Revue Ciné : The Grandmaster

Cette semaine, découvrez les impressions de la rédaction sur The Grandmaster, le film d’action du moment. Les cours sont terminés, le gala est passé… tous au ciné ! 

 

The Grandmaster retrace la vie d’Ip Man, grand maître du Kung Fu des années 1930 aux années 1950 dans une Chine qui enchaîne les bouleversements. Tony Leung Chiu Wai, acteur fétiche de Wong Kar Wai (et sosie chinois d’Obama), toujours aussi charmant, incarne le personnage virtuose qui fut le maître de Bruce Lee. Le film est structuré autour des combats de Kung Fu, véritables morceaux de bravoure du film, superbement chorégraphiés et filmés dans des scènes hypnotiques où les corps se frôlent et les coups fusent, et où les hommes ont huit pieds et les femmes soixante-quatre mains. On peut regretter cependant que les plans soient parfois trop rapides, trop serrés, et que le réalisateur nous perde parfois dans ces scènes survoltées. Tout du long l’image est extrêmement travaillée, les noirs très profonds et Wong Kar Wai flirte avec le kitsch sans jamais y verser. Il fonctionne par tableaux avec chacun son ambiance, qu’elle soit enfumée, pluvieuse ou moite, allant jusqu’à reconstituer des photos de groupe en noir et blanc, procédé qui s’insère naturellement dans un film visuellement grandiose.

Mais The Grandmaster souffre de sa construction. L’arrière-plan historique de la République, de l’arrivée des Japonais, de la guerre civile, de la division entre Hong Kong et la Chine continentale communiste, très joliment évoqué par des images d’archives et des reconstitutions des rues et des intérieurs, ne suffit pas à faire un récit. Ce que veut montrer le film à propos des personnages et de leurs frustrations et leurs désirs, on ne le voit pas vraiment. En définitive on se retrouve à chercher ce qui lie vraiment ces trois personnages, à tenter de comprendre l’enjeu de leurs relations, et à échouer à ressentir ce qu’ils pourraient ressentir. Et à quitter le film avec le curieux sentiment de sa contingence.

Julie Henches.