Sciences Po Model United Nations 2007 (I)
Pendant que la plupart des étudiants de Sciences Po sont en vacances, certains ont fait le choix de participer à un événement inédit à Sciences Po et encore assez peu connu en France… Trois jours de simulation de l’Organisation des Nations Unies à Sciences Po avec des étudiants venant des quatre coins de la planète.
Dimanche 18 février – 17h
A peine rentrée du ski, j’ai rendez vous avec quelques futurs Delegates pour une balade en péniche sur la Seine…En effet, l’équipe de Sciences Po qui organise le MUN a prévu de nombreuses activités pour les participants. Je profite de la visite pour rencontrer plusieurs étudiants étrangers venus à Paris pour participer au Model United Nations… Bien que peu connu en France, c’est un évènement incontournable dans de nombreux pays dans le monde, certaines simulations accueillant des centaines d’élèves ! Si peu de participants sont venus ce dimanche, la présence d’ étudiants venant de Russie, d’Ecosse, du Royaume Uni, … permet de prendre une première mesure de l’ouverture internationale du MUN. Une sorte d’aperçu de ce que réserve la suite de la Conférence.
Lundi 19 février – Premier Jour
La cérémonie d’ouverture étant prévue à 14h, les participants viennent tour à tour s’enregistrer auprès de leurs comités respectifs (Security Council, Human Rights Council, Disarmament and Security Committee, Economic and Financial Committee) et faire connaissance avec leurs Chairmen, c’est à dire les deux responsables de chaque comité, chargés de faire respecter les rules of procedure… Lors de la cérémonie d’ouverture, tous les Delegates sont rassemblés en Amphi Chapsal pour assister au discours de nos Honorable guests, c’est à dire Son Excellence l’ Ambassadrice américaine Constance Morella, qui est la représentante permanente des Etats Unis à l’OCDE, et le Professeur Frank Attar, qui a représenté la France à l’ONU. On déplore cependant l’absence d’un représentant de la direction de Sciences Po… Puis, à un moment de la cérémonie d’ouverture, un événement assez inédit se produit. Bien que surpris, les Delegates se lèvent … pour écouter la Marseillaise. Lors de cette cérémonie d’ouverture, chaque Delegate fait un discours. C’est une expérience tout à fait enrichissante, et aussi utile puisqu’elle permet de faire connaissance avec les différents représentants et de se faire une première idée de la position du pays dans son comité. Quelques discours mémorables sont à noter, notamment celui de l’Iran, du Zimbabwe et de l’Ouganda. Après un cocktail pris dans le petit hall avec (c’est plutôt amusant) chouquettes et punch, la phase la plus importante de la simulation commence : le lobbying. En effet c’est là que se nouent les alliances, qu’il faut présenter sa résolution si l’on veut avoir la chance de la faire signer par d’autres pays. C’est une période intensive de discussion pour promouvoir le point de vue de son pays, exercer son influence (pas facile quand on est un petit pays africain face aux Etats-Unis …). C’est une phase très instructive, informelle, dans laquelle on apprend à convaincre, on fait des compromis mais on tisse aussi des liens… Les méthodes utilisées sont plus ou moins efficaces, certains cherchant à se regrouper par zones d’influence, en coalitions plus ou moins autoritaires…excluant ceux dont l’utilité ne semble pas avérée. Quelques Delegates semblent encore indécis, ce sont donc ceux qu’il faudra convaincre pour obtenir les huit (cela varie selon les comités) signatures requises pour que sa résolution soit discutée le lendemain en session. Puis, vers 21h, la plupart des participants se retrouvent pour des visites dans Paris encadrées par des étudiants de Sciences Po. En ce qui me concerne, il s’agit de faire visiter Montmartre à un petit groupe … La visite est l’occasion de rencontrer les autres participants, de discuter du début de la conférence, mais aussi de nos pays respectifs. Mon groupe de visite comprenait des étudiants de Sciences Po français ou en échange, des Russes, un Italien, un Brésilien, etc. L’ambiance était vraiment très bonne et notre visite de Montmartre, assez originale finalement.
Mardi 20 février – Deuxième Jour
Nous avons rendez-vous dans nos Comités pour nos premières sessions. Nous devons y discuter des différentes résolutions retenues, y ajouter des amendements, voter et faire valoir les intérêts de notre pays. C’est une étape assez fastidieuse, avec des règles de procédure strictes, un temps de parole règlementé et limité. Certains pays se montrent beaucoup plus actifs que d’autres, faisant valoir leur puissance, leur autorité, critiquant le manque de réalisme et l’inefficacité d’autres pays… (mais parfois aux dépens de la règle onusienne » un pays = une voix « ). Tous les débats ont bien sûr lieu en anglais et le temps est décompté par les Chairmen à qui il faut systématiquement demander la parole. Leur maîtrise des sessions a semblé faire l’unanimité parmi les participants (mis à part une légère altercation assez amusante entre un Delegate et un Chairman : le Delegate en question, représentant des Etats-Unis, ne supportait pas que le Chair puisse demander du calme dans la séance et reprochait en hurlant au pauvre Chairman de hurler sur les Delegates… Le monde à l’envers … Une image finalement peut être pas si éloignée de la réalité, où les Etats Unis cherchent à imposer leur leadership… même lorsqu’on est dans un Model et que le représentant des Etats-Unis n’est pas américain…) Mais les coalitions ont peu changé depuis la veille, ce qui confirme l’importance de la phase de Lobbying. Dans l’ensemble, j’ai trouvé que les participants prenaient vraiment au sérieux la position de leur pays, et qu’ils étaient au fait de la question posée par leur Comité. Au sein de mon comité, (Disarmament and Security Committee), il s’agissait du problème assez pointu mais passionnant des « Cluster Bombs » (bombes à sous-munitions). En effet l’intérêt de cette simulation est aussi de découvrir des problématiques nouvelles, de nous amener à nous renseigner sur des sujets que nous ne maitrisons pas. L’idée maitresse de mon Comité était donc de savoir si l’ONU devait ou non ratifier un traité interdisant les bombes à sous munitions. Nous avons finalement dû faire des compromis et retenir la résolution suédoise. Le soir, les représentants se sont retrouvés pour un diner entre comités. Comme le rappelait Katia dans son interview, le MUN c’est aussi un excellent moyen de rencontrer des gens, de s’ouvrir à d’autres cultures et d’autres pays…
Mercredi 21 février – Dernier jour de la simulation
A nouveau réunis en session, nous continuons à discuter du problème d’une interdiction des bombes à sous-munitions, de celui de leur production, de leur usage, de leur nettoyage, mais aussi de la définition elle même, problème qui s’est révélé plutôt compliqué à résoudre. Nous avons enfin voté la résolution, qui n’a pas fait l’unanimité en raison d’une forte opposition des Etats-Unis et d’Israël à l’interdiction de l’usage des bombes à sous-munitions. Nous apprendrons quelques jours plus tard dans la presse qu’une déclaration commune interdisant les bombes à sous-munitions d’ici 2008 a été adoptée par 46 pays, dont la Grande-Bretagne et la France… Ma participation à ce qui ressemble à une simple simulation de l’ONU m’a en réalité fait prendre conscience de la véritable dimension de certains problèmes, qu’on voit tout autrement après en avoir débattu pendant trois jours. L’après midi, tous les comités sont réunis en Assemblée Plénière pour la présentation des quatre résolutions retenues dans chaque comité. Mais le débat n’est pas terminé, puisque des amendements sont encore apportés aux résolutions et il faut encore convaincre l’ensemble des Delegates de voter pour ou contre les résolutions. Finalement, seulement trois résolutions seront adoptées. Celle du Human Rights Council est rejetée par l’Assemblée.
Enfin, une cérémonie de fermeture se tient, au cours de laquelle des diplômes un peu particuliers sont remis aux Delegates les plus méritants… Le meilleur « Troublemaker » qui est revenu au Delegate du Panama, le diplôme Adam Smith… Et pour clore ce premier Sciences Po Model United Nations, tout le monde s’est finalement retrouvé dans un club privé pour une soirée… mémorable !