Serge, son ode à la chanson française

serge_magazine_001.jpgSerge. Comme Lama, Reggiani mais surtout comme Gainsbourg. C’est assumé, la revue Serge se réclame d’inspiration gainsbourienne, en se dédiant dans son intégralité a la chanson française. Dès le sommaire, elle est là, la musique de chez nous, les jeux de mots, les métaphores, les rimes suivies se retrouvent dans les noms des rubriques, empruntés aux tubes français, qui résonnent à nos oreilles comme autant de mélodies familières (Chacun sa route pour un récit de tournée –on apprécie la référence à Tonton DavidUn Beau Roman pour l’histoire d’une chanson).

Un magazine consacré à la chanson française ? Pourquoi pas. Le pari est audacieux, à l’heure de la crise de la presse écrite et du tout numérique. Audacieux, oui, et surtout risqué, donc. Serge prend les paris et se lance le défi d’intéresser autant les accros à la « grande » chanson française (Aznavour, Bashung, Dassin) que les bobos ne jurant que par Camille et autres Benjamin Biolay.

Sur le format, Serge accroche, ce logo jaune, ce nom si évocateur, des articles ni trop longs, ni trop courts, une mise en page aérée et très ludique ; Serge est beau, il donne envie. Sur le fond, le magazine se distingue des revues habituelles regorgeant de critiques d’albums à tout va, d’interview classiques, vues et revues. Serge, lui, évoque le fond de la musique, de la construction musicale. Posant des questions pertinentes (Le rap est-il soluble dans la chanson française ?), on regrette cependant que les réponses ne le soient pas, et surtout que l’article se résume pour sa majeure partie à une reprise des dires d’artistes français sans l’analyse plus poussée que mériterait la question. Cela dit, comme toute première fois, la réussite vient avec la pratique, on attend donc de consulter les prochains numéros avant d’adopter une position trop tranchée.

Sur le fond toujours, Serge est éclectique. La seule limite qu’il se fixe est d’aborder la chanson française mais dans ses thèmes, Serge nous montre que celle ci est multiple, vaste, différente, inclassable. Abd Al Malik, Zazie, Olivia Ruiz, Téléphone, Saez, Philippe Katerine et d’autres, tous on leur place chez Serge, ce qui a l’intérêt de satisfaire tous les goûts. Varié, Serge évoque le cinéma chantant de Christophe Honoré (Les chansons d’amour, Dans Paris), par le rapport singulier que celui ci entretient avec son parolier Alex Beaupain. Plus que de musique, Serge nous parle surtout des musiciens, des chanteurs, paroliers, arrangeurs, de tout ce petit monde qui fait un album, un titre, un tube.

Alors oui, c’est très agréable de connaître un peu (beaucoup ?) l’envers du décor, oui, on aime lire les manuscrits des paroles de certains artistes, on aime les photos des musiciens avec leurs instruments, qui donnent une autre dimension aux artistes, on aime l’interview fictive de Damien Saez, le récit de la fin du groupe Téléphone mais il faut bien avouer que malgré tout l’amour que l’on veut porter à Serge, il nous laisse sur notre faim.

Pour une revue sur la chanson française, Serge manque indéniablement de pratique de la chanson française. Vide d’opinions sur tel ou tel groupe, tel ou tel album, Serge se contente de répertorier les artistes qu’il juge intéressants, d’expliquer pourquoi ils le sont, mais pas en jugeant la musique, en jugeant l’artiste.

C’est sûr, on peut trouver touchant (ou pas) un Damien Saez qui appelle à la révolution (depuis une dizaine d’années quand même !), mais sa crédibilité musicale n’est aucunement remise en question, ni la sienne, ni celle d’aucun autre artiste. On regrette donc l’absence pure et simple d’opinion, de regard critique sur les artistes et surtout, sur leur musique.

Serge est prometteur, il a les bonnes pistes, une approche particulière du monde musical, plaisante par ses débats de fond et ses anecdotes croustillantes, mais Serge est incomplet, comme un album en construction, une chanson inachevée. Espérons que Serge contredise un des piliers de la chanson française en nous montrant que le temps fait quelque chose à l’affaire.

2 Comments

  • mioche

     » … Faut savoir s’étendre sans se répandre… »
    Serge G.
    Non, ce mag n’est pas bon. Vain. Comme les chroniques ridicules de Varrod sur Inter.
    Un catalogue de produits pour un Noël bien tristounet.
    « … Non pas sa femme à lui… »
    Serge R.
    « … Comme quand ma mère sortait le soir… »
    Serge L.
    Ce magazine sent le vieux chausson. La moustache et le jacquard de F.Marchet en disent long.
    Postures, déguisements…
    Qui aime la chanson en France: les touristes américains, la grande salle des profs de france inter?
    C’est pas Serge ce que je viens d’écrire… Je serai puni!