Nocturama, un film d’exception

Le cinéma français semble depuis quelques années se transformer, évoluer sous un autre jour, comme nous l’a montré Thomas Cailley dans Les Combattants, avec le jeu merveilleux de Adèle Haenel et Kevin Azaïs. Une nouvelle lignée de films se profile, et dessine le cinéma français dans ses années à venir.

noturama
Affiche du film

 

Nocturama est dans cette lignée. On pourrait même ajouter qu’il prolonge cette superbe envolée. D’un suspense intense, mené par une musique omniprésente, pas surchargé de paroles inutiles, juste le nécessaire, il plonge le spectateur dans un merveilleux moment de réflexion. Mais pas la réflexion d’un grand film intellectuel, ni le suspense à outrance (et ô combien divin !) d’un Hitchcock. Juste de la réalité, de la pure réalité. Avec une simple déformation des événements, de simples petits changements. Et tout cela avec de très bons acteurs.

Dans un cadre spatial familier, Paris, multipliant les analepses temporelles, ce film dissèque toute la psychologie de notre société moderne, qui, déchirée par les courants identitaires, a besoin de se trouver, par de multiples manières. C’est aussi l’occasion d’entrevoir le contexte des attentats de 2015 sous un autre angle, en rentrant dans la peau de ces personnes qualifiées d’«ennemis d’Etat ».

«Dans un cadre spatial familier, ce film dissèque toute la psychologie de notre société moderne ».

Un surplomb de beauté cinématographique qui allie le son à l’image. Jouant tantôt sur des magnifiques effets musicaux qui accentuent toute la puissance rhétorique de ce film, à des moments où toute l’attente des personnages se mesure à l’absence d’action. S’il y a donc bien un film dont on ne peut parler sans en briser tout le suspense, c’est bien Nocturama.