Nouvelle AG au 27
Alors que les voisins de l’IHEAL étaient en grève, une nouvelle Assemblée générale a eu lieu en amphi Chapsal jeudi dernier. Les discussions étaient centrées sur le sort de la recherche.
L’AG s’est ouverte sur le témoignage quelque peu dépité des délégués à la coordination nationale d’Angers. Gaétan témoigne toutefois que « les autres universités étaient reconnaissantes que Sciences Po soit présent», alors que l’IEP est perçu comme le laboratoire des réformes actuelles.
L’ordre du jour est essentiellement consacré à la recherche. La salle accueille par des applaudissements Philippe Coulangeon, chargé de recherche CNRS à Sciences Po, qui établit un rapide état des lieux sur le rôle du Centre National de la Recherche Scientifique. A l’IEP, sans le concours de cette dernière institution, la recherche serait sérieusement compromise : elle jouit en effet d’un double financement de la FNSP et du CNRS. Jusqu’à présent, les orientations de ce dernier étaient définies par un comité national composé d’enseignants-chercheurs. Avec la réforme, il deviendra une agence de moyens, remettant la politique scientifique aux mains des universités, et, LRU oblige, de leurs chefs d’établissement. Pour M. Coulangeon, il s’agit d’un risque de reprise en main politique du pilotage de la recherche. Mais plus inquiétant encore est la faiblesse des recrutements face à l’ampleur des départs en retraite : « en quelques années, le CNRS dans le département SHS – Sciences Humaines et Sociales, ndlr – peut être tué en silence ».
Une intervention complétée par plusieurs doctorants présents. Seuls 15% des thèses reçoivent un financement en SHS. Pour Ugo, c’est un frein considérable à la recherche, qui sera encore accentué par l’instauration d’un contrat doctoral unique. Les chercheurs ne disposant que de trois ans pour faire leurs recherches, il sera très difficile pour eux de les mener à bien s’ils doivent travailler à côté pour financer leurs travaux. Séverine, dont la thèse est financée par France Telecom, appuie les dangers de ce contrat unique : alors qu’elle consacre 20% de son activité à l’entreprise et 80% à sa thèse, le nouveau contrat ne fixe aucune limite temporelle, ni sur la nature des activités demandées, qui peuvent être des missions de consulting pour les entreprises.
Les interventions qui ont suivi ont été marquées par la présence d’un étudiant de l’IEP de Lille, appelant à une mobilisation massive, ainsi que, plus proche de nous, un représentant de l’IHEAL (Institut de Hautes Etudes sur l’Amérique Latine). La création d’un comité de mobilisation commun avec cette école a été adoptée.
L’Assemblée a voté plusieurs motions. En matière de recherche, elle s’est prononcée pour l’abrogation du contrat doctoral unique, la hausse du nombre d’allocations de recherche, et un plan de recrutement pluriannuel de chercheurs au CNRS. Le refus du pilotage de la recherche par l’industrie et les intérêts privés a par ailleurs été affirmé.
La salle s’est également prononcée en faveur d’actions à Sciences Po et dans le quartier, ainsi que de la participation à la journée interprofessionnelle du 19 mars, sur fond de « convergence des luttes ».
En marge de l’AG, l’UNI a tenu à faire connaître son analyse à nos lecteurs : « Tandis qu’une centaine de personnes étaient présente la semaine dernière, seuls 80 se sont déplacés aujourd’hui. Cela souligne que le mouvement s’essouffle alors même qu’il venait de s’engager ». Les étudiants et chercheurs mobilisés apprécieront sans doute la critique : dès vendredi, ils étaient rassemblés en comité de mobilisation pour programmer les actions de la semaine à venir. L’UNI n’a vraiment pas de pitié pour ces « apparentés communistes », décrètant: « L’AG ne représente pas les étudiants de Sciences Po ». Heureusement, l’UNI est là pour représenter Sciences Po et défendre la recherche…
Photo : Antoine Genel
11 Comments
Aurem
Si l’article est partisan, bonne suggestion que de demander à l’auteur d’indiquer son appartenance politique.
Je tiens à dire que ces AG, ces « délégations », et j’en passe, ne sont ABSOLUMENT pas représentatives des étudiants. 110 présents, c’est dérisoire sur les plusieurs milliers que nous sommes…Sciences po n’est pas « en lutte », seuls quelques-uns le sont. Merci de préciser…
Electric Electric
La dernière phrase, en gras, donne déjà un bon aperçu, il me semble… Savoureux!
Oui
Complètement évident : le journaliste ne peut se prétendre impartial.
En revanche, pour aider les lecteurs, dont je suis, qui ne connaissent pas les petites affinités politiques de tous, il serait agréable que le rédacteur de mentionne son appartenance politique lorsque c’est le cas. Cela pourrait faciliter notre prise de recul.
Merci.
Sandra
Mazel tov, enfin des articles orientés!!! J’apprécie énormément. Bravo d’avoir eu le courage de sortir de la neutralité et de récidiver. Au moins, ça a du goût quand on le lit (amer ou sucré, au choix). Moi je me délecte.
Arnaud (UNEF)
Merci Sid pour ton comptage des présents au début de l’Assemblée Générale, qui est exact – par ailleurs Maxence a également raison : au bout de 2h d’AG, nous n’étions plus que 80 – et qui montre que le mouvement ne s’essoufle pas encore, à mon sens.
Ensuite, je rejoins le fait que l’article n’est pas impartial (Bravo Sherlock !) et qu’il n’a pas vocation à l’être (Décidemment !)…
Si l’auteur veut rédiger un article sur un évenement à Sciences Po qui engage son point de vue, il prend ses responsabilités. Mieux vaut même qu’il le fasse ouvertement comme il le fait ici, plutôt qu’il déguise ses positions dans un article prétenduement objectif. Mais arrêtons donc de crier à tout va à la partialité de lapeniche !
Que l’auteur écrive un article engagé, oui, mais que le média soit partisan, non !
Baptiste
Historiquement, le journalisme a d’abord été militant.
Je refuse l’hypocrisie de l’objectivité ou du « pseudo-réalisme » qui est à lui seul une idéologie.
Et si l’UNI souhaite exprimer ses vues dans une interview, il pourra le faire.
Pour répondre à Djougachvili, la phrase sur la recherche compromise n’était là que pour pointer du doigt le poids du CNRS dans le financement de Sciences Po. Pour les contrats, il existe déjà une possibilité de financement des thèses par des entreprises, sachant comme le disait Ugo que les financements publics sont peu nombreux ; l’idée du contrat doctoral unique c’est d’uniformiser le statut des chercheurs quel que soit leur financement. Ca implique notamment la création d’une période d’essai, la possibilité de non renouvellement du contrat d’année en année, la limitation de la durée des recherches à 3ans, et la possibilité d’effectuer des tâches annexes à la demande du financeur (enseignement, expertise…). Ce dernier point génère de l’inquiétude parce qu’il est très flou : il n’y a pas, comme c’est le cas dans le contrat actuel de Séverine, de limite à la part de ces activités annexes dans les travaux du chercheur.
Sid
Merci l’UNI pour son comptage de l’AG. J’ai personnellement compté les étudiants présents dans l’AG au début de celle-ci: 110.
Et j’apprécie tout autant les commentateurs de l’article sur sa « non-neutralité ». C’est vraiment très Pérrineau comme remarque (et Sciences Po). C’est quoi la neutralité, à part la nouvelle idéologie des temps moderne qui veut faire du « pragmatisme » un paradigme de gouvernementalité. Pitoyable.
Clément
Ceux qui sont prompts à dénoncer le côté partial de cet article sont certainement les mêmes éternels insatisfaits qui reprochent sans cesse à LaPeniche d’être « l’antenne officielle de l’administration de Sciences Po ».
Entre pas d’info du tout et une info parfois partiale (mais vous noterez que l’UNI a droit de citer dans l’article), Lapéniche a fait son choix!
Après chacun est assez grand pour se faire une opinion sur le mouvement actuel.
A bon entendeur!
Marie Geneviève
J’avoue que c’est marrant que ce soit Baptiste qui rédige cet article… pas très neutre !
Maxence
Commenter un mouvement politique quand on est à ATTAC. Bravo la péniche.net !
Défendre la recherche, aujourd’hui, c’est la réformer. Une chose est sûre : 80 personnes, ce n’est pas Sciences Po ! Ambiance de fin de mouvement, même, avec les coups bas entre Sud et l’UNEF.
Journalisme ou militantisme, il faut choisir !
Djougachvili
C’est vrai. L’UNI, saymal. Alors que l’UNEF et SUD, c’est comme le chwal : des sensations… bien.
Blague à part, tu peux développer « la recherche serait sérieusement compromise [sans le CNRS] » ? Je ne suis pas en recherche et je ne comprends pas non plus cette histoire de contrats avec des entreprises comme l’évoque « Séverine ».