Rencontre avec la femme tentaculaire

femme_tentaculaire3.jpgDans la nuit, un chemin qui serpente au travers d’une forêt de palissade dont les feuilles sont des photos d’asphalte… Tel est le projet, intitulé « Jardins d’asphalte », que le collectif d’artistes« la Femme tentaculaire » présentera dans le jardin de la mairie du 2ème arrondissement de Paris dans le cadre de la Nuit Blanche. A cette occasion j’ai rencontré Christine Acherous-Kébir, cofondatrice du collectif. Interview agréable et sans chichis à l’image d’une association qui se développe patiemment mais efficacement tout en restant très simple.

Christine, pourrais-tu en premier lieu nous expliquer comment est né le collectif de « la femme tentaculaire » et quels en sont les objectifs phares ?

Notre association, que j’ai fondée avec Lucile Marin, plasticienne et cinéaste, est officiellement née en avril 2006.

Notre objectif est très simple : rendre l’art accessible à tous, notamment grâce à de nombreuses expositions gratuites dans des lieux atypiques qui ne sont traditionnellement pas destinés à accueillir l’art.

Des exemples d’événements ?

Nous travaillons souvent avec l’association Archais qui organise tous les ans un événement dans les Corbières en partenariat avec huit vignerons de la région. Ceux-ci accueillent les œuvres d’un artiste dans leurs caves et peuvent profiter de l’occasion pour faire découvrir leur production. Nous exposons habituellement chez une productrice de vin naturel Catherine Marin-Pestel à Paderne (11).

Comme nous sommes une petite association nous travaillons beaucoup à partir de nos réseaux, des personnes que nous connaissons déjà. La première exposition de photos que nous avons organisée se tenait par exemple Au cœur fou, un café du deuxième arrondissement que nous connaissons bien, la suivante dans un bar de nuit où nous avions l’habitude de sortir. La plupart des artistes avec lesquels nous travaillons sont avant tout des amis ou des amis d’amis. Une première impulsion pour l’action de notre association fut la collaboration avec la mairie du deuxième arrondissement. Nous l’avons d’abord sollicité pour des détails techniques comme, par exemple, l’obtention d’un local mais très vite, le courant passant très bien entre le maire et nous, celui-ci nous a proposé de participer à certains projets. C’est ainsi que nous avons organisé l’animation des vœux du maire en janvier 2008.

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Quel est le point de départ d’un projet, un lieu ou un artiste ?

Nos projets naissent avant tout avec la découverte d’un artiste qui nous plaît. « Jardin d’asphalte » par exemple est né bien avant d’être accepté par la mairie pour la Nuit Blanche puisque nous travaillons dessus depuis le mois de janvier 2008. L’idée est apparue tout à fait par hasard lors d’un dîner entre amis. Aux murs étaient exposés des photos d’asphalte réalisées par notre hôte et nous avons ensuite découvert que plusieurs des personnes présentes au dîner travaillaient elles aussi sur le même sujet. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une exposition. Pour adapter le projet à l’événement de la Nuit Blanche nous avons fait appel à l’une de nos amies scénographes. Nous voulions exposer les photos sur des arbres en métal mais le projet s’est avéré trop compliqué et trop dangereux et ces arbres sont devenus des éléments de palissade organisés comme une forêt. Pour réaliser ce projet Agnès Marin, notre scénographe, s’est inspirée des grilles qui entourent les arbres dans les rues de Paris. A cela s’ajoute une ambiance sonore crée par Lucile Marin ainsi qu’une projection de photos. A l’exposition s’ajoute un petit livret préparé à chaque fois pour l’occasion avec des photos et quelques textes que nous éditons nous-mêmes et que nous vendons pour chaque exposition que nous organisons.

Et vos futurs projets…

La prochaine exposition rentre dans le cadre du mois off de la photographie qui commence le 12 novembre prochain. A cette occasion le jardin d’asphalte sera transporté dans la cour d’honneur du crédit municipal, ancien Mont de Piété, dont nous allons aussi habiller la fontaine d’un jaillissement de photos. Un lieu aussi bien situé que le crédit municipal, rue des Francs Bourgeois dans le Marais, est pour nous une formidable occasion d’obtenir une plus large visibilité pour nos expositions. Une sorte d’« entrée dans la cour des grands», qui peut nous permettre de mieux nous faire connaître. Cependant c’était l’aspect populaire de cet ancien Mont de Piété encore aujourd’hui prêteur sur gage, qui nous intéressait le plus.

Nous voulions donner l’art à voir à des personnes dans le besoin peut être moins susceptibles d’aller voir une exposition organisée par exemple dans une galerie.

Enfin, une exposition avec l’un de nos amis Manu Ibrahim qui réalise des collages à partir de divers éléments, mais dont nous n’avons pas encore trouvé le lieu.

Maintenant que vous avez lu cet article, vous n’avez plus qu’à ajouter une nouvelle étape au parcours que vous avez déjà soigneusement organisé pour samedi soir… Le sujet est insolite et les photos valent vraiment le détour !