Asso #1 : L Pense Liberal

Chaque année, toutes les associations, anciennes et nouvelles de Sciences-Po s’assoient au 13U pendant des jours, sans dormir, sans manger, réservant toutes leurs forces pour la confection de gâteaux à distribuer et tout ça pour obtenir LES 120 votes. Mais pourquoi un tel acharnement ? Et bien parce que ces 120 votes leur permettront de demander des subventions à l’administration et d’être crédible auprès des sponsors, bref, de ramasser du péz’.

En plus des associations déjà présentes et qui s’appuient sur leur bilan et sur leur insertion dans l’école, certains fous furieux passent leurs vacances et parfois leur 3A à réfléchir sur une idée, un projet dingo qui lancera leur association et la fera détrôner le Centre Saint Guillaume, ce pilier de la vie associative. Et si votre premier vote ira sans hésitation à votre journal préféré, il faut maintenant vous interroger sur le projet qui vous plaira le plus et sans lequel vous n’imagineriez même pas continuer vos études à Sciences-Po.

Aussi, dans son dévouement infini et son fairplay inégalé, La Péniche vous propose un tour de table des nouvelles associations tout au long de la campagne, avec aujourd’hui : L Think Liberal.

Image : L Think Liberal
Image : L Think Liberal

La création de ce cercle de réflexion vient d’un constat simple, il n’y a pas de pensée libérale claire au sein des mouvements politiques français et par extension, les étudiants de Sciences-Po seraient mal informés sur le sujet. Ainsi, les membres de l’association revendiquent des points communs autant avec le Front de Gauche que l’UDI ou l’UMP. Ils souhaitent donc s’écarter des partis pour rester pédagogues et faire connaître cette école de pensée, le libéralisme classique, au sein de l’IEP. Pour cela, ils se fixent l’objectif d’organiser des conférences et des débats tout en maintenant une publication régulière d’articles sur leur site lthinkliberal.org.

Un Etat régulateur…

Si les points de vue divergent quelque peu au sein du think tank, tous citent avec passion Hayek, Friedman, Smith, Bastiat et j’en passe. Persuadés de la supériorité du privé sur le public, ils en appellent à un Etat régulateur qui n’utiliserait que la justice pour intervenir dans la société. Le but serait de créer un tapis stable permettant la concurrence loyale et le respect des droits sur lequel les entreprises et les acteurs évolueraient rapidement pour s’adapter au monde et surtout au marché. Pour certains par exemple, il ne faudrait pas de réglementation bancaire avec des subventions en cas de faillite mais des lois encadrant les actifs et les passifs des banques ainsi que la séparation entre investissement et dépôt de manière à empêcher le « too big to fail ».

Contre « l’Etat mammouth »

Le mouvement se prétend également doué d’une vision sociale plus efficace que « l’Etat mammouth » grâce à l’idée de la réduction des charges et des impôts, ce qui améliorerait le pouvoir d’achat et (donc ?) la vie des pauvres. Evidemment, cela s’accompagnerait d’une réduction des dépenses qui se borneraient à la justice, la police et la défense. Un filet de sécurité serait donc mis en place dans les domaines de l’éducation et de la santé, remplaçant l’aide égale pour tous. Ainsi, au lieu de payer directement les écoles, l’Etat subventionnerait les parents qui choisiraient dans quelle école payante mettre leur enfant avec pour but d’introduire l’idée de compétition dans le système éducatif pour le rendre plus efficace. La même idée se retrouve dans la manière de penser la santé avec en plus, l’idée de choisir la prévention plutôt que la guérison, en d’autres mots, combattre la misère sociale plutôt que la maladie. Et, comme celle ci disparaîtra à coup sur dans un marché libre, les dépenses de santé seront logiquement radicalement réduites.

Libéralisme et société 

Au delà de l’économie, L Think Liberal cherche à répandre le libéralisme sur les questions de société. L’Etat devrait perdre sa fonction moralisatrice et laisser ces questions à l’individu et à ses choix. Par exemple, le mariage institutionnalisé devrait disparaître et par extension, le mariage gay n’a pas à être réglementé. La légalisation du cannabis et, pour certains de toutes les drogues, est également une question obsolète. Bref, tout ce qui entrave le panel de choix de l’individu doit sortir des compétences étatiques.

La fin de l’exception culturelle

Autre idée que le groupe cherche à introduire à Sciences-Po, c’est la fin de « l’exception culturelle », c’est à dire la subvention de la culture par l’Etat. Le principe est simple, si les Français aiment Camping, ils achèteront leur place de cinéma, le DVD, les produits dérivés et ainsi le coût du film sera remboursé sans avoir besoin de l’aide de l’Etat. Quant aux films d’auteurs, puisque qu’ils n’intéressent qu’une minorité, ce n’est pas à la population entière de participer à leur production. Si le principe paraît logique et égalitaire, il oublie une chose, c’est qu’en moyenne en France, il n’y a qu’un seul film par an qui finit par être rentable. Quant aux mécènes, ils sont rares à posséder les moyens suffisants pour financer un film entier, et quand ils les ont, ils ont intérêt à choisir un film rentable pour pouvoir continuer leur activité de mécénat. Ainsi, à long terme, il n’y aurait plus qu’un ou deux films français qui seraient produit chaque année, sans compter que, privé du cinéma avant-gardiste « que personne ne va voir », il y a très peu de chance que ce film rentable n’aboutisse, faute d’idées nouvelles, de diversité parmi les professionnels du cinéma et donc de choix. A cela, L Think Liberal répond que si le cinéma français a besoin de subventions, c’est qu’il est voué à disparaître car après tout, Victor Hugo n’avait pas de subventions…

 

Vous l’aurez compris, le choix est au cœur de la pensée de L Think Liberal. Tandis que certains défendent le choix individuel de la répartition personnalisée de ses impôts, d’autres aimeraient voir disparaître l’âge légal de retraite pour permettre à chacun de travailler autant de temps qu’il le veut, tout en gardant en tête les conséquences des ses actes notamment en termes de pensions. La régulation des activités doit se limiter aux activités communes, tel que le droit du travail, de l’entreprise ou du secteur financier et tout cela en essayant de réduire au maximum les impôts.

Si le groupe est plein d’idées, le but de l’association reste bien plus de poser des questions et d’interpeller que de réellement changer la société. Pas de programme défini, pas d’ambition politique, c’est vraiment dans une volonté pédagogique que ce cercle veut s’implanter à Sciences-Po. Et, bien que se présentant comme hétérogène, il faut avouer que vous aurez du mal à vous intégrer dans l’association si vous venez des MJS, mais vous pourrez toujours venir aux débats qu’ils souhaitent organiser et lutter pendant des heures entières pour défendre le SMIC. Après tout, vous avez le choix.

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