Le Coup de Corazón de la Redacción

    Passions suspendues :

 

  • Les Amants Passagers, de Pedro Almodóvar avec Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Aréval.
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    Un équipage gay défoncé et alcoolisé jusqu’à la moelle, une voyante vierge de 35 ans, une escort dominatrice vieillissante, un couple à la fois en gueule de bois et en lune de miel, un type louche à l’air clean, un type perdu à l’air louche, un type louche à l’air louche, tout ce beau monde à bord d’un vol pour Mexico qui ne peut pas atterrir, voilà le pitch vendeur des Amants Passagers. Le générique annonce la couleur : l’ambiance, sensuelle, pop, débridée, est toujours à la movida. Imaginez. Y a-t-il un pilote dans l’avion mais à la sauce Almodóvar, c’est-à-dire passé par un filtre pastel, sexy, clinquant ; le tout bien arrosé de champagne et saupoudré de drogues en tous genres.

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    Tordus, drôles, désinhibés, libres et un peu concons, les Amants passagers n’ont rien à perdre. Tous partent à Mexico pour fuir leurs problèmes ou pour en créer ailleurs. Dans ce temps suspendu, chacun cherche à tirer son épingle du jeu, et chacun y arrive, car il faut dire que tout le monde joue avec joie. On admet un gros faible pour le steward en chef, parfait exemple des personnages que l’on rencontre, les yeux brûlants, superficiel, charmeur même après avoir vomi, et incapable de tenir sa langue.
    Complètement à l’aise, Almodóvar s’attache à montrer les rides, le maquillage, les manières des personnages, et s’en moque avec affection. Tout cela toujours en donnant un coup de vieux à tous les autres cinéastes qui traitent de mœurs, de genre, de sexe, d’amour. On sourit d’aise tout du long, même si on a parfois le sentiment de pas bien savoir où l’on va. Film mineur d’une carrière majeure, il est à voir comme une parenthèse, un apéritif après le très beau La Piel que habito et avant le prochain grand cru. On sort les verres.
     

    Julie Henches.