La semaine du cinéma : un programme alléchant

Le 7ème art est mis à l’honneur cette semaine à Sciences Po, avec un événement devenu désormais incontournable dans la vie artistique de l’école. Pour la troisième année consécutive, le BDA organise la Semaine du Cinéma. Vous pourrez ainsi profiter d’un cycle de rétrospectives de 7 films, mais aussi une conférence, une avant première et de nombreux autres évènements autour du cinéma. Focus sur l’organisation et le déroulement d’un projet cinéphile et ambitieux.

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La Semaine du Cinéma, c’est d’abord une équipe qui a commencé à se constituer en juin 2012 et travaille avec acharnement depuis le début de l’année. Indépendante du ciné-club cette année, l’équipe a été recrutée sur entretien et lettre de motivation, le but étant d’éviter le projet « entre potes » comme l’explique Coline Aymard, 4A responsable de l’événement. Une fois l’équipe constituée, c’est le choix difficile et délicat du thème qui a dû être fait. La première édition avait mis le festival de Cannes à l’honneur, la deuxième les « premiers films », et cette année c’est sur le thème « Transgressions » qu’ont été choisis les films projetés. Un thème pas forcément facile d’accès, qui peut paraître restreint, mais que l’équipe a voulu ouvert, permettant un choix large. Coline Aymard insiste sur ce point : le thème doit être compris dans un sens large, les films choisis pouvant être transgressifs dans les thèmes qu’ils abordent, mais aussi dans les procédés cinématographiques qu’ils utilisent. Transgression sur le fond comme sur la forme donc.

Les choix des films ont d’ailleurs été l’objet de nombreux dilemmes et hésitations. Choisir des films peu connus et peu sortis en salle en France et risquer l’accusation d’élitisme ou bien des films plus accessibles et grand public mais s’éloignant du projet d’être un véritable festival de cinéma ? Finalement, l’équipe a opté pour un mélange. On pourra ainsi assister à la projection du « Septième Continent », premier film du lauréat de la Palme d’Or 2012 Michel Haneke, « La mauvaise éducation » du célèbre réalisateur espagnol Pedro Almodovar ou encore « Hiroshima mon amour », film franco-japonais d’Alain Resnais. Dans des registres moins connus, la Semaine du Cinéma propose le transgressif « Dernier Tango à Paris » de l’italien Bernardo Bertolucci ou encore l’original et belge « C’est arrivé près de chez vous ». Il y en a donc pour tous les goûts, et tous les publics.

Mais la Semaine du Cinéma ne se résume pas au cycle de rétrospectives et de projections. La soirée de lancement du 12 février sous forme d’une projection puis d’un café-concert en partenariat avec MusicActuelles a inauguré une série d’évènements (un par jour) autour du cinéma. Parmi les innovations de cette année, la Semaine du Cinéma propose lundi le vernissage de l’exposition Maurice Pialat en partenariat avec la Cinémathèque au 13U. Autre innovation : la projection mystère de mercredi avec des indices disséminés dès lundi qui feront gagner à ceux qui trouvent le nom du film des places pour l’exposition de la cinémathèque. Vous pourrez également assister à une conférence sur le thème « Le cinéma peut-il changer les mœurs ? » en présence notamment d’Eric Toledano réalisateur d’ «Intouchables », de Yolande Zauberman réalisatrice du documentaire « Would you have sex with an arab ? » et de l’historien Jean-Michel Frodon. Les différents intervenants s’interrogeront donc sur le rôle du cinéma comme révélateur et facteur d’évolution de la société dans une conférence volontairement portée sur un thème sociétal plutôt que technique.
Mercredi soir, c’est le « gros risque de la semaine » selon les mots de la responsable, avec l’avant-première de « Notre Monde » de Thomas Lacoste, documentaire s’inscrivant dans un cinéma innovateur qui s’interroge sur les façons de faire de la politique aujourd’hui. L’équipe a trouvé le thème particulièrement adapté à Sciences Po et le format innovant et intéressant : le réalisateur a interrogé 35 intervenants (juristes, historiens, sociologues…) avec comme fil directeur une adaptation du Prix Goncourt 2009 « Trois femmes puissantes » de Marie Ndiaye. Originalité supplémentaire, toutes les avant-premières, celle à Sciences-Po incluse, sont suivies d’un débat filmé avec les intervenants pouvant être intégré au film au fur et à mesure. Un pari ambitieux qui sort de l’ordinaire pour cette avant-première.

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Un partenariat avec l’association Noise a également permis de mettre en place la master-class de jeudi en présence de Kim Chapiron, réalisateur et fondateur du collectif KOURTRAJME, de Ladj Ly et de Mohamed Mazouz, membre du groupe la Caution. Sous un format plus interactif et moins formel qu’une conférence, cette master-class proposera une discussion autour de l’histoire et des projets du collectif, au rythme de la projection de ses courts-métrages les plus emblématiques.

Enfin, la remise des prix des deux concours de la semaine, suivie d’un cocktail, clôtureront cette semaine. Le concours de scénarios réunit un jury prestigieux composé entre autres de Marina Fois, David Foenkinos ou Olias Barco, qui récompensera un des scénarios présélectionnés et permettra à son auteur de réaliser le film qu’il a écrit. Le concours de courts-métrages jugé par Radu Milhaileanu, Isild le Besco ou encore Mathieu Demy désignera trois gagnants parmi les 10 films retenus qui se verront diffusés dans des cinémas parisiens. Autre innovation de cette édition, le prix du public permettra aux élèves de voter sur internet pour leur film favori.

La Semaine du Cinéma tend donc à devenir « un événement majeur et pérenne » dans la vie associative et artistique de Sciences Po, au même titre que la Semaine des Arts par exemple, comme l’explique Coline Aymard. Pour cette troisième édition en tout cas, c’est une semaine riche en événements variés, gratuits et ouverts au public extérieur que propose le BDA, où les cinéphiles les plus pointus comme les spectateurs du dimanche devraient trouver leur bonheur.