LE MAG – Réalité : psychédélires de Dupieux

Par Alexandra Saviana

A voir si :
Vous êtes un apprenti réalisateur en manque d’inspiration.

A éviter si :
Vous attendez une redite de La Cité de la peur.

realite-photo-5493f8979e469

 Réalité, de Quentin Dupieux, est un film difficile à décrire. Impossible à résumer -car l’auteur de l’article elle-même est incapable de l’expliquer- il est tout aussi difficile à critiquer.

Accepter d’aller voir un Dupieux est toujours une expérience en soi : on accepte d’être déstabilisé, de délaisser les repères qui jalonnent habituellement une comédie, française de surcroît.

Mais avec son dernier film, le réalisateur semble avoir décidé, conjointement avec ses acteurs, de délibérément réaliser un scénario qui n’a de sens que si on cherche réellement à lui en donner -comprenez : que si le spectateur s’en invente un qui lui est propre.
« Cest tout un concept ; cest une proposition de comédie », avait déclaré Jonathan Lambert dans une interview. Le ton employé en lâchant ces mots, d’une solennité empesée, laissait présager un second degré parcourant tout le film, s’infiltrant dans le jeu de ses acteurs jusqu’au moindre mouvement de caméra.

Et c’est le cas. Réalité est un film sans queue-ni-tête. Alain Chabat trimbale sa sympathique silhouette, dansant au bord du précipice du burlesque et refusant, contrairement à son habitude, d’y tomber. Alors que le spectateur attend désespérément une blague, une mimique, une preuve que c’est bien Chabat, oui, notre Chabat, qui tient la tête d’affiche de ce long-métrage, l’acteur se dérobe à chaque fois, comme s’il cherchait à provoquer le sourire, et jamais le rire. Insaisissable, en somme. Insaisissable à l’exemple de la multitude de personnages et d’histoires entrecoupées qui peuplent le film, traversant l’écran comme des fantômes à la recherche d’une direction, d’un sens, de repères. Insaisissables, comme le scénario.

Gloubi-Boulga ignoble ou véritable coup-de-maitre ? Difficile de se prononcer. Réalité est tout à la fois : il tient autant de la folie que du génie; de la bêtise la plus profonde à l’originalité la plus surprenante.
On pourrait ainsi conclure qu’en définitive, avec ce film, tout est histoire de point de vue.
Tenez, c’est étrange ; c’est presque comme si Dupieux avait tenté de nous dire quelque chose.

En un mot:
Une plongée absurde dans les limbes de Dupieux qui ne vous laissera pas indifférent.

La note:
8/10

Retrouvez la chronique ciné de La Péniche !  Chaque semaine, La Péniche vous donne rendez-vous au café des Vieux Garçons pour la chronique ciné. Retrouvez nos chroniques cinés.