10 choses que vous ne saviez peut-être pas sur Noël Mamère

Noël Mamère vient à Sciences Po lundi dans l’amphithéâtre Chapsal à l’invitation des Ecolos Sciences Po et de La Péniche, le journal des étudiants de Sciences Po. Et contrairement à ce qui a pu se dire jeudi soir à la tribune de l’amphithéâtre Boutmy, cette conférence à laquelle plus de 300 sciencepistes se sont déjà inscrits n’a pas pour objectif de rétablir l’équilibre gauche/droite après la venue d’Alain Juppé à Sciences Po : Noël Mamère, c’est avant tout une personnalité politique qui a eu une des carrières les plus atypiques de la Vème République. La preuve en dix points.

1. Il a célébré un mariage homosexuel dix ans avant tout le monde.

Le 5 juin 2004, Noël Mamère, maire de Bègles, célèbre le premier mariage d’un couple homosexuel en France, dix avant le mariage pour tous. Cela lui vaudra une suspension de ses fonctions de maire pendant un mois. Le mariage, quant à lui, fut jugé illégal au regard du droit français, et l’union fut annulée par le Tribunal de grande instance de Bordeaux. L’évènement donna une nouvelle ampleur aux revendications portées par la Gay Pride de la même année.

Et le député-maire de Bègles estime avoir ouvert la voie en ayant défendu une cause qui lui est très chère : « la banalisation du mariage de personnes d’’un même sexe est l’’objectif que j’’ai toujours poursuivi depuis la publication du manifeste pour l’’égalité des droits, en mars 2004 » expliquait-t-il à Midi Libre pendant le débat sur le mariage pour tous. « J’’ai fait ce que je considérais comme juste, j’’ai pris des risques, je les ai assumés » ajoutait-il, assurant ne rien regretter.

2. La voiture et Noël Mamère, trente ans de polémiques.

Noël Mamère s’élève publiquement contre les manifestations de qu’il appelle « la religion de l’automobile », en dénonçant des courses comme le Paris-Dakar qui « exporte la mort en Afrique ». Pourtant, il participé en 1989 à  l’enregistrement d’un disque dont le titre « L’odyssée Paris-Dakar » est une véritable ode à la compétition automobile. 

Et surtout, Noël Mamère fut au coeur d’une polémique déclenchée par un reportage de Karl Zéro dans lequel on le voit arriver au club de l’étoile en voiture … tout en affirmant juste après aux journalistes avoir pris son vélo pour aller de la République à l’Arc de Triomphe. Une polémique qui ne manque pas de l’agacer à chaque fois que l’on y fait référence : il assure avoir été pris par le temps ce jour là et avoir été contraint de prendre la voiture pour aller de l’Assemblée à l’arc de Triomphe.

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3. Il était présentateur TV et a failli être chanteur.

Noël Mamère était un journaliste avant d’être un homme politique : pendant quatre ans, il a présenté et dirigé la rédaction d’Antenne 2 midi, l’actuel journal de 13 heures de France 2.

Durant les années 1980, Noël Mamère a aussi tenté sa chance dans le monde musical, sans grand succès. Son interprétation, en 1984, de la chanson Les enfants de par là de Claude Balzane, est un véritable flop. Dans son clip, celui qui était alors présentateur du journal d’Antenne 2 évolue sans grande conviction au bord d’une piscine. Cette mise en scène et son costume – un peignoir bleu ciel – resteront dans les annales.

4. C’est un faucheur volontaire.

Noël Mamère a participé au mouvement des Faucheurs Volontaires, qui s’oppose aux essais transgéniques et aux cultures commerciales d’OGM en France. Il soutient le principe de « désobéissance civile » prôné par les Faucheurs. Pour avoir détruit, en 2004, une parcelle d’essai de maïs OGM au côté de José Bové, Noël Mamère a été condamné à 3 mois de prison avec sursis.

5. C’est un élu local depuis plus de vingt ans.

Nöel Mamère a pris les clés de la mairie de Bègles, une des communes de l’agglomération de Bordeaux Métropole, en 1989. Il n’est visiblement pas près de passer la main puisque les 25 000 Béglais l’ont réélu dès le premier tour en mars dernier, pour un cinquième mandat.

A raison puisque la commune est plutôt bien gérée. Elle est ainsi 25% de moins endettée que les villes avec la même strate de population. Le budget de plus de 70 millions d’euros permet encore le lancement de nombreux projets : construction du stade du Haut Verduc, travaux d’aménagement d’un parc avec une commune voisine, mise en place d’un fond de solidarité logement…

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6. Il n’est plus à Europe Ecologie – Les-Verts.

En septembre 2013, le fondateur de Génération Ecologie annonce son départ d’EELV dans une interview au Monde. Peu de temps après celui de Daniel Cohen Bendit, c’est un coup dur pour le parti.

Au micro de France Inter il explique ce choix par “la conjugaison d’un système clannique et d’une ligne politique que je considère comme défaillante.”  « Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d’élus. J’ai l’impression d’un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société » ajoutait-il. 

Il regrettait aussi l’impuissance des écologistes à réellement peser sur l’action du gouvernement. « Il faudrait fermer 20 réacteurs nucléaires pour parvenir à la promesse de passer à 50% d’énergie atomique en 2025 » : un point que la récente loi sur la transition énergétique a omis de préciser…

 7. Il avait promis de quitter le Palais Bourbon.

C’est un point qui fâche, une déclaration qui fait tâche. Nöel Mamère avait promis de quitter les bancs de l’Assemblée Nationale après les élections municipales qui ont vu son mandat renouvelé à la mairie de Bègles. Il a finalement fait machine arrière, “car renoncer à ce mandat en ce moment, même dans ma circonscription qui est plutôt à gauche, c’est permettre à la droite de gagner un siège” expliquera-t-il sur Radio Classique.

 8. C’est un protégé de Chaban-Delmas.

Noël Mamère est un iconoclaste, même pour les Verts. En 1974 il avait voté pour le gaulliste Jacques Chaban-Delmas à l’élection présidentielle, puis en 1989, c’est en partie grâce à son soutien qu’il a pu remporter la mairie de Bègles. Il lui apportera d’ailleurs en retour sa voix pour le présidence de la communauté d’agglomération de Bordeaux. 

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 9. Il a réalisé le meilleur score des Verts à une élection présidentielle.

En 2002, Noël Mamère rassemble 5,25% des suffrages exprimés et se classe à la septième position de l’élection présidentielle (sur 16 candidats). C’est la première fois qu’un candidat écologiste dépasse le seuil des 5%  : depuis, Dominique Voynet et Eva Joly ont du se contenter d’un score de 1,5 et 2,3%.

Et pourtant, la pré-campagne de Noël Mamère avait été catastrophique : battu à la primaire des Verts par le candidat Alain Lipietz,  il avait annoncé en novembre 2001 sa « décision irrévocable » de ne pas être candidat de substitution après que la candidature de Lipietz ait connu quelques déboires. Il reviendra sur cette décision … 48 heures plus tard, juste après le retrait de Lipietz.

Le programme de Noël Mamère défendait certaines propositions qui font encore écho aujourd’hui : le programme prévoyait la mise en place d’une VIème République basée sur la démocratie participative et le référendum d’initiative populaire, la suppression de l’ENA, la semaine de quatre jours (pour les travailleurs!), la reconnaissance pleine et entière des droits des homosexuels avec la coparentalité et l’adoption… 

 10. Il a un écrit un essai contre Zemmour

Noël Mamère a publié en décembre dernier un petit essai intitulé « Contre Zemmour » en réponse au Suicide Français dans lequel  « il essaye également de « comprendre pourquoi, nous le peuple de gauche, et au premier chef les écologistes, n’avons pas été capables d’imposer notre propre récit, pourquoi notre vision du monde et de ses valeurs n’imprime plus ».

Il déplore ainsi que la gauche ait perdu la guerre culturelle : la gauche n’a pas assez lu Gramsci, à l’inverse de Zemmour. « Gramsci qui a théorisé le concept de guerre idéologique considérait la reconquête de l’hégémonie culturelle comme un préalable à la conquête du pouvoir. C’est en cela que Zemmour est dangereux : il donne consistance à ce viatique raciste et inégalitaire en le relayant auprès du grand public et lui apporte une caution intellectuelle. Zemmour répond aux interrogations légitimes de ceux qui cherchent à comprendre comment la France de leur enfance à pu dériver aussi rapidement : il donne une grille de lecture de ces changements. Zemmour professe un grand récit collectif de la France. » explique-t-il.

Un article d’Alice Brogat, Arnaud Bernet, Marin de la Rochefordière et Alex Baptiste Joubert.

One Comment

  • Antoine Schneider

    Nous sommes à Sciences Po ? Nous écrivons en français ? Si c’est le cas, merci de corriger les fautes d’orthographe : « certaines propositions qui encore un échos aujourd’hui  » –> « certaines propositions qui font encore écho aujourd’hui ». Et c’est Liepitz ou Liepete ? Il faudrait savoir . Merci 🙂