Les Forums Télérama du jeudi 27 mars : Télé, le big bang (1/2)

Jeudi 27 mars, 4 forums ont eu lieu à Sciences-Po à l’initiative de Télérama et de Publique Sénat. Retour sur le forum de 15h dans l’amphi Boutmy, intitulé
« Quels programmes pour un audiovisuel publique sans publicité ? ».

Un an ! C’est ce dont dispose le service public afin de réfléchir à sa nouvelle grille de programmes et ainsi, combler les 3h18 d’antenne quotidienne supplémentaire qui prendront effet l’année prochaine, conformément à la volonté du Président de la République exprimée le 8 janvier dernier, de supprimer la publicité sur l’ensemble des chaînes télévisées et radio du service public. Or, si le financement est le nerf de la guerre dans ce débat, les programmes sont loin d’être négligés, les Français passant en moyenne 3h25 quotidiennement assis devant leurs postes de télévision, soit 12 ans de leur vie, télécommande en main.

Comment entrevoir une télé débarrassée de la tyrannie de l’audimat ? Quelles missions donnent t-on au service public ? La télé publique a-t-elle vocation à s’adresser au plus grand nombre ou doit-elle proposer des programmes spécifiques à certaines catégories de téléspectateurs ?

Pour animer le débat, étaient présents :

  • Thierry Langlois, directeur de la programmation de France Télévision,
  • Serge Moati, journaliste, présentateur de Ripostes sur France 5,
  • Jean-Pierre Cottet, directeur du business development et de l’innovation du groupe Lagardère (anciennement directeur de l’antenne et des programmes de France 3, directeur général chargé de l’antenne de France 2 et directeur général de France 5)
  • Jean-Pierre Guérin, producteur (Sous les vents de Neptune, David Nolande, Ali Baba et les 40 voleurs),
  • Jacques Peskine, Président de l’Union Syndicale de la Production Audiovisuelle (USPA)
  • Fabienne Servan-Schreiber, productrice (Les Oubliés, L’Embrasement, Jean de la Fontaine, Le défi)
  • Guy Seligman, président de la Société Civile des Auteurs Multimédia (SCAM)

Il n’est pas rare d’entendre qu’au vu de la grille de programmes proposée, il n’y guère de différence entre le secteur public et privé. Qu’en pense Thierry Langlois, en tant que directeur des programmes des chaînes publiques ? Le secteur public permet de proposer certains programmes qui seraient absents des écrans si l’on n’avait pas la télévision publique. En matière de programmes, le principe de différence doit prévaloir par rapport aux chaînes commerciales. Ainsi, selon lui, un virage a été entamé depuis deux ans sur France 2, en faveur du débat citoyen et de la culture. Et cela se traduit dans les chiffres, puisque France Télévision peut se targuer de contribuer à la production de fictions, de documentaires et de spectacles vivants (quasiment les seuls sur ce type de programmes).

Ainsi, « La suppression (de la publicité) va tout changer sur les horaires et c’est formidable ! » (Seligman, producteur). Le changement important dans les horaires concerne les émissions de première partie de soirée car le service pourra commencer dès 20h30, forçant M6 et TF1 à en faire autant. Du coup, les documentaires verront leur temps d’audience accru, puisque c’est le format de programme le moins couteux et le plus rapide selon les intervenants. Ne pas oublier la fiction et la liberté d’initier de nouvelles formes d’émissions, de se montrer plus audacieux, les grilles proposées aujourd’hui restant plutôt figées.

L’optimisme est donc de mise concernant la qualité des programmes supplémentaires même si d’aucuns rappelleront que la création est condition du financement de ces créneaux horaires libérés. Et Serge Moati, animateur de l’émission « Ripostes » de soutenir que « La création est le passager clandestin du paquebot télévision. »