Nathalie Pasutto, Directrice du Développement économique et de l’emploi à la Mairie de Chatou

3ff99791-a808-4e30-a0d8-a354cb1b6724.jpgNathalie Pasutto, promotion 2006 de Sciences Po, a été recrutée en mai 2008 à la Mairie de Chatou, à l’issue du concours d’attaché territorial, et a accepté de répondre à nos questions.

Parcours depuis Sciences Po

Avez-vous suivi des formations complémentaires de votre diplôme à Sciences Po ? Si oui, lesquelles ?

J’ai intégré Sciences Po en Master (Affaires publiques), après une prépa littéraire Hypokhâgne/Khâgne et une licence de Lettres Modernes à la Sorbonne. Je n’ai pas suivi de formation en parallèle de ma scolarité à Sciences Po. Par contre, j’ai pour ainsi dire « complété » mon parcours à Sciences Po par un CDD de 6 mois (au Conseil régional d’Ile-de-France) à l’issue de mon diplôme. Puis, j’ai préparé le concours d’attaché territorial en combinant préparation personnelle et quelques cours de la Prép’Ena.

Que vous ont-elle apporté par rapport à la formation reçue à Sciences Po ?

Ma formation initiale, en classes préparatoires littéraires et à la fac en licence de Lettres, a été tout a fait formatrice et complémentaire de l’enseignement que j’ai reçu ensuite à Sciences Po : elle m’a appris toute une méthode de travail (analyse, rigueur, construction des dissertations…) que l’on ne réapprend pas en arrivant en Master à Sciences Po. Par ailleurs, j’y ai acquis une culture générale (historique, littéraire, philosophique), complémentaire à celle de Sciences Po, plus tournée vers les sciences humaines et le monde professionnel (en tout cas au niveau Master). Enfin, j’ai appris durant ces premières années d’études à faire face à une charge de travail très importante, mais ce dernier point se retrouve aussi à Sciences Po !

Pour ce qui est de ma formation post-Sciences Po, le CDD au Conseil régional a été un complément indispensable au stage court que j’avais effectué durant mon Master (5 mois au Conseil général 75). Il m’a tout d’abord permis de confirmer mes intentions de travailler dans les collectivités locales. Mais il a aussi constitué une véritable expérience professionnelle comme chargée de mission, et non comme stagiaire, particulièrement valorisée par mon futur employeur. Dans un CV déjà très « académique » cette expérience professionnelle supplémentaire a été un vrai plus pour trouver un poste.

Avez-vous rencontré des difficultés à trouver un premier emploi ?

J’ai eu beaucoup de chance car j’ai trouvé un emploi dans le mois qui a suivi la parution des résultats du concours. Dans la fonction publique territoriale, les admis aux concours sont inscrits sur une liste d’aptitude mais c’est à eux de rechercher leur poste, comme dans le privé, en répondant aux annonces des collectivités, en envoyant des candidatures, et en passant des entretiens. Pour ma part, j’ai candidaté spontanément à Chatou. L’association du départ en retraite de l’ancien directeur et de l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale a favorisé mon recrutement au mois de mai 2008.

Quels sont les éléments de votre formation à Sciences Po qui vont ont particulièrement aidé lors de vos entretiens pour un premier travail, juste après l’obtention de votre diplôme?

La question peut être comprise de deux façons : il peut s’agir des éléments de la formation à Sciences Po considérés comme des atouts par le recruteur ou de ceux qui m’ont personnellement aidés dans le cadre de ces entretiens.

Durant mon entretien de recrutement au Conseil régional, juste après l’obtention de mon diplôme, il m’a semblé que la responsable était particulièrement sensible à la garantie que constituait « l’étiquette » Sciences Po : garantie d’avoir affaire à quelqu’un qui avait une capacité à comprendre rapidement, à travailler vite et bien, à s’adapter facilement à différentes missions. Je pense que cela comptait plus que le contenu des enseignements reçus à Sciences Po à proprement parler (je n’ai jamais eu de questions à ce sujet…). Sinon, je pense que le fait d’avoir déjà accompli un stage dans le cadre du Master (et également d’avoir fait un projet collectif directement lié aux collectivités) ont montré que je n’étais pas « déconnectée » du monde professionnel …et que j’étais réellement motivée par le poste auquel je candidatais !

Sinon, de mon point de vue, l’élément issu de Sciences Po qui m’a le plus aidée à passer ces entretiens est sans conteste l’entraînement régulier à s’exprimer en public en temps limité (les exposés de 10 minutes…). Il s’agit d’un exercice difficile, exigeant esprit de synthèse, clarté et maîtrise de soi auquel j’ai apprécié d’avoir été autant entraînée durant mes deux années à Sciences Po. J’ai également bénéficié d’un atelier utile dans le cadre Sciences Po Avenir (sur le CV, la lettre de motivation et l’entretien de recrutement). L’association des Anciens m’a également été d’une très bonne aide (précision de mon projet professionnel, ateliers de qualité…).

Inversement, des points spécifiques relatifs à la formation que vous avez reçue à Sciences Po, vous ont-ils été reprochés au cours des différents entretiens que vous avez passés?

Non, pas de reproches à ce sujet.

Présentation du métier

Que jugez-vous être les atouts de votre formation à Sciences Po dans le cadre du métier que vous exercez actuellement?

Je pense qu’en tant que cadre territorial, ce qui me sert le plus dans mon métier est, d’une part, la capacité à analyser et synthétiser rapidement des situations (ou des problèmes) afin de proposer, de façon structurée, différentes solutions/ ou décisions possibles (sous forme de note notamment). D’autre part, je vérifie encore aujourd’hui l’utilité de savoir m’exprimer à l’oral devant un public et d’organiser mon discours pour qu’il soit clair et synthétique.

J’ajouterai aussi que les enseignements que j’ai reçus en droit public et dans les cours spécifiquement dédiés aux collectivités locales (cours donnés par des enseignants eux-mêmes cadres en collectivités) m’ont été très utiles dès ma prise poste : j’ai compris très vite le fonctionnement de la collectivité et de ses partenaires, publics et privés. Ces enseignements continuent d’ailleurs à m’être utiles dans la mesure où ils me donnent des clés pour comprendre les évolutions politiques et réglementaires dans un contexte plus global.

Quels sont les éventuels manques de cette formation en ce qui concerne votre métier ?

J’aurais peut-être aimé approfondir certains sujets évoqués très vite durant le master (par exemple le droit des collectivités, les partenariats Etat/collectivités sur certaines compétences partagées, ou sur le fonctionnement des chambres consulaires…) Mais était-ce possible en 3 semestres de cours, et n’y a-t-il pas, de toute façon, un apprentissage « sur le tas » à acquérir une fois en poste, en fonction des spécificités du secteur où l’on travaille ??

Perspectives

Quels sont les éléments de la formation qui, selon vous, pourraient être améliorés afin de mieux correspondre aux attentes des recruteurs sur le marché actuel?

Je pense que la formation offerte par Sciences Po correspond déjà très bien aux exigences des recruteurs actuels. S’il y avait une amélioration à faire : accentuer l’aspect « pré-professionnalisation », par le biais de stages bien entendu, mais aussi de contacts nombreux avec les professionnels du secteur (profs mais aussi intervenants extérieurs, anciens venant témoigner lors de rencontres etc…). Les recruteurs actuels ne cherchent pas des étudiants bardés de connaissances mais de jeunes professionnels, déjà en prise avec le monde du travail et motivés par un métier.

Jugez-vous qu’une formation complémentaire soit nécessaire après ou en parallèle de Sciences Po?

Tout dépend de ce que l’on souhaite faire ! Je pense qu’une spécialisation par la voie universitaire, une autre école ou une expérience professionnelle spécifique peut être un atout non négligeable car elle atténue l’aspect relativement généraliste et pluridisciplinaire de Sciences Po, démontre une réelle motivation pour un métier, et l’existence d’un projet professionnel précis. Après, il ne faut pas non plus tomber dans la surenchère : être surdiplômé n’est pas forcément un atout pour rentrer sur le marché du travail. Mieux vaut dans ce cas miser sur une expérience professionnelle supplémentaire (stage ou CDD), qui sera à coup sûr valorisée par le recruteur.

Réseau Sciences Po

Vous est-il déjà arrivé de faire jouer le réseau Sciences Po pour obtenir un poste ?

Pas pour obtenir un poste mais pour obtenir des informations sur des métiers, des collectivités, l’existence ou non de postes vacants. La démarche n’allait pas de soi pour moi, mais après avoir suivi l’atelier « Réseau » de l’association des anciens de Sciences Po, j’ai compris comment m’y prendre et la légitimité de la démarche de renseignement auprès des anciens, ce qui est très différent du « piston » ! Cela dit, il n’y avait aucun Sciences Po là où j’ai été recrutée !

Seriez-vous prêt(e) à le faire jouer ?

Pas pour obtenir un poste. Je pense que l’on doit être recruté pour ses compétences, sa valeur, sa motivation, pas parce qu’on a des relations.

Pensez-vous que l’on puisse parler de solidarité entre les anciens Sciences Po ?

Oui, réellement. J’ai toujours été très bien reçue par les anciens que j’ai contactés pour les interroger sur leur métier, leur parcours, leur collectivité… On sent qu’une culture commune existe, une proximité, qui facilite les échanges et l’entraide des anciens vis-à-vis des novices. Au-delà des conseils qu’ils ont pu me donner, certains ont été très amicaux et nous sommes restés en contact.