La Colombie et le néant de l’indifférence
Je vais laisser les mots parler…J’en ai simplement « marre » de cette société indifférente, indolente et odieuse…Une société qui se préoccupe de l’aspect purement banal des choses. Une société pourrie par des gens indifférents qui n’agissent pour rien…Pas même pour tuer une mouche ! Une Société colombienne qui vit dans un pays où les inégalités sont partout, dans la rue, sur les visages des enfants, de jeunes et des sans abris. Une société qui oublie les personnes âgées et même les bébés. Une société, où les nouvelles ces sont des assassinats et la mort des jeunes, qui ont intériorisé ces faits et qui les considèrent aujourd’hui « normaux »…Normaux ? Normaux ? Voire les gens se tuer les uns les autres sur la chaine X pour après appuyer le bouton sur la chaine Y et voir la même chose, puis acheter le journal Z pour voir « la fille incinérée par sa famille » ? C’est quoi ça ? Une société accoutumée à la douleur, à la souffrance où la drogue des chiffres n’agit plus…
Ce n’est pas tout. Haine, rage, paresse, remplissent nos cœurs, sans qu’on puisse y échapper. Le jour passe, le mois passe, le temps aussi mais la haine persiste .On le voit partout, tout le temps. De générations en générations, la Colombie ne sort pas de cet « état » qui la tire vers l’effondrement. La paranoïa d’un attentat, d’un vol ou simplement le pressentiment de quelque chose de mauvais créent en nous des fantômes, des gens invisibles qui en effet n’existent que dans notre imagination. On acquiert un gout pour la vengeance, un goût mortel pour ceux qui nous ont fait mal, un goût lapidaire pour les déviants. Ceci on peut le voir par les nombreuses « marchas » réalisées, des marches contre les ennemis dits barbares. « Le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie » comme l’a dit Lévi- Strauss. Ne serions nous pas nous aussi des « barbares » lorsqu’on condamne ces êtres humains ? Pourquoi ne pas, penser à la justice plutôt qu’à la vengeance ? La vengeance est le « remède » de la haine, la justice le vrai remède. Le problème est là, la solution aussi. Pourtant la rigidité de quelques uns nous empêche de voir la réalité avec d’autres yeux et d’arriver à une réconciliation. Cela serait le meilleur chemin…
L’histoire du pays nous donne raison. Presque deux siècles sont déjà passés et nous sommes dans le délire du « bon chemin » sans résoudre les problèmes. Nous nous retrouvons sous le seuil d’IDH moyen des pays d’Amérique latine, avec 14.3% de pauvreté extrême et 45 % de pauvres malgré une augmentation de 5% de la croissance économique du pays. Alors qu’est ce qui se passe? Evidemment dans notre pays, il existe un lien opposé entre croissance et développement social. Les grands chefs d’entreprises et les élites s’accaparent les richesses de notre pays et favorisent leurs intérêts individuels. Ces personnes-là se déguisent par les « œuvres de charités » et contribuent peu au renforcement de l’Etat- Providence. La répartition des richesses est donc un problème très important dans notre pays .Les richesses sont très mal réparties et le peuple que fait il ? Rien, sinon dormir .Des bombes explosent dans le pays. Les gens meurent, des gens pauvres, des paysans, des enfants, des indigènes, des étudiants et pourquoi ? Car nous sommes de délicieuses pourritures pour certains, pourries pour quelques uns et délicieuses pour d’autres…
Tant que la société colombienne ne luttera pas contre « ses maux » à savoir la haine, la rage et l’indifférence -dites de « choses du commun » mais qui deviennent structurelle-, elle ne pourra pas établir de bases solides pour construire un pays juste, réconcilié, équitable et moins inégal.
Aujourd’hui, l’espoir d’une nouvelle négociation de paix nait entre les Farc et le gouvernement. L’opinion publique est divisée. Plusieurs sont favorables a ce nouveau rapprochement mais d’autres non. Plusieurs se demandent si vraiment les accords finaux de ces négociations seront un papier qui restera au fond du placard, si vraiment les paroles des Farc et du gouvernement resteront qu’à La Havane. Ou si finalement la signature des ces simples accords ne suffira pas pour résoudre les problèmes structurels qu’inondent notre pays.
Malgré cela, l’espoir n’est pas perdu, de nombreuses personnes s’indignent et se demandent en ce moment ce que sera l’avenir de la Colombie. Des étudiants, des paysans, des artistes et des jeunes sont en train de réfléchir à un nouveau visage pour le pays dans les domaines de l’éducation, de la culturelle, de la politique et même de l’environnement. Les manifestations des étudiants contre les reformes de l’état qui visait à privatiser l’éducation publique, l’insertion de jeunes dans de nouvelles manifestations artistiques et musicales, et l’augmentation de ONG ayant comme but l’amélioration de conditions de vie, l’envie de paix,sont une preuve qu’il y a des résistants -des indignés comme vous et moi- qui ne se laissent pas convaincre et qui résistent jour après jour aux échecs de la Colombie
Par Alma Ochoa