Nouvelle instabilité politique en Moldavie
Le 8 mars dernier, le Premier ministre moldave, Vlad Filat (Parti libéral-démocrate) a déposé la démission de son gouvernement au président Nicolae Timofti. Ce geste fait suite au à la motion de censure adoptée le 5 mars dernier au Parlement par cinquante-quatre voix – cinquante-et-une voix étant requises- sur cent-un.
L’Alliance pro-européenne, composée de libéraux, de démocrates et de libéraux-démocrates, avait accédé au pouvoir en 2009, aux dépens du Parti communiste. Ce vote de défiance résulte des demandes répétées –certaines ayant été menées depuis juin 2011- des membres de ce dernier quant à la démission du gouvernement, ceux-ci ont cette fois été soutenus par les démocrates et un groupe de députés non-affiliés. L’ancien président, Vladimir Vorodine (Parti communiste) motive cette position en déclarant que « le gouvernement actuel […] est responsable de l’appauvrissement et lié à la corruption ». Il développe également un courant critique envers les institutions européennes qui tend à l’euroscepticisme, en dénonçant la volonté d’intégration portée par Filat : « tous les abus du gouvernement ont été couverts par des fonctionnaires européens qui ont soutenu le pouvoir actuel. »
Ces accusations de pratiques peu scrupuleuses apparaissent relativement justifiées par les enquêtes judiciaires dirigées contre des membres du gouvernement pour motifs de corruption. Ainsi le ministre des Finances, Veaceslav Negruta aurait reçu 400 000 euros de l’homme d’affaires Petru Sandulchai ; le ministre de la culture, Boris Focsa, aurait abusé de ses fonctions en décidant de la privatisation –pourtant illégale- d’un monument historique de la capitale (Chisinau). Un hôpital serait même utilisé par le ministre de la santé, Andrei Usatti, pour percevoir des crédits bancaires. Dans le cas d’une confirmation de ces différentes allégations, les hommes politiques concernés se verraient soumis à des sanctions judicaires, sous la forme de peines de prison.
Ce renversement pose la question de l’instabilité politique de la Moldavie et remet indirectement en cause ses rapports avec l’Union européenne, dans la mesure où Vlad Filad mène depuis son arrivée au pouvoir une politique axée sur l’intégration de son pays. Celui-ci devait signer en novembre prochain un accord d’association avec l’Union européenne, portant notamment sur le libre-échange, à l’occasion du sommet du Partenariat oriental. Le gouvernement de Filat continue cependant à assurer l’intérim, en attendant la nomination présidentielle d’un nouveau premier ministre. Celle-ci doit intervenir dans les deux prochaines semaines et être soumise à l’approbation du Parlement.
En attendant, Vlad Filat poursuit ses actions de développement de la Moldavie par le biais de l’aide européenne. Il a ainsi rencontré le 18 mars l’ambassadeur de l’Union européenne, Dirk Schuebel, afin de signer un programme de développement régional, défini par un communiqué européen de 2008 et financé à hauteur de sept millions d’euros. Celui-ci devrait permettre l’amélioration des infrastructures, des réseaux de transports, de l’approvisionnement des bâtiments publics en électricité, du traitement de l’eau et des déchets.
Par Fanette Caudron.