LE MAG – Une Nouvelle Amie, réussite d’un film transgenre?

 

Claire (Anaïs Demoustier) est éplorée à la mort de son amie d’enfance, Laura (Isild de Besco), qui laisse derrière elle un mari, David (Romain Duris) et une petite fille. Claire se promet de veiller sur eux, jusqu’au jour où elle découvre David habillé en femme, avec les habits de Laura. Alors que David s’affirme en Virginia, se noue une nouvelle relation dont ils ne sortiront pas indemnes.

Claire Schmid : « Une histoire prenante et troublante, contée avec tendresse et humour »

François Ozon nous livre une histoire prenante et troublante, contée avec tendresse et humour. Les thèmes du travestissement, ainsi que ceux de l’amitié et de la tolérance, y sont traités avec originalité, bien qu’on ne puisse s’empêcher de penser à certains films d’Almodovar à la vue de ce long métrage. Une Nouvelle Amie est un film rythmé, subtil, rendu envoûtant par sa photographie et par sa bande-originale discrète mais remarquablement bien amenée. Et que dire de Romain Duris ?… Simplement son meilleur rôle avec De battre mon cœur s’est arrêté. Le charme d’Anaïs Demoustier opère également à merveille, la jeune actrice est parfaite dans son rôle de confidente : après Quai d’Orsay, on la retrouve encore une fois mariée à Raphaël Personnaz, mais sa performance impressionne moins que celle de ce très beau duo de tête.

Note : 4/5 

Juliet Copeland : « Un film aussi transgenre que son personnage »

Lorsque Claire voit Virginia, c’est comme une apparition. On bascule alors dans les volutes d’une sensualité tourmentée et macabre, où rôde le fantôme de Laura. Le film – aussi transgenre que son personnage, entre mélodrame flamboyant, comédie et thriller psychologique – regorge de gros plans magnifiques dévoilant la beauté des personnages et leur confusion des sentiments. Romain Duris – époustouflant en transgenre – s’affirme comme un grand acteur aux choix audacieux.
On adore la BO de Philippe Rombi, enfantine, élégiaque, voire nettement angoissante, qui intègre néanmoins Katy Perry et la vibrante interprétation par Anaïs Demoustier d’ «Une femme avec toi».
Un film aussi trouble que lumineux, dans un cadre temporel/géographique indéterminé et onirique, avec maisons pavillonnaires et manoir anglais dignes d’Agatha Christie.
La fin, toute en tendresse, prouve bien que «Tant qu’il y a de l’amour tout est possible».

Note : 4/5

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 Amal Ibraymi : « Malgré la qualité de la mise en scène et la subtilité de l’approche du sujet, le tout ne fonctionne pas »

18 ans après Une Robe d’Eté le court métrage qui l’a fait connaître en 1996, François Ozon revient au thème du travestissement et à la problématique de dysphorie du genre, dans la désormais France du mariage pour tous. La question du genre va même jusqu’à s’insérer dans la mise en scène du réalisateur, qui se livre à un jeu de références dans sa mise en scène. De Hitchcock à Almodovar en passant par le soap opera, Une Nouvelle Amie est une véritable mosaïque de styles.

Le spectateur se retrouve ainsi plongé dans un monde à part, entre l’univers de sitcom du décor et le réalisme de la psychologique des personnages. Hors du monde et de toute réalité, Ozon désamorce de manière très adroite une série de clichés. Ainsi, non, enfant, David n’aimait pas porter des robes. Non, sa mère ne rêvait pas d’avoir une fille. Non, il n’aime pas les hommes. David aime juste aime porter les vêtements de sa femme. David aime les femmes et leur féminité.
Le réalisateur de Swimming Pool réussit à donner un ton ludique à un sujet sensible. A aucun moment le spectateur n’est gêné ou mal à l’aise, car ici le travestissement est une force émancipatrice qui permet aux personnages de s’affirmer, de se trouver. La phrase de Simone de Beauvoir y trouve tout son sens, car aussi bien Claire que David ne sont pas nés femme, mais apprennent au fil du film à le devenir.

Pour autant, malgré la qualité de la mise en scène et la subtilité de l’approche du sujet, le tout ne fonctionne pas. Par ce cadre trop lisse, le spectateur n’adhère pas au film. Des acteurs maladroits et des dialogues qui sonnent faux rendent le démarrage du film difficile. Par l’attention accordée à la mise en scène, Ozon oublie de mettre en danger son scénario.
Une Nouvelle Amie c’est ainsi surtout 1h30 de suspens artificiel, sans réelle cohérence. Au final l’émotion n’est pas au rendez vous, il ne reste plus que la déception qui relègue une Nouvelle amie au titre d’anti Laurence anyways.

Note : 2,5/5

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