Critique ciné : Le Majordome (The Butler)

Servir. La vie de Cecil Gaines pourrait se résumer à ce mot. Majordome afro-américain de la Maison-Blanche, il voit défiler tous les présidents des États-Unis, d’Eisenhower à Reagan. Il leur obéit inlassablement, avec déférence, et apprend à s’effacer pour mieux satisfaire leurs désirs.

Source : Allociné

Le Majordome est loin d’être un biopic vide parsemé d’anecdotes croustillantes sur ces présidents américains. Certes dans leur intimité, le film se concentre sur les interrogations de la communauté noire en quête de ses droits. Quelle attitude adopter ? A travers le conflit intergénérationnel, différents choix s’imposent : patienter dans la légalité, à l’image de Cecil ou s’engager dans la désobéissance civile comme son fils, Louis ?

Lee Daniels tente aussi de souligner les divisons criantes au sein de la communauté blanche entre les progressistes de Washington D.C et les conservateurs du Sud,  présentant une véritable schizophrénie nationale.

Si les longues scènes de ménage familial peuvent sembler froides, Forest Whitaker, dans son interprétation de Cecil Gaines, réussit à donner beaucoup d’élégance et de charisme à ce majordome. Le réalisateur s’est entouré d’autres célébrités, à l’image d’Oprah Winfrey (l’épouse de Cecil), Lenny Kravitz (en collègue de travail de Cecil), Jane Fonda (Nancy Reagan) ou encore Mariah Carey (la mère de Cecil). On appréciera tout particulièrement la performance d’Oprah Winfrey, en mère déchirée entre son mari et son fils, qui subit leurs joutes verbales devenues leur seul moyen de communiquer.

Ce long-métrage se présente comme un hommage à tous ceux qui ont participé à la lutte pour l’égalité interraciale, et renonce donc à conclure sur une victoire qui reste à parachever. Un film puissant qui ne laissera personne insensible, louant la ténacité et la volonté de ces hommes à la recherche de dignité. Applaudissements dans la salle à la fin de la projection.