’enseignement baisser alors que les « mauvais » chercheurs verraient ces horaires augmenter. « En tant qu’étudiants vous serez ravis d’entendre que l’enseignement c’est une sanction ! » s’exclame Ugo. Pour lui, cette mesure, fondée sur une « procédure d’évaluation arbitraire », s’inscrit dans un « programme gouvernemental de démantèlement des services publics qui prétend faire mieux avec moins. Il ne s’agit pas de demander le maintien du statu quo, mais le maintien d’un service public de la recherche de qualité ».
Alexandre a quant à lui présenté la réforme de l’allocation des moyens. Alors que « les universités étaient financées en fonction de leurs besoins », leur dotation globale de fonctionnement sera désormais fondée à 80% sur leurs besoins et à 20% sur leurs performances. Un risque, selon l’élu UNEF, d’augmentation de la sélection sociale, qui pourrait freiner la nécessaire massification de l’enseignement supérieur : « le gouvernement institutionnalise un enseignement à deux vitesses ».
Les revendications se sont cependant étendues au-delà des réformes Pécresse, et notamment en matière de précarité étudiante. Nathanaël a rappelé en quelques mots le nombre important d’étudiants vivant en dessous du seuil de pauvreté, et contraints de se salarier pour financer leurs études…
Ces constats ont abouti sur le vote en deux temps de l’intégralité de la plateforme des revendications de la coordination nationale des universités : abrogation de la LRU, retrait des décrets sur le statut des enseignants-chercheurs et la masteurisation, arrêt des suppressions de postes, refus de la mise en concurrence et de la sélection… Autant de revendications adoptées dans un esprit de solidarité entre étudiants, chercheurs, à l’intérieur et en dehors de Sciences Po.
L’assemblée a également adopté des motions réclamant « un financement des universités identique à celui des grandes écoles et classes préparatoires au travers d’un plan pluriannuel et massif », ou « l’instauration d’une allocation d’autonomie pour la jeunesse ».
On notera l’intervention de Nonna Mayer, directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, appelant à « cerner les problèmes et prendre le temps d’en parler, plutôt que d’adopter des revendications à la louche ». La chercheuse s’est inquiétée des bouleversements connus par les écoles doctorales de Sciences Po, et a lancé un vibrant « n’oubliez pas la recherche ! »
L’assemblée générale s’est clôturée par la houleuse élection de délégués à la coordination nationale d’Angers. Ont été désignés, un non syndiqué de deuxième année, un élu UNEF au conseil de l’école doctorale, et un membre de SUD Etudiant.
Après quelques décisions sur la suite de la mobilisation, dont l’organisation d’une nouvelle AG cette semaine, les étudiants et chercheurs ont porté les couleurs de Sciences Po en manif.
Le comité de mobilisation s’est déjà doté d’un site web : il s’intitule Sciences Po en lutte !
Photo : Antoine Genel
6 Comments
Jean-François
Les commentaires sur ce sujet (tout comme sur la hausse des droits de scolarité) sont affligeants. Que vous n’approuviez pas cette mobilisation c’est notre opinion, mais dans ce cas donnez des arguments au lieu de cracher gratuitement sur l’UNEF.
Lucas (UNEF)
@ De toute façon:
Ah donc maintenant ce que tu nous reproche ce n’est plus notre branlette soixante huitarde, mais nos résultats?
Tu peux me donner la version « in » de « Sciences Po en lutte »? Au moins le message est clair, le collectif (c’est à dire le rassemblement qui regroupe d’autres forces que l’UNEF) se porte contre le projet de réforme proposé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Que demander de plus? Un message plus « cool », pour que les étudiant n’aient pas la vue brûlée à la lecture du mot « lutte »?
Mais peut être que ce qui est plus « jeun’s », c’est de ne rien faire, de critiquer ces gauchistes de syndicalistes révolutionnaires, et ce faisant d’accepter que la Direction de Sciences Po, et la ministre de l’Enseignement Supérieur, fassent ce que bon leur semble!
Sinon pour le débat sur les résultats de l’UNEF, je serai très heureux d’en discuter avec toi. Tu peux très facilement nous trouver en Péniche ou bien dans le local syndical.
De toute façon
à Lucas :
C’est bien ce que je pense : beaucoup de morgue, beaucoup de verve, beaucoup de bienpensance…Pour quels résultats ?
Les autres syndicats sont tout autant des guignols que vous au niveau des résultats… La seule différence c’est qu’ils ne prétendent pas tout révolutionner en martelant des slogans aussi ridicules qu’erronés : « Sciences Po en lutte », réminiscence don quichottienne has been.
Le fruit syndical est tombé bien loin de l’arbre socialiste…
Mais merci pour le folklore.
Lucas (UNEF)
@ De toute façon
Et tu crois que quand l’UNEF a expliqué que le projet Sciences Po 2013 était inadmissible parce que son volet financier reposait sur les classes moyennes, elle a fait preuve de branlette soixante huitarde?
Au lieu de faire des critiques fondées sur des raccourcis imbéciles, renseigne toi.
De toute façon
De toute façon, le jour où tous ces bienpensants s’écarteront de la voie de la facilité pour s’atteler au véritable problème, les classes moyennes…
Branlette soixante huitarde quand tu nous tiens.
Djougachvili
« C’est fait : Sciences Po a rejoint le mouvement national de mobilisation des universités. » 100 étudiants sur 8000. Un mouvement, une vague, une déferlante… Merci une fois de plus à Radio-UNEF pour ces belles précisions…