Recyclage : feu vert pour l’ASPE
Dernière minute : Jeudi 21 mai, le Comité Campus Vert a annoncé la mise en place de poubelles différenciées (papier, canette, bouteille) début juin au 27 rue Saint Guillaume. Si cet essai est concluant, le tri sélectif sera étendu à l’ensemble des bâtiments de Sciences Po.
« À l’horizon 2013, Sciences Po ambitionne de devenir un campus éco-responsable, ce qui suppose d’intégrer le développement durable dans l’ensemble de ses activités […] ».
Plus de deux ans après cette échéance fixée par Sciences Po dans ses « Stratégies 2013 », force est de constater que l’objectif n’a pas été atteint. La mise en place du tri sélectif, l’un des piliers de la transition vers un campus durable, n’est toujours pas effective.
Pourtant, la volonté est bien là et les efforts s’intensifient chaque jour pour permettre au recyclage de devenir une réalité à Sciences Po.
Le tri sélectif à Sciences Po : un « retard incompréhensible »
Au vue de la situation actuelle, il y a du pain sur la planche: aucun des 500 000 gobelets et bouteilles en plastiques jetés par an à Sciences Po n’est recyclé, d’après l’audit de Zero Waste France réalisé en 2011 à la demande de Sciences Po Environnement. Et il en va de même pour les canettes et les déchets organiques. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de recyclage à Sciences Po : le papier et le carton sont biens triés, mais seulement en aval, autrement dit après leur collecte.
C’est comme cela qu’est prévu le recyclage dans les contrats que Sciences Po possède avec ses entreprises de gestion des déchets, dont le principal prestataire est la Corbeille Bleue. « Même si on triait à l’intérieur de l’école, les déchets seraient ensuite re-mélangés par l’entreprise qui vient les chercher, avant d’être triés de nouveau », explique Caroline Jeanmaire, Présidente de l’Association Sciences Po Environnement (ASPE).
Or, selon la jeune femme « ce tri est loin d’être optimal car les papiers, en étant mélangés avec d’autres types de déchets, perdent de leur potentiel de revalorisation. Leur recyclage donne du papier d’une qualité nettement plus inférieure que si le tri était fait à la source ». Aujourd’hui, seuls les papiers confidentiels de l’administration sont réellement triés. Pour Caroline Jeanmaire, il s’agit là d’un « retard incompréhensible ». « Si l’on veut être une grande école, il faut l’être aussi pour la responsabilité environnementale » assène la Présidente de Sciences Po Environnement. « Et cela nuit à l’image de notre école, en France comme à l’étranger ».
Mais qui sort la poubelle ?
La gestion des déchets est une question traitée à Sciences Po par la Direction des Services Généraux et de l’Immobilier (DSGI). « Les membres de ce service sont tout à fait conscients que l’absence de recyclage est un problème », souligne Caroline Jeanmaire. Mais d’après la jeune femme, il s’agit d’une « petite équipe », qui ne peut travailler sur tous les fronts en même temps. La DGSI s’est consacrée à d’autres « soucis majeurs de l’immobilier, comme l’amélioration de l’accessibilité de Sciences Po » avant de pouvoir se pencher sur le problème du recyclage.
Et ce recyclage est d’autant plus dur à mettre en place que ce ne sont pas les mêmes entreprises qui s’occupent du traitement des différents déchets dans les différents bâtiments. De fait, alors que Sciences Po Environnement avait fait du recyclage de tous les déchets valorisables sa priorité de l’année, il n’y aura pas de tri sélectif en juin, contrairement aux objectifs initialement fixés. « Dans l’immédiat, on n’a pas atteint ce que l’on désirait au début, mais on a créé le cadre institutionnel nécessaire pour permettre un réel changement » annonce Noélie Ringuede, chef du pôle Campus Durable.
En effet, cet échec apparent dissimule un remarquable progrès. La détermination de l’ASPE a suffi à convaincre Frédéric Mion de donner « l’impulsion décisive » pour faire bouger les choses. Le directeur de l’école a ainsi chargé Jacques de Champchesnel, le Directeur de la Vie Universitaire, de faciliter le dialogue entre l’ASPE et la DGSI. D’où l’apparition d’un Comité de Développement Durable.
Le Comité Campus Vert, une nouveauté dans le paysage institutionnel de Sciences Po
Ce Comité de Développement Durable, baptisé « Comité Campus Vert » par les membres de Sciences Po Environnement, est présenté comme la clé de voûte d’un nouveau système. Crée officiellement le 9 janvier dernier, il regroupe une base de 7 étudiants de Sciences Po Environnement, ainsi que 9 membres de l’administration, dont Jean-Noël Poli, Directeur de l’Immobilier, et Delphine Sergent, Directrice des Services Généraux.
Tout ce beau monde a pour objectif de travailler en collaboration afin de mettre en place un Plan Vert pluriannuel et participatif. Ce plan comprendra cinq grands axes : le recyclage, l’achat responsable, l’efficacité énergétique, les jardins partagés et l’enseignement. De plus, le Comité Campus Vert a pour vocation de rédiger une Charte du développement durable, qui inclurait des principes de bonnes conduites en la matière à faire signer par F. Mion et Sciences Po Environnement.
« L’idée, via ce comité, est de rentrer dans le système institutionnel pour s’inscrire sur le long terme » explique la Présidente de Sciences Po Environnement. Et c’est là tout l’enjeu auquel sont confrontés ceux qui s’attellent aux questions environnementales. « Le travail est difficile, car il doit s’inscrire dans la durée » souligne Jacques de Champchesnel . « La mission dépasse l’individu et il faut réussir à assurer sa pérennité ».
Pour cela, cette « coopération inédite » a permis à l’administration et à l’ASPE de se répartir le travail sur la question du recyclage. « Les membres de l’administration sont sensibilisés aux questions environnementales, et leur travail est accompagné par les recherches et conseils d’étudiants membres de Sciences Po Environnement » précise Noélie Ringuede, chef du pôle Campus Durable. D’après le Directeur de la Vie Universitaire, Jacques de Champchesnel, il s’agit là d’un « partenariat complètement gagnant », puisqu’il permet d’allier l’innovation des élèves et l’expérience des membres de l’administration pour gérer les contraintes. «Il faut réussir à satisfaire les exigences de Sciences Po Environnement, tout en prenant en compte le champ des possibles » rappelle-t-il.
Quelles avancées concrètes pour le recyclage ?
Pour l’instant, malgré l’installation du Comité Campus Vert, à part l’arrivée de bac de compost dans le jardin du 27, rien n’est venu bouleverser le quotidien du sciencespiste, qui peut toujours se séparer de ses déchets comme bon lui semble. Mais le recyclage ne devrait pas tarder à faire son apparition entre nos murs: Sciences Po devrait, d’ici janvier 2017, lancer un appel d’offre pour renouveler son contrat avec une entreprise de gestion des déchets. « Et cette fois, on est sûr que cet appel d’offre inclura des clauses en faveur du tri sélectif » certifie la Présidente de Sciences Po Environnement.
Le minimum à atteindre est une séparation à la source entre le papier et le reste des déchets. « Mais ce n’est pas assez ambitieux, il existe déjà à Sciences Po des poubelles papier », prévient Noélie Ringuede, chef du pôle Campus Durable. « Le plan idéal serait d’installer dans les couloirs, les halls et les cafétérias, quatre bornes de collecte : une pour le papier, une pour les gobelets, canettes et bouteilles en plastique, une pour les déchets organiques et une dernière pour les déchets non valorisables ». « Et il faudrait mettre une poubelle bi-compartimentée par salle de classe, afin de séparer le papier du reste » ajoute-elle.