En meeting avec François Fillon

Veille d’élections présidentielles oblige, La Péniche arpente les meetings pour vous les faire vivre, comme vous y étiez. Le premier à ouvrir le bal de notre série était Français Fillon. Un rassemblement placé sous le slogan de « la France libre », à l’heure où des libertés semblent avoir été prises quant à l’octroie de postes. Reportage dans les broussailles républicaines.

Le rendez-vous était fixé, 14h, le dimanche 29 janvier à la Villette pour le meeting de François Fillon, et c’est en voyant une nuée de cheveux blanc sortir du métro que j’ai su que j’étais à bon port. Mais, ne soyons pas mauvaise langue, les jeunes étaient sur le pont, notamment Les Républicains Sciences Po que j’ai suivi à ce rassemblement.

« Il y a le temps de la primaire et le temps du rassemblement» 

Nous sommes arrivés une heure en avance dans cette salle du Paris Event center qui avait déjà vu en 2015 le congrès fondateur de Les Républicains, ce qui m’a laissé le temps d’observer les préparatifs et d’échanger avec les jeunes venus soutenir Fillon. Ce qui m’interpelle tout d’abord, c’est que sur la dizaine de jeunes avec qui j’ai discuté, une seule, Marie Christine se dit être « une convaincue de toujours ». Elle a assisté à plusieurs meetings et soutenait déjà le candidat à la présidentielle pendant les primaires. Les autres sont en grande majorité d’anciens sarkosystes qui se sont ralliés. « Il y a le temps de la primaire et le temps du rassemblement » selon Martin. Cependant des désaccords persistent avec le candidat, c’est le cas pour Alexandre qui déclare : « je me retrouve dans ce qu’il dit sur la sécurité ou l’identité mais pas sur la politique économique libérale ». Mais ces différences n’entament pas la motivation et l’engagement et partout, on voit courir des jeunes en tshirt bleus ou blancs distribuer des tracts et des drapeaux aux nombreux visiteurs venus de toute la France comme cette dame de Marseille que je croise, armée de son appareil photo pour capturer l’image de cet homme qu’elle « admire profondément ». 

 

Le temps des chauffeurs de salle

Après l’effervescence des préparatifs vient une heure trente de discours de personnalités du parti Les Républicains venus réaffirmer leur soutien.  On voit ainsi défiler François Baroin, Salima Saa,  Valérie Pécresse, Virginie Calmels, ajointe de marie d’Alain Juppé lui aussi présent. Tous font l’éloge de François Fillon sous les applaudissements nourris d’une salle comble de 15 000 personnes. Mais il y a autre chose de commun dans leurs discours, les attaques contre Emmanuel Macron. Tous sans exceptions s’attaquent à l’ancien ministre de l’économie. François Baroin dit de lui qu’il est le « candidat d’un socialisme hors sol » et qu’il « attend un programme qui a trois mois des présidentielles n’existe pas ».  On comprend ainsi qu’il est devenu le principal adversaire de François Fillon. Serait-ce parce que les récents sondages le donnent au coude a coude avec lui pour affronter Marine Le Pen au second tour ? Possible.

Un discours sous le signe de l’union

« Nous n’avons qu’un compte commun au crédit agricole de Sablé sur Sarthe ».

Lorsque Fillon est arrivé j’ai été surpris, surpris de voir sa femme Pénélope Fillon à ses côtés. Car il faut avoir à l’esprit que ce rassemblement a lieu au cœur du « Penelope Gate ». Et le moins qu’on puisse dire c’est que Fillon joue, dans la continuité de son intervention au 20h de TF1, la carte du soutien indéfectible à son épouse. Ses premiers mots sont d’ailleurs à son intention « ils pensaient nous avoir torpillé, nous avoir abattus » avant d’ajouter cette phrase qui m’a étonnée et fait rire « nous n’avons qu’un compte commun au crédit agricole de Sablé sur Sarthe ». Penelope a d’ailleurs eu droit à une standing ovation de plusieurs minutes et lorsque que l’on interroge les jeunes soutiens de Fillon ils sont catégoriques. Martin déclare « on a voulu l’attaquer au travers de sa femme c’est vraiment lâche » et pour Richade « Il faut laisser la justice faire et ne pas tirer de conclusions hâtives sur ce sujet ». Tous en tout cas se réjouissent que cette affaire n’ai pas découragée certains de venir.

"Si je n’avais qu’un slogan ce serait : La France libre", François Fillon. Photo: Thomas Hinzelin
« Si je n’avais qu’un slogan ce serait : La France libre », François Fillon. Photo: Thomas Hinzelin

 

« Education, autorité et travail »

Maintenant que Fillon parle, le show peut commencer et le moins qu’on puisse dire c’est que l’on n’est pas déçu. Le candidat maitrise parfaitement l’exercice, sa voix porte et remplie la salle. Il compte beaucoup sur les interactions avec le public et laisse de nombreuses pauses à la fin de ses phrases pour laisser à son auditoire le temps de réagir. Des applaudissement nourris quand Fillon dis « je suis au côté des familles, le creuset de la France, qui veulent éducation, autorité et travail », des huées quand il déclare « ça me fait mal d’entendre que la France et fichue et que tous ce qu’on a à lui offrir c’est le revenu universel ». François Fillon est tantôt sur la défensive lorsqu’il répond à la
polémique sur la sécurité sociale en déclarant « je ne veux pas moins de sécurité sociale pour les français, je veux plus de sécurité sociale ». Tantôt il attaque avec une petite référence dont je vous laisse juger de la finesse « mon ennemi a un visage, ou plutôt il en a quatre, la gauche rouge de Mélenchon, la gauche des sortants : le ps, la gauche dissimulée de Macron et la gauche de Le Pen, car les idées du front national sont celles du front de gauche ».

De grandes déclarations ?

Le discours est, en réalité, assez général et beaucoup d’idées sont énumérées : une Union Européenne qui se tourne vers les nouvelles technologies, plus d’apprentis, relève du quotient familial, une aide de 300 à 600 euros par ans pour les retraités les plus pauvres, fin de la réforme des rythme scolaire, quotas d’immigrés qui devront « connaître la langue et respecter les lois car quand on rentre dans la maison d’autrui on n’impose pas ses règles ». Le résultat est là, de nombreux applaudissements qui secouent la salle pour finir avec une Marseillaise sonore. Les jeunes que j’interroge sont globalement ravis à l’instar de Richade « la première fois que je l’ai vu c’était un meeting de 100 personne près de Montpellier, là il y avait 15 000 personnes et pourtant il a gardé la même sincérité » et « il s’est montré intelligemment combatif ».
 Le meeting était donc une réussite, mais c’est une victoire en territoire conquis. Il faut maintenant, c’est l’avis de plusieurs jeunes soutiens de Fillon, qu’il porte son message partout, qu’il redonne confiance aux gens après l’affaire Pénélope et ainsi « la victoire sera au rendez-vous »

Petit message de remerciement aux Républicains Sciences po et plus particulièrement a Richade Fahas pour m’avoir accueilli et pour leur aide pendant le meeting.